Cinéma - 12 Hommes en colère de Sidney Lumet (1957)

Le genre «Film de procès» est souvent proche du théatre filmé. Mais parfois, on sort de cela pour atteindre le rang de chef d’oeuvre, comme avec ces 12 Angry Men

J’avais vu ce film dans ma jeunesse, certainement dans une tardive soirée tv, puis je l’ai revu plus récemment après avoirelu sur le sujet. Evidemmentl il s’agit d’un procès à l’américaine, avec le droit américain et le vocabulaire qui va avec. Mais là n’est pas l’essentiel car il y a bien plus qu’un procès. C’est bien à un thriller que nous avons affaire avec la question cruciale : Le jeune accusé est-il coupable de parricide ? L’enjeu est bien la mort de l’accusé et c’est aux 12 jurés de décider. On parle d’hommes, ici et le contexte doit être précisé pour comprendre l’absence de femmes. Oui, les USA ne sont pas si progressistes sur le droit des femmes dans les années 50…alors imaginez si vous étiez une accusée femme noire. Mais ici c’est bien en dehors de la question raciale ou sexuelle que nous sommes. Nous ne connaissons que la profession et le numéro du juré, et rien d’autre. Celui qui est au centre de l’intrigue, c’est le juré n°8, M. Davis (joué par Henry Fonda), un architecte de profession. Le film commence alors que les jurés ont entendu les plaidoiries et doivent juger de la culpabilité.

Tout accuse cet homme et on se dit que le verdict est couru d’avance. Pourtant, le juré N°8 a un doute et c’est ce doute qui le fait voter non coupable. L’unanimité n’étant pas là, il y a débat. Il expose les raisons de son doute et parvient à convaincre un autre juré…Et ainsi de suite, ils revoient rétrospectivement les preuves de l’accusation. Evidemment, il y a parmi les jurés, un excité convaincu de la culpabilité et voulant en terminer pour rentrer chez lui, le juré n°3. Les langues se délient et les personnalités de chacun se font jour. C’est justement une des forces du film. Je vous laisse deviner l’issue de ce film, ou plutôt la regarder.

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Dans ce format de procès, le doute profite à l’accusé, du moins en théorie…Parlez-en aux accusés noirs du sud du pays à l’époque. Mais ici, Lumet essaye de faire la promotion de la justice, mine de rien. Le scénario fut aussi une pièce (après un téléfilm) et ce huis-clos s’y prête évidemment bien. Mais nous avons surtout le délibéré et pas le déroulé habituel d’un film de procès. On montre la mixité des profils, en terme de profession, de niveau social et donc d’éducation. On y voit l’impact du personnel dans la décision qu’ils doivent prendre et avec la peine de mort, c’est aussi montrer la gravité, voire le danger de cette peine envers un innocent. L’intensité du débat captive littéralement le spectateur au cours de cette heure et demi. Le huis-clos se fait pesant, irrespirable et on a l’impression que ça n’en finira jamais. Si on se demande pourquoi le N°8 est si obstiné, on finit par faire l’inverse et penser à l’obstination du N°3 qui semble cacher quelque chose. Le spectateur lui même se retrouve juré (ce qui est globalement le cas dans ce genre de film) mais pense véritablement à la porté de la peine capitale. Evidemment, il faut tout le charisme d’un Fonda pour porter ce film mais il faut aussi rendre hommage à cette galerie de personnages au complet.

En le revoyant récemment, j’avais peur qu’il ait pris quelques rides. Mais au delà du noir et blanc, il reste un exemple du genre et un film fort qui passe presque trop vite, tout en ne laissant pas le spectateur indemne avec ses certitudes sur la justice. Souvent copié, jamais égalé.

Ce film fait partie du challenge IMDB Top250

Une bande-annonce d’époquevideo


Ecrit le : 03/01/2014
Categorie : cinema
Tags : cinéma,film,classique,thriller,1950s,cinémathèqueidéale

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