Cinéma - Hara-Kiri de Masaki Kobayashi (1962)

Il faut d’abord préciser que le titre original reprend le vocable officiel, le Seppuku, le titre français reprenant le terme «populaire» pour le sacrifice rituel. Vous l’aurez compris, nous voilà parti au Japon, quand ce pays avait un cinéma classique.

J’avoue que je n’avais pas entendu parlé de ce film, ou je l’avais simplement oublié lors d’une lecture de l’histoire du cinéma japonais. Primé à Cannes (prix du Jury) à l’époque, il a fallu que je le vois dans le top250 d’IMDB pour m’y intéresser. Comme quoi…Nous voilà donc pendant la période Edo (et plus précisément 1619-1630), pour suivre un Ronin (un samouraï sans maître) Hanshiro qui, dans la misère, souhaite mettre fin à ses jours selon le rite du Seppuku. Face à se demande, on lui raconte l’histoire d’un collègue du même clan que lui qui voulut mourir de la même manière. Après avoir dit qu’il le connaissait de nom, Hanshiro révèle l’histoire de sa vie…

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Le cœur du récit est bien l’honneur et le respect des traditions. Nous sommes dans un film de la tradition jidai-geki, ce que l’on pourrait qualifier de film historique classique. Mais si cela parle de samurai, ce n’est pas un film de chanbara (film de sabre), se terminant dans un combat. Nous allons ici au delà des genres avec une part de drame, de thriller, même. Comme cela sied souvent aux films japonais ou même chinois, le rythme est lent, contemplatif et les décors épurés, tout comme le style de filmage, en dehors de quelques focus sur les visages. Techniquement, nous sommes dans l’épure qui convient à l’histoire, même au niveau sonore avec des silences qui permettent cette ambiance pesante où l’on sent les personnages sur un fil, dans ces apparences toutes japonaises.

Pour le profane en culture japonaise, le film est forcément perturbant, avec beaucoup d’informations et ce sens de l’honneur et des traditions. Le rythme lui même est à l’opposé de ce qui se fait aujourd’hui (ndr : tant mieux !), ce qui nous amène à de longs plans séquences au cours des échanges pour un film qui dépasse un peu les deux heures. Cela n’empêche nullement de garder, à quelques exceptions, le suspens, l’intensité de ce récit fort. Évidemment, parler de Seppuku ne se fait pas sans violence, même si on ne voit pas tant que ça l’acte sacré. Mais au delà de cela, je peux y voir une certaine critique du Japon de l’après-guerre et du fait que certains des responsables de cette hécatombe n’ont pas pris leur responsabilité et n’ont pas été punis non plus. En effet, on y parle de ce besoin de sortir de la misère, des pauvres qui furent poussés dans la rue lorsque le shogunat détruit les clans rivaux. Et la seule réponse à cette misère ne fut pas la solidarité mais le mépris chez ces grandes familles. Les puristes de l’histoire pourront tiquer sans doute sur certains aspects du film, mais le parallèle ne me paraît pas anodin.

Voilà donc un film qui se mérite mais laisse des traces. Je comprends mieux sa place dans l’histoire du cinéma tout court, et pas seulement pour le Japon.

Ce film fait partie du challenge IMDB Top250

Une bande annoncevideo


Ecrit le : 15/11/2013
Categorie : cinema
Tags : cinéma,film,japon,1960s

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