Géopolitique - Syrie, peut-on réunir bourreaux et victimes ?

Suite au discours du président français François Hollande à L’ONU, le refus francais de voir Bacchar El Assad dans les négociations s’articule autour de cette affirmation: On ne peut réunir bourreaux et victimes.

Outre le fait que cette position isole encore plus la France diplomatiquement, elle oublie l’histoire passée de la France elle-même et celle que nous avons imposée ailleurs. Ainsi, L’Europe actuelle s’est elle construite avec d’anciens ennemis juste quelques années plus tôt. Il s’agissait aussi d’intérêts financiers, il est vrai, mais comment faire oublier les millions de morts de la seconde guerre mondiale? Le peu européen (dans le sens intérêt commun) Hollande a la mémoire courte.

Plus récemment, dans ce que l’on appelle la Francafrique ou la Belgafrique, nous avons vu des conflits meurtriers où nous avons laissé massacrer largement autant de population qu’en Syrie. La réconciliation à pourtant été bâtie avec d’anciens belligérants. Que l’on appelle ça gouvernement d’union nationale ou autrement, ils sont construits sur une base fragile et souvent imposée pour des raisons économiques (fourniture de matières premières à l’occident ou la Chine). Mais dans le cas de la Syrie, la stabilité serait sans doute trop favorable aux intérêts russes, selon un Hollande qui, à cause de cela, vient de laisser une ardoise de quelques centaines de millions d’euros dans l’affaire des frégates (la vente ne couvre pas tout).

El Assad serait à l’origine du problème, selon Hollande. Ce n’est évidemment pas si simple, entre sécheresses, famines, révoltes tribales, et interventionnisme sunnite. Et pour régler un problème, le principe de base est de chercher la cause racine, pas de rayer celle qui nous dérange. Que propose-t-il ? De discuter sans un personnage soutenu par au moins 50% de son pays, jusqu’à preuve du contraire ? En tout cas rien de mieux que ce qui a été un échec jusqu’à présent, sinon vendre des armes, faire la démonstration de notre aviation. Dans la droite ligne du sarkozisme diplomatique qui a conduit au chaos en Lybie, le hollandisme est une catastrophe pour le rôle de la France dans les grandes nations. Prendre une posture différente, seul, n’est pas souvent le jeu gagnant (exception faite de la guerre en Irak…Où nous n’étions pas les seuls à refuser d’y participer ce qui nous permis d’avoir une voix écoutée ensuite). Cherche-t-il à contenter des soutiens dans le golfe ou ailleurs? Une chose est encore visible, c’est l’absence de cohésion européenne sur le sujet. Là aussi, Hollande a montré son absence de stature de leader et de visionnaire, comme son prédécesseur à l’ego surdimensionné (Qui lors de la crise de 2008 a fait plus de gesticulations inutiles que d’action réelle). L’ego de Hollande est bien égal, même s’il le montre moins.

Plus grave, on peut s’inquiéter à terme pour le devenir des opérations extérieures de l’armée française qui a du mal à trouver le support d’autres nations. Il semble que le quai d’Orsay n’ait pas beaucoup apprécié les dernières décisions de Hollande, Fabius compris…Enfin, et comme l’a souligné paradoxalement et ironiquement Vladimir Poutine, agir en dehors de tout mandat de L’ONU, comme le font aujourd’hui France et Usa, met en danger l’institution Nations Unies. Et quand la SDN avait été affaiblie, On sait ce qui est arrivé.


Ecrit le : 29/09/2015
Categorie : geopolitique
Tags : europe,Geopolitique,russie,syrie

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