Web - Où doit aller Diaspora ?

Suite à la diffusion du reportage sur les réseaux sociaux dans l’émission de France 4, “On n’est plus des Pigeons” (a), le débat fait rage dans le giron français de Diaspora. La question n’est finalement plus de savoir si le reportage était bon ou mauvais mais comment on voit Diaspora aujourd’hui et à l’avenir.

La question posée était de trouver des alternatives à Facebook et/ou Twitter. Et il faut bien se souvenir du début de Diaspora qui se présentait alors comme un Facebook décentralisé. Après un début lent, une progression chaotique, le réseau alternatif semble avoir trouvé sa vitesse de croisière, du moins en France. Nous avons pour cela deux gros “pods” avec Diaspora-fr et Framasphère, ce qui évite l’écueil principal des réseaux décentralisés : Voir disparaître une instance/pod et donc tous ses contacts avec. Parallèlement à ça, d’autres réseaux décentralisés ou éthiques arrivent à maturité ou se lancent, comme Redmatrix, Ello (moqué à juste titre dans le reportage mais sans le recul nécessaire), Minds… Les deux derniers étant centralisés. Comme dans le logiciel libre, les forces se dispersent et les directions des projets sont aléatoires.

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Dans l’hypothèse où l’on voudrait que Diaspora remplace Facebook avec nos “amis”, il faut se mettre à leur place et ne plus réfléchir en tant que geek. Ainsi, il faudrait avoir les fonctions de tag sur les images, les citations de personnes dans les commentaires. Ca veut dire aussi avoir des serveurs pour le stockage, donc un coût à prendre en compte. Ainsi, il faudrait inviter des personnes à des évènements (pas forcément dans Diaspora, d’ailleurs), indiquer des lieux et des sujets que l’on “aime” et que Diaspora communique avec Wikipedia, Openmap, et autres outils du monde libre. Ainsi il faudrait que l’on voit des possibilités de partage vers Diaspora dans les jeux, les applis, les sites… Mais finalement, est-on vraiment prêt à voir son oncle d’Amérique parler de la naissance du petit dernier, de ses vacances à Honolulu ou partager la dernière vidéo de lolcat ? Est-on prêt à voir cet outil aller vers le grand public avec les dérives que cela comporte? Si justement Diaspora est ce qu’il est aujourd’hui, c’est aussi parce qu’il réunit des utilisateurs qui ne se retrouvent pas dans ce que propose Facebook, qui en ont marre d’être pollués par les imbécilités de ses contacts et qui préfèrent utiliser leur temps autrement.

Dans ce que je peux remarquer des discussions de Diaspora, elles sont aussi virulentes que ce qu’on peut rencontrer dans forums/réseaux mais elles sont aussi plus riches en mots, plus argumentés souvent (ok, on trouvera des exceptions…). Les sujets tournent par contre souvent autour de valeurs du libre, de l’altermondialisme, du partage. Les contacts de chacun ne sont pas forcément dans l’unique giron familial ou professionnel mais par sujets et affinités, ce qui a totalement disparu de Facebook. Bref, l’utilisation est assez différente du Facebook actuel mais pourrait se rapprocher du Facebook des débuts. Ello, est par contre très comparable aujourd’hui à ce que qu’était Diaspora il y a 5 ans. Cela veut dire aussi qu’un réseau social évolue, à la fois par ses utilisateurs et par la volonté de son équipe de développement… ce qui le différencie d’un OS. Zuckerberg a décidé de faire passer son produit de l’amateurisme et du giron universitaire au grand public très tôt, en monétisant ensuite. Twitter a du mal à trouver la rentabilité. Pour Diaspora, il semble qu’il n’y ait pas volonté d’aller dans cette direction et la monétisation est hors de propos, évidemment. On parle de manque de main d’oeuvre ou de compétences… Et si elle était là mais juste mal gérée? A moins que des forks se développent (voir par exemple les différences de forme entre les instances de GNUSocial), la situation risque de stagner (ou d’évoluer lentement). Diaspora restera, à l’image de GNU/Linux, un produit de niche. A vous de voir, finalement…

(a) : Le reportage de France 4 était la suite d’une série de reportages autour de Facebook et de l’utilisation de nos données, ce qui donne une autre portée au reportage que pris de manière isolée, même si l’émission a perdu de sa qualité au fil des ans.


Ecrit le : 10/10/2015
Categorie : geek
Tags : Geekeries,internet,réseauxsociaux,web

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