Musique - Stubborn Trees - The stronger the wind... (2024)
Rares sont les groupes étiquetés Rock en France à passer à travers les fourches de la critique des fans du genre. Stubborn Trees affiche le slogan “Rock Durable” sur son site et c’est tout le mal qu’on puisse leur souhaiter après cet 1er album.
Le groupe a fait le parcours classique : 2 EP, dont le premier revendiquait des influences variées comme Nirvana, Silverchair, Pixies, Highly Suspect, Filter, Stuck in The Sound. Voilà qui n’est pas pour déplaire. Mais si Rolling Stone, Rock & Folk ne les ont pas massacré, on peut toujours se méfier des avis de cette intelligentsia du rock. La particularité du groupe est de maîtriser pratiquement toute la chaîne de production (composition, production, clips, pochette…) et d’avoir deux identités vocales distinctes avec la chanteuse Laurie Prévot (également bassiste et guitariste) et le chanteur Yann Elouet (idem). Et c’est ce qui fait justement sortir le groupe des sentiers battus du rock grunge ou hard. Après les deux premiers EP, ils ont confié la destinée de leur premier album au mixage d’un certain Fred Duquesne, accessoirement guitariste de Mass Hysteria, la masterisation étant confié à un studio déjà bien connu dans le milieu (Ultra vomit, Tagada Jones, Jabberwocky, Mass Hysteria, etc…). Les bonnes fées s’étant penchées sur ce premier opus, restait à l’écouter.
Ils revendiquent d’ “avancer, ne rien regretter, vivre l’instant présent ou les questionnements sur notre environnement et le monde.” Et c’est effectivement un album qui envoi et avance à bon rythme. Après une introduction très mélodique avec duo de guitare et batterie et envolées dans les aiguës, on envoie d’entrée du lourd avec “The Rain” qui n’est pas sans me rappeler le meilleur d’Audrey Horne, le groupe de Bergen (Norvège). Grosse rythmique, chant très assuré, riffs qui tuent, Oh oh, break…. Du tout bon avec Yann au chant. La tension ne retombe pas avec “Step Down” là encore avec un refrain catchy, une bonne production. On en redemande… sauf que ça se calme un peu avec “Yeah Eh” qui donne un coté un peu sleaze à l’ensemble dans le sens où il y a un touche punk dans un son hard très 80-90s. Et si pour l’instant Laurie assurait les chœurs, la voilà au premier plan dans “Dust”. Quelques aigus et effets pour une rupture un peu plus pop en apparence mais qui s’insère parfaitement dans l’album avec un son plus acoustique, mais un refrain toujours aussi catchy. Pause rythmique de courte durée puisque Yann nous crie Get up! dans “Try again”…Encore une réussite mélodique et une rythmique qui ne retombe pas, la basse ronronnant joyeusement.
On revient sur des basiques très rock avec “Cut the crap” avec là encore la basse de Laurie très présente derrière les riffs. Une petite touche rétro qui fait plaisir. Mais soudain… des sirènes !! Que se passe-t-il, faudra-t-il appeler la Firehouse ? Cette fois c’est bien les deux voix qui sont mises en avant sur un titre qui manque pourtant d’un refrain aussi accrocheur que les précédents ou d’un son plus rageur. En effet, on est un peu plus pop cette fois mais c’est aussi ce qui fait la particularité de ce groupe tout terrain. Pourtant les cris de Yann résonnent avec des accents Metal. A creuser ? Deuxième pause rythmique avec l’intro acoustique de “Who you are” et la jolie voix de Laurie. Le morceau monte crescendo “You can’t go back”….belle production là encore avec les jolies arpèges de guitare en fond de rythmique. Mais l’heure tourne…et après les tic-tacs d’horloge, on a du gros riff sur “Give me time”. A-t-on encore le temps sur cette planète pour des stupidités ? On aimerait… le morceau est plus power pop très 2000s mais ça le fait très bien dans des sonorités nu-rock. Et pour conclure, “Losing my way” parle justement de la fin…mais pas celle de l’album. On perd parfois le fil d’une relation, d’une vie. Une ballade assez classique mais bien réalisée, avec le coté nostalgique et le son suffisamment heavy pour rester dans la tonalité. On n’a alors qu’une envie : appuyer sur “Loop all tracks” pour réécouter encore et encore ce très bon album.
Voilà qui ouvre bien l’année 2025 (même s’il est sorti en fin 2024) et espérons que les bonnes critiques iront au délà de l’hexagone et même de l’Europe. Il y a bien coté rétro qui flatte les fans du genre tout en mettant de la modernité dans l’ensemble. Pour un groupe français, on ne ressent pas trop le défaut habituel de l’accent en anglais. Je pense qu’ils auraient pu aller un peu plus loin dans la production pour marquer un peu plus certaine rythmique mais c’est déjà du très haut niveau…Pas forcément besoin de traverser la Baltique ou l’Atlantique pour trouver les bons techniciens! Vivement la suite..