Blog - Contradiction végane

Le Week-end dernier, je suis allé “fêter” les 20 ans d’une petite association de protection animale, qui m’est chère. Ce fut l’occasion de présentations de l’activité de l’association mais aussi de conférences et tables rondes. Durant l’une d’elle, un sujet lié au veganisme a été abordé, mettant en lumière une de nos nombreuses contradictions…

Car si nous sommes vegans, nous n’utilisons pas de produits animaux. D’un autre coté, nous protégeons les animaux dans cette activité mais il faut bien les nourrir. Dans la protection animale, l’essentiel de la nourriture vient de dons et on ne maîtrise ni la provenance (marques bas de gamme ou pas) ni le contenu. Et quand je dis contenu, je parle donc de produits animaux. J’ai déjà parlé, par ailleurs, du problème des croquettes, des tests pratiqués, du contenu et du danger pour la santé des animaux. Pour ma part, je leur achète du sans céréale en croquettes, et de la nourriture maison bio/élevé en plein air plus des légumes. Ce qui me dérange en premier, c’est que ça vient de loin donc que ça émet du CO2 dans le transport. Mais pour d’autres, le premier problème est  d’abord que c’est un produit animal. Il existe des alternatives, enfin surtout deux dans le commerce spécialisé et ça vient d’Angleterre.

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Vegan ou pas, il faut choisir

image Le problème de cette alternative de la marque Benevo ou celle d’Ami Pet, c’est déjà le contenu : Ce sont des légumes, bio ou pas, mais avec des céréales, beaucoup. Pour les chats, ils ajoutent Taurine et Spiruline (ou pas) mais ce sont majoritairement des céréales pour un bilan nutritionnel assez proche de croquettes classiques. Se trouve alors le choix de donner des croquettes qui à force seront mauvaises pour notre animal ou bien de donner quelque chose de mieux mais qui tue d’autres animaux, première contradiction. Sauf que dans cette alternative, on part du principe que le chat va l’accepter. Avec 5 chats rescapés, qui ont des problèmes comportementaux issus de traumatismes, je suis bien placé pour savoir qu’ils ne mangent pas tout. J’en ai 2 qui mangent de tout, une qui mange même de la salade mais rechigne sur la nourriture maison, et une qui n’aime pas grand chose, surtout le changement. J’en ai un qui a des problèmes rénaux donc je dois faire attention à sa nourriture. Mais je pourrais m’en moquer aussi et abréger sa vie. Je suis à peu près convaincu que sur les 5, seuls 2 pourraient accepter un tel régime. Admettons…

Mais il y a un problème ensuite lié à la nature même de ces animaux de compagnie. Je suis d’accord pour dire qu’un chat, dans la nature, ne mange pas de boeuf, de mouton, de porc, de veau….C’est par opportunisme que nous refilons cela à nos chats. Même pour un chien, il y a des choses étranges, comme donner du mouton à un chien de berger. La deuxième contradiction est pourtant de prendre la décision pour l’animal, ce qui n’est pas très vegan dans l’esprit. Nous nous arrogeons le droit de décider pour lui, le rabaissant au niveau de l’enfant pour qui nous prenons aussi cette décision. Sauf que l’enfant vieillit et acquiert un libre-arbitre tandis qu’on laisse le chat/le chien ou autre dans son état infantile. J’ai traité du chien et du chat mais j’aurais pu parler d’autres animaux carnivores qu’on nourrit avec d’autres animaux. Si on fait passer le chat et le chien au veganisme, on nie aussi sa nature d’animal carnivore ce qui n’est finalement pas très vegan, puisque sans l’exploiter, on lui dicte notre volonté bien humaine.

En video : video

Si je prends le chat, il vient du chat sauvage, le felis silvestris qui se nourrit de petits rongeurs, d’oiseaux. OK, nous n’avons pas de croquettes au rongeur et à l’oiseau (poulet???) mais en tout cas, sa morphologie, son estomac, sa dentition ne laissent aucun doute sur sa nature de carnivore. Or, un des éléments couramment utilisé par le végétarien et le vegan pour convaincre son congénère carnivore, c’est de montrer que nous, humains, ne sommes pas équipés correctement pour manger de la viande, sachant en plus que nous la cuisons. Il y a donc là un problème presque philosophique de vouloir changer la nature d’un animal. On connaît le résultat néfaste des céréales sur les chats et je pourrais aussi parler de ce que l’on a fait avec les farines animales, utilisées d’ailleurs dans les croquettes. Mais plus que la nature carnivore, c’est aussi nier le caractère prédateur de ces animaux. L’humain en est un mais à son niveau, notre compagnons à 4 pattes l’est aussi. Dans la nature, il reprendrait ce rôle et d’ailleurs les chats domestiques chassent naturellement. Dans une maison, il a besoin de chasser, ce qu’il fait avec des jouets et autres stimulis. Pour moi, aller contre la nature, c’est se prendre un peu pour un dieu et on en connaît le danger.

Et puis je ne fais pas non plus de l’élevage d’animaux domestiques. Les chats que j’ai sont des animaux qui auraient pu être euthanasiés, qui sont stérilisés et que j’accompagne du mieux possible jusqu’à leur fin de vie. C’est malheureusement le tonneau des danaïdes puisqu’il y a trop de chats errants et de propriétaires qui font n’importe quoi. On voit d’ailleurs que cette prolifération de chats ajoute à la disparition d’espèces de rongeurs et d’oiseaux. On pourrait donc penser qu’il faut agir déjà en amont de tout cela en prenant la place de mère nature….Une mère nature déjà fort occupée avec nos conneries de pesticides qui font disparaître les insectes utiles. Mais pour revenir au sujet, si je ne fais pas commerce et n’exploite pas ces animaux, le fait d’acheter de la nourriture animale pour eux pose un problème éthique sur l’exploitation commerciale. Si je chassais et tuais moi même leur nourriture, ça serait mieux éthiquement. Si je les laissais se débrouiller et ne veillais qu’au complément pour leur santé, ça serait encore mieux. Mais ça c’est utopique.

Le veganisme complet est d’ailleurs une utopie. Tous les jours, sans même nous en rendre compte, nous tuons des dizaines ou des centaines d’animaux. J’écrase un escargot, un insecte, je le percute avec ma voiture, je rejette des gaz et substances néfastes à d’autres espèces…Le veganisme parfait n’existe pas et c’est juste un compromis à trouver. Je ne me soucierai que de moi même et laisserai vivre leur vie et crever tous les chats et chiens de la terre, que je ne me poserai même pas ces questions. Est-ce que je me sentirai mieux pour autant? On peut se torturer l’esprit des années et l’introduction de la conférence qui prenait une chanson de Léo Ferré me dérangeait également, puisque cet homme avait la contradiction d’avoir un singe domestique et de l’avoir abandonné avec femme et enfant…. Alors, ai-je une réponse à ces questions qui me satisfasse totalement? Non et aujourd’hui je reste sur mon statu quo. Il y a après d’autres éléments plus personnels rentrant en ligne de compte pour cette contradiction vegane bien complexe.

P.S. : J’ai testé le Grand Veggie de MacDonalds, une sorte de Mc Chicken avec un pain spécial, une galette de légumes (avec de l’oeuf pour la panure je pense). Pour 5,90€ et 753Kcal, c’est bon si on enlève la sauce mais éthiquement, on file quand même son fric à une multinationale massacrant des animaux à tour de bras et qui fait son greenwashing à travers cela. Une contradiction de plus….et c’est une série limitée jusqu’à fin novembre.

marques de croquettes sans cruauté :


Ecrit le : 28/10/2017
Categorie : vegan
Tags : Animaux,philosophie,protectionanimale,Réflexion,vegan,veganisme

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