BD - Pyongyang, Shenzhen, Birmanie ou la trilogie asiatique de Guy Delisle (2003-2008)

J’ai mis deux ans à lire ces trois ouvrages qui ne sont pas une vraie trilogie. Mais je trouvais intéressant de les comparer, ce qui permet aussi de présenter son auteur, le dessinateur canadien Guy Delisle.

Guy Delisle est d’abord un animateur pour l’industrie du dessin animé. Cela l’amène à superviser des productions en Chine ou en … Corée du nord. C’est en 2000 qu’il publie son “Shenzhen” qui relate son expérience puis en 2003, il continue dans cette série autobiographique à Pyongyang où il supervise toujours une production. Ce n’est qu’en 2007 qu’il part en Birmanie mais cette fois ce n’est plus pour superviser mais pour accompagner sa femme qui travaille pour Médecin sans frontière. On voit donc que les deux premiers ouvrages sont très liés, mais l’auteur procède de la même manière pour les trois, en croquant des anecdotes de son séjour. “Chroniques birmanes” est différent car il chapitre plus son récit en courtes histoires.

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Le dessin est toujours le même, proche du comicstrip avec un trait en noir et blanc simple mais identifiable, bien que les décors soient précis. Sur chacun des récits, il y a un regard curieux, teinté d’humour mais qui nous permet une vraie découverte de la ville ou du pays, loin des clichés habituels. Il nous emmène derrière le décor (c’est le cas en Corée du nord) et le témoignage prend d’autant plus de saveur avec le recul de cette décénie, ou même de deux décénies. La Corée du Nord semble encore figée dans ce récit de l’époque, tandis que la Chine continue de progresser, de s’ouvrir, mais avec toujours des comportements que j’ai rencontré moi même dans une autre activité que le dessin animé. Quant à la Birmanie, pardon le Myanmar, il faut reconnaître l’ouverture du pays et l’amélioration malheureusement encore partielle. Le récit de ce volume parle à la fois du pays mais aussi de l’humanitaire, de la situation du HIV et du trafic de drogue.

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Le dernier des trois diffère beaucoup des autres par le fait que l’auteur n’a pas d’activité professionnelle, est devenu papa et pourtant se retrouve aussi dans un pays dictatorial et fermé. L’ennui ne tarde pas à poindre chez notre héros/auteur mais heureusement pas chez le lecteur. Coincé par les formalités administratives, il ne peut pas se rendre dans les missions où travaille sa femme. De ce point de vue, Chroniques birmanes rappelle Pyongyang et ses “balades” bien réglées, son microcosme des “étrangers”. A la différence qu’en Birmanie, certains semblent bien en profiter. On y voit des 4x4 rutilants, des dépenses somptuaires, …. Ceux qui ont travaillé dans l’humanitaire connaissent les ONG qui sont les plus complaisantes et dépensières.

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Des trois, c’est pourtant Pyongyang que je préfère, mais peut-être aussi par son actualité ou son dépaysement encore plus net. Delisle a renouvelé un peu sa méthode dans le dernier des trois, notamment dans ses chroniques d’excursions, sans bulles mais o combien expressives. Il y intègre aussi plus d’autres dessins “locaux” qui font connaître un peu mieux le pays à travers sa BD. Il a poursuivi son activité sur d’autres continents, de la même manière et j’aurais pu parler de celui consacré à Jerusalem. Pour une prochaine fois, le temps que je le trouve et le lise…


Ecrit le : 15/08/2017
Categorie : bd
Tags : 2000s,autobiographie,bd,birmanie,canada,chine,coréedunord,voyage

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