Automobile - La Tesla Model 3, le pari !

Elle fait beaucoup parler d’elle et pourrait faire entrer le constructeur Tesla dans la cour des grands, et la voiture électrique dans les moeurs. Mais le pari est-il si osé que cela?

Après la sportive, après la grosse berline, après le SUV, voici enfin une Tesla plus “accessible”. Annoncée à 35 000 dollars, elle aurait été pré-commandée à plus de 300 000 exemplaires, une révolution pour un constructeur qui vend actuellement moins de 3000 voitures/mois sur le seul territoire états-unien. Et pour réaliser cela, le constructeur a ciblé un véhicule plus petit (grosse berline quand même comme une Renault Talisman), avec une autonomie annoncée de 350km (je pense plutôt à 250km réels), ce qui est plutôt intéressant pour bons nombres de particuliers et professionnels, taxis compris. Après s’être fait la main sur l’usine NUMMI (ex GM-Toyota) avec le modèle S, Tesla est patiemment monté en puissance, avec le soutien des investisseurs, ce qui relève déjà de l’exploit quand on voit à quel point le court-termisme domine à la bourse.

Une physionomie étrangement conservatrice

La taille et la physionomie paraissent pourtant étranges quand on sait que les berlines classiques perdent des parts de marché. Le SUV model X a été accueilli plus timidement alors que les SUV ont le vent en poupe. Mais finalement, l’acheteur Tesla est-il un acheteur normal? Sans doute pas pour les premiers, les “early adopters” mais un peu plus pour ces clients de Model 3. J’ai connu la différence avec la Prius 1 et 2 et ceux qui ont acheté la Prius 3 : Les motivations ne sont pas les mêmes et Toyota s’était un peu perdu dans ce mix de clientèle. Finalement, Tesla, en dehors d’une modification de calandre (une suppression en fait), garde la même ligne en mettant le contenu technologique surtout à l’intérieur. Sa clientèle est aisée, agée mais pas trop, donc elle veut un engin discret mais statutaire. La Tesla semble bien remplir ce cahier des charges. Reste à savoir si l’économie d’échelle suivra réellement et surtout si le réseau de superchargers supportera. En Allemagne ou Norvège, pas de problème. En France, la patrie du nucléaire, l’électrique ne semble pas faire recette !

Un réseau à batir

Car l’autre argument de vente de Tesla c’est l’utilisation ponctuelle de ces stations de recharge “gratuites et rapides”, contrairement aux prix vraiment prohibitifs des recharges en France. Il va falloir que Tesla implante plus de stations, négocie avec les fournisseurs d’énergie et c’est aussi un gros pari. Question qualité, Tesla a plutôt bien géré ses débuts, malgré quelques attaques. Ils ont embauché du personnel venant de l’automobile et ça, des gens comme Bolloré feraient bien de s’en inspirer (on verra à Rennes….). Reste un réseau de concession tout neuf, un peu trop parfois quand on voit les vendeurs inexpérimentés, des véhicules conçus différemment et qui s’orientent vraiment vers un autre mode de roulage. Après les deux coffres avant arrière, je pense que Tesla pourrait innover aussi après l’implantation de la voiture autonome, déjà en test sur le modèle S.

Une vision différente de l’automobile… et de la mobilité

Car si la Tesla est une grosse étape pour la marque américaine, elle n’est encore qu’une étape. La vision d’Elon Musk n’est pas d’être un constructeur comme un autre avec un moteur électrique. Le client du roadster est déjà oublié. Celui de la modèle S première génération sera lui aussi laissé de coté pour un marché de masse friand de technologie. Si les investisseurs continuent de soutenir le milliardaire dans sa construction, cela pourrait fonctionner…. Au détail près qu’Apple et Google sont aussi sur la route pour un projet similaire. Car on sent bien que Tesla pousse beaucoup sur la voiture autonome, sachant que le des concurrents comme Porsche ont déjà des modèles concurrents dans leur carton pour le premium électrique.On entend aussi dire que le véhicule est vendu à perte. C’est mal regarder la conception très optimisée du véhicule, le modèle 3 reprenant beaucoup de sa devancière. Quand on regarde les conceptions des véhicules électriques des constructeurs classiques, on est beaucoup trop conservateur en reprenant des solutions issues de modèles thermiques, notamment dans la répartition des masses. Mais surtout, le modèle économique de Tesla n’est pas seulement basé sur la vente de véhicule mais aussi sur ce tout ce qui est autour, données comprises.

Le Modèle S est déjà bluffante de silence et de performance mais là, le modèle 3 s’attaque au coeur de gamme des constructeurs premium allemands. Volkswagen a annoncé beaucoup de développement dans ce domaine. Avec le développement conjoint de l’hyperloop par SpaceX, Elon Musk construit patiemment sa vision de la mobilité. Pas sur que la modèle S suivante conserve une architecture où le conducteur est encore le privilégié….s’il y a une S. Car si les sensations sont là, elles n’ont plus tant d’intérêt du fait que l’on ne conduit plus soi même. La puissance et la taille du pack batterie ne sont là que pour assurer une longue autonomie et une bonne vitesse de croisière à un passager hyperconnecté. Des solutions qui devraient déjà inspirer les constructeurs concurrents qui voudraient s’attaquer au marché le plus mûr pour ce type de solution : Les Etats-Unis. Une rumeur suite aux propos d’Elon Musk, parle d’un développement d’une “compact”, mais il y a décidément trop de fantasmes autour de cette marque. Rendez-vous déjà en 2018 pour voir la 3 sur les routes européennes.


Ecrit le : 10/05/2016
Categorie : automobile
Tags : Automobile,industrie,tesla,voitureautonome,voitureélectrique

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