Musique - Francis Cabrel - Samedi soir sur la Terre (1994)

Alors que se profile enfin un nouvel album en 2015, il n’est pas inutile de se repencher sur la carrière d’un des grands de la chanson française : Francis Cabrel. Et quoi de mieux que son album emblématique, Samedi soir sur la terre.

Mais revenons un instant sur la carrière de Monsieur Cabrel. Le petit Francis passe son enfance à Astaffort, au cœur de Lot-et-Garonne, et découvre la guitare à l’age de 13 ans selon la légende. Admirateur de Bob Dylan ou Neil Young, il se forge ainsi une culture musicale tout en cherchant son propre style. Très vite, la musique lui paraît le métier idéal, mais le succès n’arrive pas. Ce n’est qu’après la rencontre avec Richard Seff dans un concours à Toulouse, que les portes d’une major s’ouvrent. Son look hippie, sa moustache, son accent du sud-ouest lui donnent une particularité. De tournées en tournées, après un premier album « Ma Ville » en 1977, sa notoriété grandit. Dès le deuxième album, « Les chemins de Traverse » il est définitivement installé dans le paysage musical français. Très loin de la vie parisienne, il prend le temps d’écrire et composer des albums dans son Lot-Et-Garonne natal, en famille. Il devient même conseiller municipal de son village, créé un festival après le grand succès de Sarbacane en 1988. Mais alors qu’on le croit déjà au sommet, il gravit encore l’échelon supplémentaire en 1994 avec un nouvel album : Samedi soir sur la Terre.

Si cet album est emblématique, c’est aussi pour un titre cher aux défenseurs de la cause animale, La Corrida. Le titre ouvre l’album et dénonce évidemment cet acte barbare en se plaçant à la place du taureau. Emblématique aussi avec des titres devenus des tubes comme « La Cabane du Pêcheur », « Octobre » ou « Je t’aimais, je t’aime, je t’aimerai ». Mais l’album vaut bien plus que ces têtes de gondoles médiatiques. Par exemple, « Assis sur le rebord du monde », titre presque rock’n roll à l’empreinte blues très forte. Amoureux d’un folk rock à la Dylan, on retrouve de cet esprit dans cet album où ses textes se marient parfaitement à une musique qui pourrait paraître éloignée de sa région. La production est épurée avec une présence forte de la voix et de la guitare, pour mettre justement en valeur les mots. Il faut rendre grâce pour cela au pianiste de l’artiste, Gérard Bikialo, qui rencontra Cabrel en 1980. Il nous propose ainsi des accents plus jazzy sur le très posé « Samedi soir sur la terre » qui résume bien la tonalité de l’album avec cette fois une guitare électrique et un saxophone. Et la sensibilité à fleur de peau nous saisit dans ces textes avec des thèmes dont l’universalité paraît aussi évidente que surprenante. La musicalité de l’album empreinte à la fois aux musiques gipsy du Sud-Ouest (les Gipsy Kings participent d’ailleurs à « La Corrida ») autant qu’à l’univers blues d’un autre sud, celui des Etats-Unis, comme sur « L’Arbre va tomber ». On trouve même de la soul avec « Le Noceur ». Tout cela rend l’album très homogène, à la fois poétique et ambiancé. Tout paraît d’une simplicité évidente et montre tout le talent de l’auteur autant que de la production.

Ce sera l’album le plus vendu de Cabrel avec 4 Millions d’exemplaires, et le deuxième plus vendu en France après le D’Eux de Céline Dion. Après un tel album, Cabrel ne peut répéter la même recette, même si « Hors Saison » reste un succès. Albums live et participations à des œuvres collectives (Le Soldat Rose) continuent de le maintenir dans l’actualité jusqu’à un dernier album personnel, « Des Roses et des Orties » en 2008. Il se fait également plaisir avec un album de reprises de Dylan, « Vise le Ciel ». Mais on attend impatiemment son retour pour un album qui s’annonce dans la lignée folk des précédents.

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Ecrit le : 25/03/2015
Categorie : musique
Tags : folk,jazz,Musique,Pop,1990s

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