Blog - La mort, la viande et quelques croquettes

Non, je ne vais pas la jouer façon “Borne” genre : “on va tous mourir” ;-)… Juste parler de l’hypocrisie dont nous pouvons faire preuve à l’insu de notre plein gré.

Comme vous le savez, je suis végétarien et même vegan (bouh, tremblez…). Je ne vais pas vous bassiner avec les raisons éthiques de cela, je m’en suis déjà expliqué. Mais j’ai aussi des chats et eux ne sont pas vegans mais carnivores, comme d’autres animaux prédateurs dans la nature. Je sais que ça fera bondir encore des ultras mais c’est comme cela que je vois les choses. Sauf que les chats domestiques ne vont pas chez le boucher ou au supermarché et ne chassent pas dehors leur bouffe quotidienne. Ah les fainéants, même pas foutu de chasser car ils ont du m’entendre dire que la chasse et la pêche , c’est mal. Ils comptent sur moi pour leur apporter un repas plusieurs fois par jour. Pour ça, on peut passer par des trucs industriels, dont la plupart sont proches de la merde en boite. Ou bien alors, on peut choisir des fournisseurs plus éthiques et faire aussi ce que l’on appelle la “Nourriture maison”.

Alors me voilà l’autre jour avec un beau paquet d’escalopes de poulet à préparer, du poulet élevé en plein air, sans grain OGM etc…Mais il va bien falloir prendre ces morceaux de barbaque à pleine main et découper, cuire (oui, je ne les ai pas converti encore à la viande crue) etc. On a donc un animal mort juste au contact de sa peau, un morceau qui se trouve assez loin de la forme de l’animal, mais ça serait pareil avec une cuisse, une aile… Ca dégoute, mais à un moment, on le fait, on découpe et on prend de la distance : On perd la capacité à voir l’animal derrière la nourriture. C’est évident lorsque l’on refile des croquettes et des boites mais ça arrive aussi dans ces moments là. C’est là que certains vegans pensent égoïstement à eux en donnant des croquettes vegans. Oui, je sais qu’on peut aussi se passer de chat mais ceux là étaient abandonnés, traumatisés, voir infirmes et ne se reproduiront pas. Et je suis lâche de ne pas tuer moi même le poulet, diront d’autres…

A ce moment, j’ai pensé aux personnes qui travaillent dans les abattoirs. Oui, ceux qu’on pointe du doigt dans les vidéos de L214. Rares sont ceux qui le font par choix, j’imagine mais parce qu’il faut un boulot pour survivre, vivre peut-être. Mais on ne sort pas indemne de ces lieux de toutes les horreurs. Des auteurs ont expliqué les parallèles techniques avec les pires horreurs de l’holocauste. Dans ces moments où j’en viens à oublier ce que je fais, je m’imagine le pire de l’humain. Je lisais un livre dont je reparlerai prochainement sur les coulisses d’un zoo. A un moment, le soigneur du zoo découpe une carcasse pour les tigres. L’auteur s’étonne aussi de la douceur et la prévenance des soigneurs pour les animaux et du fait qu’ils découpent sans sourciller un autre animal. C’est pour moi un des mystères du cerveau humain.

Alors là, on nous sort des tonnes de concepts pour masquer la grande ignorance que nous avons de notre fonctionnement. Le “Cerveau reptilien” en est un, un concept remis en cause et fantasmé. On parle du coté primaire, de l’homme de cro-magnon qui subsiste en nous, de la violence qui fait partie de nous. Le coté prédateur est mis en avant jusque dans le monde des affaires. Donald Trump a sa petite théorie sur le “mâle dominant” et j’en passe…qui fleurent bon l’eugénisme. Mais tout de même, dans ces moments où l’on se surprend avec un comportement qui ne devrait pas être, il est bon de se regarder soi-même en face. On peut évidemment imaginer le pire, le coup de folie décrit parfois quand on ne sait pas expliquer rationnellement des passages à l’acte. Regardez l’affaire de la famille Troadec et un type normal qui va en arriver à la pire des choses pour quelques pièces d’or. Oh, bien sûr, la ménagère ou le père de famille qui découpe un steak sans éprouver de dégoût ne va pas être un tueur en série le lendemain. Mais ça interroge sur la distance que l’on prend trop souvent avec les réalités.

C’est justement de cette distance dont profitent les spécialistes du marketing, pour bâtir des imaginaires. Je lisais dans le Canard Enchainé le truc de Danone pour vendre des yaourts aux fruits aux enfants…. qui n’ont pas un gramme de fruit. Le produit Danonino a été modifié en Belgique mais pas en France, patrie de cette multinationale toute puissante. On ne sait plus d’où viennent les produits que l’on mange, on ne se pose plus la question des saisons, des transports, de l’abattage. On va vers la facilité et si parfois on fait attention pour une chose, on l’oublie pour le produit suivant sur la liste des courses. Même les adeptes des courses de produits en vrac (c’est la mode chez le bobo parisien) l’oublient. Car avant le vrac, l’absence d’emballage, il y a un produit. Le vrac finit lui même par faire oublier l’imaginaire de la boite pour le remplacer par un imaginaire pseudo-éthique. Dans tout cela, rien n’est à jeter ou à privilégier à tout crin. Mais quand même, il y a vraiment des moments où c’est bon de se reprendre en main et de se poser des petites questions sans se mettre sur un piédestal à cause d’une bonne action.

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Ecrit le : 25/03/2017
Categorie : vegan
Tags : alimentation,animalisme,éthique,blog,consommation,Réflexion,santé,végétarisme,vegan

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