BD - Michel Vaillant 1 - Le Grand Défi de Jean Graton (1959)

Michel Vaillant, c’est un peu de ce qui m’a fait aimer l’automobile, sans doute. Pourtant, je suis né bien après lui. Ce premier épisode est-il encore “lisible” aujourd’hui ?

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Si je possède beaucoup des premiers albums (réédités de nombreuses fois), cela fait un moment que je ne les ai pas réouverts. C’est un peu un voyage dans le temps, autant dans mon adolescence que dans l’histoire de la course automobile. Ce premier épisode date de 1959, et on peut dire que les voitures sont celles de la saison de formule 1 1957 (car on parle du titre de Fangio). On y croise en effet la Vanwall, première voiture anglaise championne du monde en … 1958. Mais c’est donc la première apparition de Michel Vaillant, le champion français, fils de la famille Vaillant qui construit les voitures de la marque … Vaillante. Et pour ce premier épisode, il va défier les pilotes américains, qui critiquent le championnat du monde, soit-disant pas représentatif. A cette époque, les pilotes de F1 courraient aussi en Endurance donc ce n’est pas une surprise de retrouver notre héros sur les 24h du Mans. On retrouve aussi le grand prix de Buenos Aires, de Francorchamp…normal pour le style franco-belge.

Le début est assez bavard avec de grosses bulles pour expliquer le contexte. Et peu à peu, on rentre dans l’action, dans les courses automobiles… mais aussi dans la France des années 50. Aujourd’hui, cela paraît démodé, notamment pour la place de la femme, pour la vision paternaliste du capitaine d’industrie. Il en était ainsi…Et puis il y a le dessin extrêmement réaliste et précis de Graton qui devient presque un reportage. Pourtant, le rythme de l’histoire est plus rapide que ce qu’il fera par la suite, passant rapidement d’une course à l’autre, sans trop de détails ou de rencontres avec les figures de l’époque. Graton est encore un débutant dans le journal de Tintin et son héros, un grand inconnu du Continental Circus. Ouvrir une telle BD, c’est accepter le voyage… ou pas.

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Si j’oublie mon coté fan et nostalgique, je dois avouer que ça a vieilli et que Graton mettra plus de rythme ensuite, avec un scénario moins prévisible. Il y a des rebondissements, c’est sûr, l’angoisse de l’accident, et comme on sait maintenant qu’il sera copain avec Steve Warson, on se demande comme ces deux ennemis du premier épisode, vont travailler ensemble. Ce qui me plaisait aussi, c’étaient les créations automobiles de Graton, toujours un peu futuristes. Ici, c’est la Vaillante grand tourisme, une voiture qui a quelque chose d’Alfa Roméo et de Facel Vega, avec une bulle de verre et des improbables portes papillons (la Mercedes 300 SL étaient déjà sorties…). C’est irréaliste mais ça faisait rêver.

Aujourd’hui, c’est 35 ans de plus et je rêve pourtant encore, ce que les concept-cars ne font plus vraiment. Plus qu’une histoire en bande dessinée, ce premier épisode invitait au rêve, à la passion et ça me fait encore quelque chose de la relire. Je découvre maintenant que le fils de Jean Graton a relancé la série avec de nouveaux dessinateurs. Il faudra que je m’y penche, avec mon âme d’enfant. Un enfant d’aujourd’hui aura peut-être du mal à comprendre comment on pouvait courir avec un petit casque ridicule et en bras de chemise à 290km/h sur un anneau en ayant plus de 40 ans (l’age de Fangio était de 46 ans !). Oui, il fallait être fou et maintenant, les vieux Michel Vaillant sont aussi des témoignages. A suivre pour d’autres albums …


Ecrit le : 10/07/2017
Categorie : bd
Tags : 1950s,Automobile,bd,course,franco-belge,histoire,michelvaillant

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