Cinéma - Du Silence et des ombres de Robert Mulligan (1962)

Adaptation très attendue à l’époque, ce film a su atteindre la postérité dans sa mise en image, même si on l’oublie aujourd’hui.

Il faut dire que le titre français n’aide pas, assez éloigné du titre du livre «Ne Tirez pas sur l’oiseau moqueur» (To kill a mockingbird en anglais), de Harper Lee, un best seller de 1960 sorti en pleine période de mouvement pour les droits civiques aux USA. Pourtant l’histoire se passe après la grande dépression dans les années 30, mais dans une ville de l’Alabama ségrégationniste. Atticus Finch (Gregory Peck) y est un petit avocat, veuf, père de deux enfants, Jeremy «Jem» et Jean-Louise «Scout». Les deux enfants ont une gouvernante noire qui est un peu leur seconde mère. C’est la soeur Scout qui fait office de narratrice de cette histoire, alors que dans la réalité il y a une part autobiographique avec l’auteur (dont un des personnages est inspiré de Truman Capote qu’il côtoyait dès l’enfance). La famille vit près d’une maison toujours fermée et les rumeurs vont bon train. Mais tout bascule le jour où Atticus doit défendre un noir accusé de viol d’une blanche. La violence de cette société qui paraissait si tranquille explose aux yeux des enfants.

Image

J’ai trouvé étrangement une certaine proximité avec le Stand By Me de Stephen King puisque c’est à travers les enfants que nous suivons ce drame. Atticus Finch est un personnage droit, qui essaie de préserver ses enfants des risques de ce mondre, ménager les succeptibilités et fait face à la violence avec courage. Je ne connais pas le détail du livre mais le film évite de montrer ce qu’était la ségrégation en Alabama dans les années 30 (et en 1960 évidemment)…sans doute aussi pour des soucis de distribution dans ces états. Cela n’empêche pas de ressentir toute la haine de ces fermiers blancs envers les noirs, de ressentir comme une société à deux vitesses. Le réalisateur fait peut-être le choix de montrer aussi cette ville comme la percevaient les enfants, protégés qu’ils étaient dans leur rue. Le personnage de Dill (inspiré par Capote) est l’élément extérieur qui met déjà un grain de sable dans les rouages. Il va créer l’intervention de ce mystérieux habitant de la maison toujours fermée. Là aussi, on peut y voir quelques inspirations pour King ou d’autres mais c’est un classique.

On retrouve toujours un Gregory Peck très intérieur, qui semble toujours garder une part d’ombre. Cela convient parfaitement à ce personnage et il avoua plus tard avoir joué un peu son propre rôle. Le spectateur est très impliqué dans l’histoire dans tous ses rebondissements, même la partie procès où l’on ne fait que deviner les intentions de l’avocat. Et il y a de l’émotion avec des scènes comme celle de la sortie d’Atticus de la salle d’audience. Étrange que je n’ai pas le souvenir d’avoir lu sur ce film qui reste pourtant un des grands classiques US. Sans doute auss parce que Robert Mulligan (aussi réalisateur d’un Eté 42) est moins côté? Qu’importe, car il fut récompensé par ses pairs, probablement aussi avec le contexte de l’époque. Mais la vie étant parfois un cycle, le film retrouve de la modernité dans son propos entre crise économique et mouvements raciaux. Un classique à voir absolument qui fut produit par un certain Alan J Pakula qu’on retrouvera derrière la caméra un peu plus tard.

Ce film fait partie du challenge IMDB Top250

Une Bande-annoncevideo


Ecrit le : 17/04/2014
Categorie : cinema
Tags : cinéma,film,1960s,drame,cinémathèqueidéale

Commentaires : par Mastodon ou E-Mail.