Cinéma - Budori l'Etrange Voyage de Gisaburō Sugii (2014)

Étrange voyage pour le dessin animé Guskou Budori sorti au Japon en 2012 : il aura fallu deux ans pour le voir sur les écrans français sous le nom de Budori l’étrange Voyage.

affiche

Gisaburo Sugii livre son 19e long métrage après avoir réalisé des animés plus ou moins longs, lesquels n’auront pas tous eu la chance de passer encore à la postérité. C’est le cas de Train de nuit dans la Voie lactée où les personnages principaux sont comme ici des… chats.

Budori l’étrange voyage raconte l’histoire d’un jeune chat obligé de quitter sa forêt pour retrouver sa sœur mystérieusement disparue sur fond de mutation climatique qui empêche la survie de la ferme de ses parents.

Gisaburo Sugii reprend un conte de Kenji Miyazawa qui date de 1923 et a déjà adapté au cinéma par Ryûtarô Nakamura en 1994. L’ensemble des personnages apparaît sous la forme de chats, un animal qui occupe une place particulière au Japon. L’anthropomorphisme est complet à la manière d’un Disney et tant d’autres grands de l’animé. Ce qui permet aussi au réalisateur de se différencier du reste de la production japonaise tel que Le Royaume des Chats de Hiroyuki Morita. En outre, les thèmes abordés sont d’une saillante modernité : dérèglement climatique, humain questionnant son rapport à la nature, industrialisation à outrance, pertes de repères…

Plus que tout, l’atout du film réside dans sa beauté plastique, notamment des paysages habités et d’incroyables mouvements de caméra. Le tout est servi par un mélange subtil d’animation classique et d’image de synthèse, la musique de Ryôta Komatsu qui rappelle les partitions de Joe Hisaishi. Malgré tout cela, on ressent à la fin de ce long métrage une certaine déception. Si l’histoire est riche, paradoxalement, le scénario paraît un peu… simpliste. Les scènes les plus oniriques baignent le spectateur dans un scénario proche du Voyage de Chihiro, mais les similitudes s’arrêtent là : sur des métaphores simplistes et une conclusion en queue de poisson. Un comble pour une histoire de chats.

En video : video

Reste un certain plaisir à se laisser entrainer dans des montagnes verdoyantes et des cités néoclassiques. Là réside l’épaisseur du discours du réalisateur  : dérives de son pays, course à la technologie qui bafoue la relation Homme-Nature. Gisaburo Sugii se sent de fait proche de Kenji Miyazawa, le « poète agronome » avec ses thèmes de prédilection : paysannerie, travail, amour. C’est pourquoi L’Étrange Voyage est au final une évocation métaphorique de la vie de Miyazawa. Non un chef-d’œuvre, mais un agréable moment de contemplation, d’amusement, de réflexion. À vivre seul, à deux ou en famille.


Ecrit le : 13/09/2014
Categorie : cinema
Tags : Cinéma,2010s,dessinanimé,japon

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