Blog - Tout fout le camp ?

J’aurais pu appeler ça “en vrac…” comme quelques uns de mes camarades blogueurs. Et puis c’est une impression que tout change autour, qu’une page se tourne.

On n’en finit pas d’enterrer la blogosphère, c’est vrai, même si je vois des blogs apparaître de manière éphémère, sur des sujets qui me concernent peu. Si Frédéric s’énerve de manière justifiée sur les connivences entre certaines industries et les blogueurs/youtubeurs, c’est aussi pour montrer combien internet et les internautes ont changé depuis les débuts. Ce n’est pas une remarque de vieux con, mais juste un constat sur des valeurs qui se sont perdues à la fois lors de la mercantilisation  et de l’ouverture au grand public. On a très vite oublié netiquette et comportement civilisé pour découvrir le trollisme, et tout finit par déteindre. Je l’avais déjà constaté peu à peu dans des forums il y a 15 ans, puis sur facebook ou twitter au fur et à mesure de leur développement. Du “early adopter” on est passé au tout et n’importe quoi. Il suffit seulement de comparer le top des vidéos de youtube aujourd’hui à celui qu’il y avait il y a 10 ans. Tout ça me rappelle un peu le moment où Stallman découvre que des gens n’ayant pas connu les débuts de l’informatique et de la programmation agissent différemment de lui. Aujourd’hui, Twitter abandonne même son éphémère service de vidéo courte, Vine. On peut prédire aussi que snapchat subira le même sort, tout comme chatroulette, etc…. Qui s’en plaindra ?

Et puis internet devient effectivement comme une grosse télévision, un truc où l’on picore de la vidéo, ou de la musique, de plus en plus étudiée pour faire du placement produit, et toucher un public cible. Comme le rappelle Tristan Nitot dans son en vrac, il faut bien suivre les évolutions chez Google, qui brise les barrières entre nos profils et son service de publicité. Qu’il me semble loin le temps où la publicité ne se résumait qu’à un petit bandeau par ci par là, où le cookie était encore un gateau. C’était le temps où j’avais un téléphone qui ne faisait que téléphoner, une Game Boy Advance SP dans la poche, une Game Cube et une PS2 sur la télévision. Aujourd’hui Nintendo ne sait même plus ce qu’est sa console, entre portable et salon, mais surtout le cul entre deux chaises, pour ne jamais plus s’asseoir.

Peut-être vit-on une uchronie, une guerre des mondes d’un nouveau genre. Ce n’est même plus une histoire de logiciel libre ou privateur, de code open source publié ou pas. Non, c’est juste de savoir comment on en est arrivé là. Wikipédia cherche désespérement de l’argent, au point de me bassiner à chaque consultation, ignorant si j’ai déjà craché au bassinet. Et pendant ce temps, les téléphones grandissent et brûlent, peut-être pour rappeler simplement que ce sont des enfants qui ont l’âge que nous avions au début d’internet qui les construisent. Dans un mois je vais clore mon chapitre géopolitique, passion de jeunesse qui a fini par s’étioler. Si la musique me suit chaque jour, l’envie de partager s’amenuise aussi. Le sentiment que ce ne sont plus que quelques artistes et quelques vieux comme moi qui ont encore le temps de lire… Ou plutôt est-ce le partage qui s’enfuit, celui-ci se contentant aujourd’hui de “like” ou de coeurs sans amour et sans âme.

Le coeur bât toujours, pourtant, se repliant sur lui même. Ressasser le passé, écrire, détruire et réécrire, faire avancer enfin des envies révolues, imaginer l’avenir, être utopique, rêver. Rêver d’ailleurs, c’est ce qui me semble manquer. J’entendais hier parler un jeune adepte du retrogaming qui appréciait justement d’imaginer plutôt que d’avoir un jeu photoréaliste. C’est vrai qu’entre la lecture qui disparaît et la réalité de plus en plus virtuelle, le rêve n’a plus trop sa place. On va jusqu’à corriger les photos, comme pour tordre la réalité vers ce que l’on voudrait, tel un petit dieu. Mais je préfère me dire, avec optimisme, que comme la mode est cyclique, les habitudes de lecture et d’écriture reviendront. Il suffit simplement d’attendre, en silence, que tout foute le camp pour faire place nette. Demain, les gloires d’aujourd’hui ne seront peut être plus que des outsiders. Qui aurait imaginé il y a 30 ans qu’IBM ne fabriquerait plus d’ordinateur, que Kodak ne vendrait plus de pellicules, qu’Apple ferait des ordinateurs non réparables à processeurs intel ou que Microsoft ne serait plus bientôt le plus grand fournisseur d’OS…..Il faut se garder d’avoir trop de certitudes. Alors, oui, tout fout peut-être le camp, dans cette vision trop immédiate d’un monde qu’on aimerait maîtriser. Mais que ceux qui croient aux profits trop rapides, au futile, aux idées creuses ne se réjouissent pas trop vite. Eux aussi auront cette impression que tout est allé vite, trop vite… sans regrets ?


Ecrit le : 29/10/2016
Categorie : reflexion
Tags : blog,geek,Geekeries,internet,Réflexion

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