Musique - Nneka - No Longer at Ease (2008)

Parler de problèmes sociaux, politiques et raciaux et un exercice difficile en musique. Il pourrait paraître impossible de l’apporter dans d’autres styles que la folk, le hip hop …Mais la volonté peut renverser des montagnes. Nneka, une jeune chanteuse nigérienne, n’en manque pas.

Nneka nait métisse au Nigeria en 1981 et débarque en Allemagne à l’age de 20 ans avec déjà une expérience de chanteuse. Mais c’est pour étudier l’anthropologie qu’elle est là. Les hasards faisant parfois bien les choses, une des cassettes de la jeune chanteuse tombe dans les bonnes mains et sa carrière est lancée. Sa rencontre avec DJ Fahrot en 2003 est décisive. Son premier album Victim of Truth sort en 2005 et lui permet de se bâtir rapidement une solide réputation par sa voix et sa personnalité scénique que l’on compare déjà à Lauryn Hill.

Alors évidemment ce deuxième album était attendu au tournant. Autant le dire tout de suite, il ne déçoit pas. Il fait partie de ces albums inclassables, touchant à de nombreux styles musicaux. Ainsi il commence par de l’electro dub avec Death dont le titre annonce tout de suite la tonalité à la fois sombre et revendicative. Le son se rapproche de la trip-hop made in Bristol mais cela ne va pas durer. Aussitôt, nous embrayons avec un des petits chefs d’œuvre de l’album, «Heartbeat» . La voix de Nneka se fait instrument rythmique tout en balançant des paroles qui ne pourront que parler à certaines auditrices. Nous revenons à un son plus trip hop à nouveau pour le léger «Mind vs Heart». «Suffri» empreinte une rythmique plus chaloupée tout en gardant cette ambiance. Ce n’est qu’avec «Come with me» que l’on quitte l’electro pour un titre acoustique plus folk. Changement de style à nouveau pour «Gipsy» aux basses percutantes et plus proche du RnB. La voix très soul de Nneka magnifie ce morceau très fort. Mais dans Halfcast, elle nous parle de sa condition de femme métisse avec énergie et révolte sur un phrasé hip-hop. Le très reggae «Something to say» montre qu’elle est à l’aise dans tous les styles avec sa voix voilée, légère et énergique. Retour à la trip hop matinée pop dans le très «entrainant» Streets lack love. Son amour pour la soul s’exprime dans «Niger Delta» qui est aussi très marqué par les chants africains. Toujours l’Afrique dans «From Africa 2 U» qui est le seul titre non chanté en anglais. «Runnin away» est un titre lent entre soul et trip hop où sa voix excelle encore. «Focus» aborde un registre plus rock avec son intro en guitare électrique. Et on peut danser et reprendre les paroles en chœur sur l’énergisant «Kangpe». «Deadly Combination» n’est pas sans rappeler des titres rap US par son intro tandis que le refrain est plus electro dub. C’est donc un album hétéroclite et pourtant totalement homogène qui s’offre à nous. Nneka nous captive par sa voix, nous emmène dans son monde, un monde dur où elle lutte pour elle et ce qu’elle aime.

Au-delà de l’aspect musical de l’album, Nneka dénonce la situation de son pays, la condition des femmes au travers de textes habiles et intelligents. Une raison pour ne pas se laisser aller à l’inattention car l’album regorge de petits détails. Vivement un troisième album.

En vidéo : video

  1. Death
  2. Heartbeat
  3. Mind vs heart
  4. Suffri
  5. Come
  6. Gypsy
  7. Halfcast
  8. Something to say
  9. Streets lack love
  10. Niger Delta
  11. From Africa 2 U
  12. Running away
  13. Focus
  14. Kangpe
  15. Walking
  16. Deadly combination

cover


Ecrit le : 13/12/2008
Categorie : musique
Tags : musique,pop,world,2000s

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