Environnement - Cop21, la Chine pollue-t-elle vraiment?

A première vue, la réponse à cette question paraît affirmative. Mais Pekin compte bien présenter les choses autrement, glanant au passage le soutien de pays dans les négociations de la Cop21. Dans cette économie mondialisée, l’écologie doit l’être aussi.

Car aujourd’hui, nous ne consommons plus local. En dehors des aliments, de nombreux produits que nous achetons sont maintenant fabriqués très loin d’ici et le transport se fait ensuite par bateau, camion voir avion avec des flottes de véhicules appartenant aux moins-disant fiscaux. Ces rejets sont rarement pris en compte dans tous les bilans que nous voyons fleurir ces temps ci. Mais ce sont aussi des délocalisations d’emplois (la Chine étant d’ailleurs un des premiers pays à délocaliser aussi bien en interne qu’à l’extérieur) qui aboutissent au final à la délocalisation d’industries polluantes. Pourtant, les clients restent les même qu’auparavant, à savoir les pays riches, avec en plus, la nouvelle classe moyenne chinoise. Le ministère de l’écologie français avance un chiffre de 50% de l’empreinte carbone “française” dues aux importations.  Dans l’établissement de quotas, de seuils de polluants par pays, c’est le point critique des débats en cours depuis plus de 20 ans. Qui doit payer ?

Entre le mode de vie d’un chinois et le mode de vie d’un états-unien, il y a de fortes disparités. Pourtant, si l’on prend le bilan carbone de ces deux pays et qu’on le divise par le nombre d’habitants, cela les rapproche beaucoup. En réalité, le calcul est plus complexe puisqu’il faut dissocier consommateur et producteur. Ainsi lorsque l’on achète un Smartphone, il est produit à partir de matières premières lointaines (Amérique du Sud, Afrique, Asie), qui sont transportées, transformées avec des rejets de polluants, puis le tout est transporté vers son lieu de consommation final. Les émissions et la consommation d’eau sont dans les pays d’approvisionnement alors que le consommateur final n’émet rien ou peu avec le produit utilisé. Pour faire jouer la règle du “Pollueur-Payeur”, il faudrait donc bien prendre en compte l’utilisateur final ( ce qui est défendu par Thomas Piketty) . Sans cette demande, il ne pourrait y avoir une offre, donc une production. C’est d’ailleurs là où l’on voit le ralentissement économique de la Chine, actuellement, dans cette interaction.

Toutefois, avec la progression de la classe moyenne, un marché automobile florissant (bien qu’en ralentissement), l’empreinte carbone du chinois ne progresse pas forcément dans le bon sens. Les délocalisations vers des pays pauvres et les progrès techniques ne compensent pas cette augmentation ou ne font que repousser le problème. Notre consommation continue d’influer sur le cours des choses, entre les importations de denrées lointaines et la sous-traitance des produits manufacturés. L’information sur l’empreinte carbone d’un produit manque et est, de toute façon, difficile à calculer. Unilatéralement, l’imposer dans un seul pays s’avère risqué et c’est là tout le piège qui condamne toujours les conférences sur le climat. La seule issue réaliste serait de voir à la fois un calcul de cette “empreinte” et une participation des pays/entreprises clientes dans l’amélioration environnementale : un partenariat gagnant-gagnant pour reprendre un terme à la mode. Aux dernières nouvelles, le gouvernement chinois a accepté la timide feuille de route du président Hollande. En réalité, il l’a déjà beaucoup anticipé, comme le montrait il y a quelques années, l’établissement d’un plan environnemental. La nouveauté réside uniquement dans l’acceptation de contrôles extérieurs sur l’avancement de l’engagement. A noter que la France est loin d’être exemplaire dans le domaine.

Seulement, la COP21 ne réunit pas forcément les bons acteurs, chacun défendant son économie plus que son écologie. Chine et Etats-unis seront vraisemblablement les bouc-émissaires d’un nouvel échec ou d’un accord tiède, face à une Europe incapable de s’entendre déjà avec elle-même. Ne faut-il pas attendre plutôt plus des citoyens que des dirigeants, en montant, par exemple, un WikiEcologique pour connaître les données environnementales qui nous manquent dans la connaissance des produits. Reste à trouver un outil simplifié pour le calculer ou plutôt l’estimer.


Ecrit le : 30/11/2015
Categorie : environnement
Tags : écologie,cop21,environnement,Geopolitique

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