Musique - Nolwenn Leroy – Histoires Naturelles (2008)

Rares sont les artistes issues des télé-crochets à avoir enregistré 2 albums. Nolwenn Leroy est une des exceptions et avec une telle voix, on pouvait s’attendre à une bonne surprise.

On sait que les premiers albums de ces chanteurs ne sont guère personnels et sont souvent même bâclés pour rentabiliser au plus vite le produit. Qu’en est il donc de ce second album énigmatiquement appelé «Histoires Naturelles» ?

L’histoire de cette jeune chanteuse commence artistiquement en 2003 lorsqu’elle remporte la seconde édition de la Star Academy. Pas évident d’être crédible avec l’image d’une émission pré-fabriquant des chanteurs débutants. Pourtant, il faut reconnaître qu’elle a du coffre, un grain de voix très personnel, pouvant aller aussi bien dans les graves que les aigus, avec autant de douceur que d’énergie. Le premier single, Cassé, se vend plutôt bien et l’album atteint de bons scores, lui permettant d’envisager l’avenir sereinement. Mais il est sombre, triste et ne correspond pas à la personnalité de Nolwenn. Elle a rencontré Laurent Voulzy sur l’émission et il lui a composé un titre pour son album. Mais pour le deuxième album, c’est carrément à la production qu’il se met, lui qui met tant de temps à sortir ses propres albums.

Et tout commence plutôt mal avec un «Nolwenn Ohwo» qui se veut ironique mais dont les paroles sombrent vite dans le ridicule. On reconnaît la patte du Voulzy des années 90 avec ses chœurs, ses effets démodés comme le manteau de Cassé. Seul le refrain est à sauver du fiasco d’un titre boursouflé, aux couplets binaires et fourre-tout. «L’enfant cerf-volant» revient à plus de simplicité, presque au style du premier album. Mais qu’est il arrivé à Nolwenn qui ne met aucun entrain dans ce qu’elle chante. Elle ne pousse pas la moindre seconde sa voix et on a l’impression que Voulzy ne veut surtout pas qu’elle soit une chanteuse à voix.

Alors après ce long moment d’ennui, on s’attend à quelque chose pour relever la sauce mais c’est à un titre acoustique guitare voix que l’on a droit, encore chanté tout en douceur par la Miss Leroy. Tout ce qui faisait sa particularité vocale a ainsi disparu. «Mon Ange» est un piano voix écrit par Nolwenn qui ne restera pas non plus dans les annales, mais qui montre plus d’implication dans sa voix. «Histoire Naturelle» arrive enfin avec plus d’originalité, et plus d’étendue vocale. Mais que tout paraît mollasson, comme si on avait bridé complètement une Ferrari pour ne la faire rouler qu’en ville. Déjà la moitié de l’album et en entendant la batterie plus présente de «Rien de mieux au monde», on s’attend à un titre plus pêchu : Gagné, Nolwenn donne enfin un peu de voix sur le refrain, mais quelle monotonie dans les couplets ! «Mystère» se perd dans des touches instrumentales subtiles pour oublier de faire chanter Nolwenn Leroy alors que ce morceau est sans doute un des meilleurs de l’album. Reste encore les paroles, peu inspirées, essayant de jouer sur la fibre ésotérique en citant toutes les références possibles dans le même titre. L’instrumental qui suit essaye de surfer sur cette ambiance. «Le rêve des filles» qu’a Nolwenn est bien monotone et aurait pu être chanté par Laurent Voulzy sans que l’on entende la différence. «Endormie», piano voix sympathique pourrait résumer l’album. «London Fantasy» est gâchée par des paroles adolescentes, alors que mélodiquement la chanson est très réussie. «Mélusine» revient à l’univers des fées et de la magie avec plus d’énergie et «J’aimais tant l’aimer» termine le calvaire vocal de Nolwenn dans une production grandiloquente et en totale opposition avec la voix chuchotée et triste

Au final, on a l’impression qu’à vouloir absolument coller à une image voulue (par qui ?), l’album se perd totalement en effets de style, en textes approximatifs, en musiques acidulées. C’est oublier que Nolwenn Leroy est aussi une voix puissante et douce, chaude et captivante. La faire chanter ainsi la condamne à ne montrer qu’une infime partie d’elle. Elle ne devient plus elle-même mais un « produit » lissé qu’elle croît être. Lara Fabian s’était assagie vocalement pour ne pas énerver autant mais avait su garder ce qu’elle était. Goldman avait gommé le coté nord américain de Céline Dion tout en conservant l’essence même de sa voix et en révélant les multiples facettes de sa personnalité. Voulzy et son équipe ont échoué et si ils peuvent séduire un public plus “lounge” dans cette ambiance feutrée, ils en perdent un autre peut être plus nombreux, sans parler même d’une voix exceptionnelle que l’on espère entendre dans un troisième album, …enfin.

En Vidéo : vidéo

Participants : Laurent Voulzy, Kent, Alain Souchon, Yasmin Shah, Franck Eulry, Julien Voulzy.

  1. Nolwenn Ohwo !
  2. L’Enfant Cerf-Volant
  3. Reste Encore
  4. Mon Ange
  5. Histoire Naturelle
  6. Rien De Mieux Au Monde
  7. Mystère
  8. Les Chimères (Instrumental)
  9. Le Rêve Des Filles
  10. Endormie Écouter
  11. London Fantasy
  12. Mélusine
  13. J’Aimais Tant L’Aimer

cover


Ecrit le : 26/08/2008
Categorie : musique
Tags : musique,pop,2000s

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