Cinéma - L'Odyssée de Jérome Salle (2016)

Finalement, cette chronique marque le retour du cinéma sur ce site, avec aussi un fond de protection animale. Le réalisateur Jérome Salle a, en effet, tenté le pari de faire un film sur le commandant Cousteau : L’Odyssée, qui sort ce 12 Octobre 2016.

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J’ai eu l’occasion de le découvrir au cours d’une avant première avec la présence du réalisateur et de Lambert Wilson. L’acteur est suffisamment impliqué dans le film pour venir faire le SAV et présenter le personnage d’une manière très didactique. Bravo déjà pour cela. Mais le pari du film est de retranscrire une large tranche de vie du célèbre commandant au bonnet rouge, sur plus de 40 ans. Pour ne pas tomber dans le biopic bien gnangnan comme on en produit à la pelle ces temps-ci à Hollywood, Jérome Salle a pris le parti d’axer le film sur la relation père-fils entre Cousteau et son fils Philippe. Pas de suspens car on sait dès la première minute que le fils meure prématurément.

Autant dire que le film ne fait pas dans l’idolâtrie, même s’il ne reproduit pas les terribles images des exactions du commandant sur les animaux, dans son début de carrière. Mari volage, mauvais père, égocentrique, à la recherche du gain (ou de la survie), tout est là pour faire tomber l’icône de son piédestal. Et pourtant, comme je l’écrivais il y a quelques mois, dans un article supprimé, on retient de ce commandant les actions des 20 dernières années, celles un peu provoquées par son fils, avec lequel il entretient une relation amour-haine. On parle peu de l’autre fils, Jean-Michel, pourtant intéressant lui aussi, ni du décès de “la bergère”, jouée par une Audrey Tautou parfois méconnaissable. Ce rôle de la mère, mais ausi celui de Falco, le fidèle et le confident, sont un peu trop éclipsés par un montage malhabile. Dans ces deux heures, Salle a voulu sans doute trop en caser. On voit aussi que ce n’est pas un biopic pur jus par le fait que Lambert Wilson se contente de ressembler à son modèle, sans essayer de prendre la voix, ce qui aurait été ridicule.

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Difficile alors, malgré de belles images, tournées souvent sans trucages numériques, de ressentir les émotions que procuraient les films du commandant ans les années 70 et 80. Il n’y a pas cette angoisse dans la mission en Antarctique, ce dégoût devant le massacre des baleines. Et que dire de la fin qui manque d’impact sur le spectateur pour lui faire réellement prendre conscience de l’urgence à protéger la faune et la flore marine de nos méfaits. C’était pourtant le but avoué du réalisateur, en plus d’un hommage à un héros de jeunesse.

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Avec un peu de recul, je me demande finalement comme il est possible de rendre la totalité de ce personnage complexe dans un film. Il y avait le risque de tomber soit dans l’idolâtrie, soit dans la critique, ou alors dans la recopie de ses films. L’Odyssée, de ce point de vue, réussit à ne pas sombrer dans ces écueils. Le défaut est alors d’être trop neutre, donc de manquer d’impact. J’espère toutefois que le film donnera envie à la jeune génération de prendre connaissance à la fois des films de cet homme, mais surtout de s’intéresser aux océans et à la cause animale ensuite, comme cela fut le cas pour beaucoup de ma génération. L’autre jour, sur France Inter, j’entendais un océanographe parler de la vocation qui lui est venue du commandant. Malgré tous ses défauts, il aura au moins réussi cela dans sa carrière, et rien que pour ça, il était nécessaire de faire un film pour témoigner.


Ecrit le : 08/10/2016
Categorie : cinema
Tags : 2010s,Cinéma,cousteau,l'odyssée,protectionanimale

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