Littérature - La Valse sans fin de Mayumi Inaba (2019)

On va encore me répondre que je n’aime que les sujets tristes et dramatiques. Comme les grands films et grandes chansons, il y a souvent un drame dans les grandes histoires. L’écrivaine japonaise Mayumi Inaba nous emmène dans les années 70 pour suivre un couple.

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Dès l’introduction, le.la lecteur.rice est au courant du drame : La mort de Abe Kaoru par overdose. Il laisse Suzuki Izumi dans le chagrin. Elle va nous raconter d’abord sa vie avant la rencontre de son amant, son mari, le père de sa fille. C’est l’histoire d’une romance autodestructrice chez une personne qui fuit aussi son passé. Sur fond de drogue, de musique pop et jazz, le.la lecteur.rice est entrainé lui-même dans cette spirale.

Sur la couverture, on nous parle de Kurt Cobain et Courtney Love pour vendre ce livre. Mouais…Il est musicien et elle est écrivaine, ex actrice porno, mannequin de charme. Le parallèle ne tient pas totalement à part l’extrémisme de Kaoru avec sa musique. Son jazz est destructuré, sans mélodie, dans l’improvisation et la recherche des notes parfaites. Il est vu comme génie par certains, mais est surtout totalement imprévisible, annulant des concerts, partant au milieu d’une prestation. Sa rencontre avec Izumi semble le poser un temps avant d’entraîner celle-ci encore plus bas qu’elle n’était. Car Izumi est dans l’éphémère, autant dans sa consommation de drogue que dans ses pratiques sexuelles, sa vie quotidienne. Elle se cherche des buts qu’elle ne trouve jamais. Kaoru est plus un double qu’elle ne voudrait pas voir et c’est ce qui la pousse à changer. Et cette histoire est vraie, autant que l’était celle de Cobain et Love.

Cette romance est décrite (et traduite par Elizabeth Suetsugu) avec un style haletant, prenant qui fait prendre conscience de l’urgence, de l’instabilité. Nous devenons Izumi Suzuki. Si on peut avoir du mal à entrer dans l’histoire dans les premières pages, il y a ce besoin de connaître la suite, de descendre un peu plus bas dans cette spirale que l’on sait déjà tragique. Et puis je parlais de romance autodestructrice. Il y a la violence, celle des coups que reçoit Izumi que l’on voudrait protéger de Kaoru, d’elle même….tout en tentant de sortir ce couple de cette dérive. La musique de Kaoru est extrême, sa vie aussi, comme l’était d’une autre manière celle d’Izumi. Cela devient alors le parcours d’une femme battue, comme tant d’autres femmes dans le même cas avec ce basculement entre amour et haine, cette peur de partir, l’inconnu du lendemain, à moins de trouver l’épaule pour se confier. Le roman a presque alors deux facettes : Une vie de rock’n roll stars et un destin de femme battue.

Vous comprendrez que malgré la dureté de cette histoire, ma méconnaissance des héros réels, je suis resté marqué par ce livre. J’espère qu’il parlera à d’autres de la même manière qu’il a pu me parler, pour diverses raisons d’ailleurs. Et puis comme l’auteure est amatrice de chats….Mais ça, c’est une toute autre histoire.


Ecrit le : 15/07/2020
Categorie : litterature
Tags : japon,littérature,musique,drogue,suicide,2010s

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