Littérature - La Papeterie tsubaki de Ito Ogawa (2021)

Ce roman d’une autrice japonaise ne paye pas de mine (sans jeu de mot) mais a ce petit quelque-chose de captivant pour qui dépasse les apparences. Car au départ, ce n’est que la vie d’une jeune écrivain-public dans une petite ville portuaire.

Alors c’est vrai, j’entretiens une passion pour ce pays et je me suis retrouvé vite plongé dans l’ambiance de cette ville de Kamakura, non loin de Tokyo. La jeune Hatoko, dite Poppo, reprend la boutique de sa grand-mère. C’est une papeterie mais aussi le lieu où l’on fait écrire des lettres et missives dans des occasions très diverses. Hatoko a appris longuement quand elle était petite avant de s’éloigner de la rigueur de son “ainée”. Mais quand elle hérite de la boutique, il lui semble naturel de reprendre l’activité et de redécouvrir la ville de sa naissance.

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C’est alors une galerie de personnages qui se succèdent avec des histoires du quotidien. Mais Ito Ogawa raconte cela si bien que l’on s’attache à ces moments, ces personnages, ces lieux. Il y a déjà la codification de ces courriers où, dans un esprit très japonais, tout est poussé à l’extrême, visant la perfection et recherchant le moindre détail. Il faut observer les “clients”, les connaître, apprendre leur histoire autour de ce qu’ils veulent. Les lettres sont retranscrites en Kanjis, Katakanas ou Hirakanas, les différents systèmes d’écriture. Il faut le bon papier, la bonne enveloppe, et surtout le bon outil, entre la plume, le stylo, la pointe, etc… Jusqu’au choix de l’encre et sa manière de vieillir. Tout cela pourrait être rébarbatif mais c’est fascinant.

En plus de tout cela, les gourmets en auront pour leurs frais. Notre héroïne nous parle de ces petites douceurs qu’elle offre parfois à sa voisine, à ses clients avec le traditionnel thé. Elle va s’aérer et découvrir de nouveaux restaurants, des endroits où trouver aussi l’inspiration lorsque les notes de sa grand mère ne suffisent pas. Le livre est chapitré en 4 saisons, chacune apportant sa particularité. Il y a donc un an de vie dans ces 400 pages éditées chez le spécialiste de la littérature japonaise, Philippe Picquier. Je me suis demandé pourquoi en n’ayant pas forcément de but dans la narration, le lecteur se retrouve à lire la suite avec envie? Sans doute parce que l’on voit notre héroïne évoluer avec le temps, avec l’expérience. Parce qu’on se demande de l’effet de ces lettres ? Parce qu’on parle de l’évolution du courrier, des mœurs aussi à travers cette jeune femme ? Plus la lecture avance, plus je me suis intéressé aux à-cotés.

Je me disais que j’étais peut-être un peu seul à aimer ce livre. Apparemment il n’en est rien, à moins que cela touche tout simplement les amoureux des mots et de l’écriture. Et par la magie d’une bonne traduction, ces mots ont traversé des milliers de kilomètres.


Ecrit le : 16/12/2021
Categorie : litterature
Tags : litterature,japon,roman,2020s

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