Musique - Guns N' Roses - Chinese Democracy (2008)

15 ans ! Il a fallu attendre 15 ans pour entendre un nouveau disque badgé « Guns N’ Roses ». Mais il n’est pas question d’aborder une telle œuvre comme n’importe quel album après une telle implication.

A l’origine de ce groupe, nous avons les LA. Guns et Hollywood Roses, deux groupes glam de Los Angeles. Le premier comprend Tracii Guns à la guitare, Ole Breich à la basse, et Rob Gardner à la batterie, tandis que le second accueille Axl Rose au chant et Izzy Stradlin à la guitare rythmique. La mésentente entre Tracii Guns et Axl Rose conduira le premier à quitter cette nouvelle entité et poursuivre l’aventure LA Guns. C’est Slash qui remplace Tracii et Duff Mc Kagan remplace Ole Breich. Dernier changement de formation avant un départ en tournée puisque Steven Adler prend le poste de batteur. En 1985, le hard US fonctionne tellement bien que les majors signent beaucoup de nouveaux groupes. Geffen records repère vite ce groupe à la forte personnalité. Après un premier EP en 86, ils sortent l’album Appetite for Destruction en 1987 qui fait l’effet d’une bombe. Le single «Welcome to the jungle» inonde ondes et écrans. Le groupe a donc la chance de se faire rapidement un nom et en 1988 ils participent au Monsters of Rock de Castle Donnington. La foule trop nombreuse devient incontrôlable et le concert laisse deux morts. La presse reprochera longtemps cet évènement au groupe. L’album GN’R Lies suit en 1988 avec presque autant de succès.

Steven Adler, en proie à des problèmes de drogue est remplacé par Matt Sorum, ex Cult. Le groupe prépare un double album avec le support d’un clavier, Dizzy Reed. Il ne sort qu’en 1991 sous le nom de Use your Illusion réparti en 2 volumes vendus séparément. Musicalement, on s’éloigne du Hard Rock des débuts avec des reprises et des mélodies plus pop (pour les puristes), blues avec également des parties plus symphoniques. Plus accessible que d’autres groupes typés hard, le succès est phénoménal. Pendant la tournée qui suit, les tensions et les personnalités fortes provoquent le départ d’Izzy Stradlin, Gilby Clarke prenant sa place.

La descente aux enfers commence alors avec d’abord un album de reprise, The Spaghetti Incident ? en 1993 et qui sera froidement accueilli puis avec les frasques des membres et les projets parallèles. Axl Rose semble de plus en plus invivable pour les autres membres. Il s’approprie le nom du groupe ce qui pousse Slash, Gilby et Matt à poursuivre leur carrière ailleurs. Ce sera le début de l’aventure Velvet Revolver pour Matt, Slash et Duff. Et pourtant, en 2006, alors qu’une série de concert est prévue avec une autre formation, Axl annonce la sortie prochaine d’un nouvel album. Les rumeurs sont nombreuses et des démos circulent même sur le net. La date de sortie est sans cesse repoussée pour finalement le 23 Novembre 2008.

L’intro du premier morceau éponyme fixe parfaitement l’ambiance. On y retrouve une superposition de voix et de musique ambiante et atmosphérique jusqu’à l’explosion du riff. Axl pose sa voix si particulière sur un pur morceau de Hard Rock moderne. Pas moins de 5 guitaristes sont crédités sur ce morceau qui est produit par Axl à l’image de l’album. Mais si les riffs sont brutaux, les solos se superposent avec précision sur de nombreux détails sonores. Pas de surproduction ici mais juste une œuvre qui se veut ambitieuse. Autant dire que chaque écoute attentive recèle de nouvelles surprises. «Shackler’s Revenge» change de tonalité avec un riff d’intro sonnant comme un buzz d’alarme. On trouve un coté plus Indus dans ce morceau avec des changements rythmiques appuyés par la batterie de Brain (c’était Franck Ferrer sur le premier morceau). Les solos de guitare sont évidemment bien différents de ceux de Slash mais ne perdent rien en feeling ou en agressivité selon les moments. L’intro de «Better» marque une pause par sa douceur et son tempo plus lent. Mais c’est la voix d’Axl qui s’exprime mieux alors avec cette rage et cette souffrance que l’on sent à chaque phrase. On entend les chœurs de Dizzy Reed, Tommy Stinson et Chris Pitman sur le refrain. Le break de guitare s’éloigne de la douceur du début pour souligner la rage du chanteur. La vraie rupture se fait avec «Street of Dreams» dont l’intro au piano et aux violons avec un riff de guitare discret n’est pas sans rappeler certains accents de Queen . Si le morceau joue sur la légèreté et la mélodie il ne prend son envol qu’avec la partie symphonique de la fin. On retrouve plus d’originalité dans l’intro acoustique de «If The World» où le groove funky se mêle avec bonheur à la voix claire et aiguë d’Axl. On retrouve encore un solo finement ciselé.

Vient alors un des morceaux phare de l’album : «There was a time». On y retrouve même Axl crédité à la guitare tandis que Buckethead assure les solos avec Robin Fink. Entre solos et parties symphoniques, le morceau fait étalage d’une production de haute volée. La petite boite à musique du début rappelle l’enfance tandis que les violons donnent un coté nostalgique jusqu’à ce que des riffs rageurs viennent ponctuer le refrain. Axl n’en fait pas trop dans les vibratos, parfaitement à l’aise dans l’émotion. Après un tel sommet, il est dommage que «Catcher in the rye» enchaîne. Morceau mid tempo, les couplets sont assez banals, et on se prend à penser à du Robbie Williams, si ce n’étaient la présence de quelques solis plus typés hard. On peut-être surpris par l’intro vocal de «Scraped» mais on retrouve un peu de la violence d’ « Appetite for destruction ». «Riad N’ the bedouins» nous parle de la guerre d’Irak et la voix d’Axl est particulièrement appropriée à ce texte. Le morceau est particulièrement catchy que cela soit par les couplets pêchus que par le refrain que l’on se surprend à reprendre en chœur. «Sorry» est une balade classique qui prouve qu’Axl sait aussi chanter en sobriété, jouant sur ses possibilités vocales pour faire passer de l’émotion. Le refrain est d’ailleurs très prenant, malgré sa simplicité. «I.R.S.» est plus typique de GN’R par les solos et la voix d’Axl. Au contraire, «Madagascar» arrive avec une intro symphonique aux cuivres et une rythmique de batterie presque typée Rythm’n blues. On retrouve le sample du fameux discours de Martin Luther King et cela sans que le morceau en paraisse étrange ou amputé. «This I Love» joue plus sur la corde sensible avec un Axl que l’on sent à fleur de peau. Sa voix peut en rebuter certains mais l’émotion transparaît dans ces 5 minutes 34 au piano et le solo répond parfaitement à cette ambiance. Il est presque dommage de terminer par un morceau comme «Prostitute» après tant de variété. La rythmique est encore plus typée hip hop sur les couplets, mais les refrains valent le détour avec le support de l’orchestre de Marco Beltrami. Mais finalement, le morceau résume bien un album polymorphe, ni vraiment hard, ni vraiment rock et certainement pas pop. Il se termine tout en ambiance, comme l’album avait commencé, comme pour nous réinviter à l’écouter à nouveau.

Voilà en effet un album qui ne se laisse pas capturer facilement et qui peut même rebuter à la première écoute. Ce n’est pas un hasard si cette chronique est si tardive. L’écoute dans de bonnes conditions acoustiques est impérative et les morceaux se prêtent mal à la compression destructive pour mettre sur son baladeur numérique. Quant à l’avenir des Guns N’ Roses, plus Roses que jamais, qui pourra nous le dire…. ?

En video : video

Membres : Axl Rose, Robin Finck, Buckethead, Richard Fortus, Ron Thal, Tommy Stinson, Dizzy Reed, Chris Pitman, Frank Ferrer, “Brain”, …

  1. Chinese Democracy
  2. Shackler’S Revenge
  3. Better
  4. Street Of Dreams
  5. If The World
  6. There Was A Time
  7. Catcher In The Rye
  8. Scraped
  9. Riad N’ The Bedouins
  10. Sorry
  11. I.R.S.
  12. Madagascar
  13. This I Love
  14. Prostitute

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Ecrit le : 08/04/2009
Categorie : musique
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