Blog - L'obsolescence du libre

Je reviens au sujet du logiciel libre, qu’on croît trop souvent épargné par l’obsolescence programmée. C’est en voyant le beau-frère se démener à faire fonctionner une vieille machine que j’en suis arrivé à ce billet. 

Il a commencé par récupérer un Apple powebook G4. Il y a 15 ans, j’ai eu un iBook G3, le petit frère de cette bête de course. C’est pour vous situer un peu l’age de l’engin. Baptisé Titanium à cause de son matériau, c’était le summum de l’ordinateur portable, le truc qu’avaient les musiciens, les graphistes, les photographes, malgré un prix astronomique qu’on peut estimer aujourd’hui à ce que serait un portable à 3500€. Pour vous situer le truc :

Il tourne en Mac OSX 10.5 (Leopard)dont la dernière version date de 2009, le support s’arrêtant en 2012 ce qui est pas mal pour un machine de 2002 déjà, chez Apple. Alors mon forcené de beau frère, qui a connu des fondateurs de framasoft quand il était jeune, s’est dit qu’un petit BSD des familles, ça pourrait le faire, vu que c’est un cousin d’OSX. Entre Free BSD et Open BSD, son coeur balance….Mais pas d’autre solution que de compiler le free BSD et là, ça coince déjà. 24h plus tard, pas grand chose. Un tour sur le projet FreeBSD/PPC donne des dernières nouvelles datant d‘Hérode. Open BSD s’annonce mieux et ça démarre effectivement. Par contre, là où ça coince, c’est pour mettre un environnement graphique correct : Rien d’autre que XFCE ne fonctionne correctement et encore au forceps. Bon, pour ses besoins hardcore, ça va mais pour un individu lambda, c’est impossible. Coté OSX, c’est évidemment sur des outils aussi basique qu’un navigateur internet à jour que ça coince, Apple ne supportant plus l’environnement PowerPC et les vieilles versions d’OSX.

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Un G4 en action

Je trouve ça assez amusant en fait car de mon côté, j’ai mon petit Atom qui n’est guère plus fringuant que ce powerPC et qui pourtant tourne encore sur une Debian de l’année dernière avec un navigateur toujours à jour. Ce powerbook tourne pourtant parfaitement, sans signe d’usure et il va terminer ses jours comme morceau d’un cluster de calcul, ou firewall, que sais-je. Beaucoup de ses congénères doivent avoir terminé dans une décharge ou même très loin d’ici. J’ai bien pire à mon boulot comme machine strictement dédiée à la mesure, sans aucune connexion, avec des logiciels obsolètes qu’il est difficile de virtualiser. C’est là que je trouve ça triste. Ce macBook m’a fait rêver à l’époque, un peu comme une voiture ancienne qu’on rêverait d’avoir maintenant. Sauf que dans le monde de la technologie, il n’y a aucune place pour les sentiments, pour l’optimisation de ce que l’on a. On enterre, on piétine avec sauvagerie, on réinvente l’eau tiède différemment….Cette machine qui a servi à créer des films, des hits musicaux, à sauver peut-être des vies dans le monde médical, est aujourd’hui jetée à la poubelle de l’histoire.

Le logiciel libre, cette branche de l’ingénierie logicielle issue du monde hacker, me semble avoir perdu un peu de son âme… Évidemment, il y a le progrès, nécessaire, sans quoi nous serions encore à calculer des trajectoires de satellites à la règle à calcul. On ne peut indéfiniment supporter tous les hardwares non plus, surtout ceux qui furent des erreurs (coucou Via, Cyrix, Transmeta… ). Mais parfois, j’ai l’impression qu’on se repose trop sur les capacités hardware pour sortir un code pas tip top mais qui fait le boulot. Ceux qui ont connu les machines antérieures à l’age d’internet, les vieilles consoles, comprendront où je veux en venir. Aujourd’hui même une console de salon comme la XBOX ou la PS4 voit son hardware évoluer au bout de 3 ans de vie : Du délire quand on n’a même pas vu le 1/4 du bout des possibilités du CPU et du GPU. Mais aujourd’hui, on a aussi une pression pour sortir tout vite avec la béquille de la mise à jour online…

Le logiciel libre étant lui même perdu dans tous les sens (trop de hardware, trop de forks, trop d’environnements et bibliothèques), on ne peut se concentrer sur l’essentiel. Quand autrefois un labo de recherche comme celui du MIT n’avait qu’un ou deux type de machine, on pouvait se permettre d’en tirer la quintessence. Aujourd’hui on va sur d’autres buts. Idem pour les smartphones d’ailleurs où même Apple ne supporte aucun hardware au delà de 4 ou 5 ans. D’ailleurs, s’il n’y avait pas un problème de brevet avec ces fanatiques de pommes, je pense que c’est là dessus que devrait se concentrer le logiciel libre : Rendre moins obsolète ces produits tout à fait utilisables pour des taches très actuelles. Le microcosme apple a l’avantage d’une diversité limitée et disponible en occasion (trop chère aussi…) On parle beaucoup de transition écologique… c’en est une de remettre en valeur ce qui fonctionne encore. De toute façon, mon prochain pc sera d’occasion et issu du monde pro.

Mais au sujet de smartphone, j’ai enfin passé le Moto E de madame à une autre ROM parce que Android 6.0 était une véritable catastrophe dans son portage by Lenovo! Pour assurer le coup, niveau ressource, j’ai préféré chercher un peu du coté d’Android 5.1.1 et donc j’ai choisi la Cyanogen Mod 12.1. Au moins, je me débarasse de quelques googlismes mais alors je me suis fait chier pour l’installer. Autant c’était facile pour débloquer le bootloader malgré les coups tordus de Motorola (on fait sauter la garantie s’il en a une et il faut copier une 4 lignes de 15 caractères sur le site), autant il a fallu que je recommence 5 fois la même chose pour arriver à installer le recovery, sans comprendre pourquoi ça a fonctionné d’un seul coup. Pour la Rom, ça ne voulait pas non plus en suivant les tutoriels français ou US (Phonandroid et xdadev comme d’hab) donc j’ai fait au feeling et je suis passé en force. Miracle, ça marche. Il manquait juste une petite fonctionnalité sur l’appareil photo (la sauvegarde sur SD) que j’ai rajouté après. L’agenda fourni est buggé mais j’ai pu le virer simplement. Le root est natif et tout fonctionne dans une grande fluidité retrouvée. De quoi prolonger la vie de ce téléphone, même si coté sécurité, il va falloir se passer de google et patcher “à la main”.  J’avais choisi le moto E (90€!!) à cause de sa grande communauté, notamment en Italie et en Inde, ce qui prolonge d’autant sa vie. A méditer… Pour le reste, l’amélioration ne saute pas aux yeux mais l’indépendance de google, si! Je verrai un jour pour un des Sony sous Lineage, peut-être.

En video : video


Ecrit le : 07/10/2017
Categorie : geek, reflexion
Tags : apple,logiciellibre,obsolescence,openBSD,OSX,Réflexion

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