Blog - De la valeur des choses

Parfois en regardant autour de soi, on s’interroge sur la valeur des choses. Et de la musique aux études en passant par l’industrie du web, il y a de quoi s’interroger sur la bonne marche de ce monde.

Musique et jeu, même combat?

Je poursuis donc le remplissage de ma base de données “discothèque” avec mes CD. Achetés entre 10 et 15 euros neufs, j’ai constaté que la plupart ne valent plus que 1 à 2 euros aujourd’hui. Et pendant ce temps là, on trouve ces mêmes albums en streaming ou bien en téléchargement légal à 9,90 ou moins. Bref, un mélomane intelligent ira acheter des tonnes de CD d’occasion pour les numériser lui même et cela en toute légalité. Il n’y a que quelques raretés qui côtent plus que le prix d’origine. Mais encore faut-il trouver le client (rou rou….)? C’est un peu la même chose dans le Rétrogaming où les jeux GBA, DS, PS2, XBOX sont aux côtes les plus basses. Par contre pour les consoles plus anciennes, il y a des prix qui remontent. Et les consoles récentes ont des jeux surcotés en occasion. Bref, c’est le royaume de la spéculation et tout cela est lié aux modes, au temps. Les plateformes dématérialisées essayent de profiter de cela en revendant des anciens titres portés/adaptés sur les nouvelles consoles. C’est plus ou moins bien fait et on peut s’interroger sur la valeur. Ainsi on a du Final Fantasy original sur Android vendu à plus de 15 Euros et quasi ininstallable sur la majorité des smartphones du marché. On a eu aussi des portages Sega sur XBOX 360 qui étaient baclés. Mais en général, les joueurs le font payer cher aux éditeurs en les boudant et on revient à un peu plus de réalisme de leur part.

Mais coté Musique, il y a toujours des choses que je ne comprends pas… Je cherche souvent à savoir ce qui est disponible sur les plateformes légales (certains y renvoient depuis la fermeture du moribond T411) , dans les albums que je possède. Et sans arrêt je trouve des trucs illogiques. Par exemple, pour FFF, le groupe de Marco Prince et Yarol Poupaud, on trouve le fameux live Vivants, les deux premiers albums, une réédition des trois premiers mais dont l’album éponyme est modifié et tronqué, mais jamais le “Vierge” qui est sorti chez un autre label. De ce fait, ce dernier album se retrouve surcoté à la Fnac ou Amazon à plus de 25 euros parfois. Je ne parle même pas des prix des vinyls qui sont l’objet de spéculations peu en rapport avec la valeur musicale du bien. Et selon les accords avec une maison de disque, un album peut être disponible un jour et disparaître le lendemain, sachant en plus que les artistes gagnent encore moins qu’avant, pire encore en streaming.  Un peu comme pour l’art, il y a un fossé entre le mélomane et le collectionneur, le premier évitant le plus souvent les grands circuits de téléchargement légal, le supermarché de la musique. On pourrait parler de fossé entre la réalité et la valeur.

L’éducation à vendre

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En prenant connaissance des frais de scolarité des grandes écoles, j’ai eu aussi ce sentiment. J’ai vraiment l’impression qu’il y a deux mondes : D’un coté les grandes écoles d’ingénieurs dont les frais peuvent aller jusqu’à 9000 Euros sur 3 ans. Et de l’autre, les écoles de commerce qui vont de 20000 à 45000 euros pour 3 ans (une nièce est en plein dedans…). On peut me dire ce qu’on veut mais tant au niveau qualitatif des profs que du coté du matériel disponible, rien ne justifie un tarif multiplié par 5. C’est en réalité un gros business derrière, avec des prêts étudiants qui seront remboursés par les premiers salaires qui sont aussi détachés de la réalité. Parce qu’on valorise plus celui qui vend par rapport à celui qui crée, dans ce monde. Sans créateur, sans ingénieur, le marketeux et le commercial seront bien dans la merde… Mais aujourd’hui, on s’oriente clairement vers une sélection par l’argent, à l’américaine, où les salaires ne parviennent même plus à rembourser les prêts. Pour faire joli, on donne quelques bourses à des exceptions de quartiers défavorisés mais c’est bien une politique de fond qui détruit le marché de l’emploi, indirectement. Et puis, bien souvent, le plus dur est dans la sélection de la première année. Je connais bien des écoles de commerce dont les lauréats sont très creux lorsqu’ils se retrouvent dans le monde du travail, faute de réelle préparation. Mais allez comprendre le classement de ces écoles… La réalité est loin de cela. (voir aussi l’article d’Agnès)

Le prix de l’info

Et dans la presse, c’est aussi la même chose. Deux journalistes français et un irakien sont morts à Mossoul. Ils risquaient leur vie pour ramener des images qui sont diffusées bien plus rarement que du divertissement et du people. Leur salaire n’a strictement rien à voir avec les stars du divertissement, les animateurs d’émission putassières. Le moindre chroniqueur de TPMP gagne plus qu’un grand reporter avec ses piges. Aujourd’hui, il y a de moins en moins de grands reporters et de correspondants à l’étranger. Ce n’est pas qu’un phénomène français mais un phénomène dénoncé depuis longtemps aux USA. Dan Rather en avait fait état avant de partir à la retraite, par exemple. On préfère faire du divertissement, dépenser pour des scoops sur les stars que payer quelqu’un à parler des choses importantes qui se passent dans le monde. Les pays regardent leur nombril, ignorant leur voisin, même européen, bâtissant des murs et des barbelés. Les investisseurs derrière les titres de la presse et les chaines ne veulent pas qu’on dérange leurs business, souvent douteux (cf Bolloré en Afrique, le social chez Amazon/Jeff Bezos…).

Le prix du néant

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Cette différence se rencontre aussi dans la cote des entreprises, leur valorisation boursière. Là, il y a deux mondes : Les entreprises du web ou dites “du numérique”, et les autres. Snapchat vient de racheter la société française Zenly 300 Millions de dollars. Un certain Xavier Niel avait investi dans Zenly justement en pensant à la revente. Mais au fait, ils font quoi Zenly? Du mapping social… C’est à dire connaître où sont les gens pour les mettre en relation les uns les autres, et surtout avec des marques à proximité. Mi 2016, ils revendiquaient 350  000 utilisateurs et visaient le million, avec 80 000 utilisateurs journaliers. Ca fait cher l’utilisateur ! En réalité, Snapchat achète une technologie qui intéresserait des concurrents, fermera la boite et intégrera au mieux une partie du truc. Snapchat, c’est quand même une boite qui est moribonde pour pas mal d’investisseurs. Alors d’où viennent les 300 millions ? Pendant ce temps là, beaucoup de boites aimeraient avoir ces millions pour développer de l’économie réelle, payer des gens qui existent vraiment. Pendant ce temps là, on a démantelé quasiment tous les fondeurs et emboutisseurs en France (cf GM&S)…. La valorisation boursière de nos constructeurs automobile a été parfois divisé par 3. Allez comprendre… sinon qu’un jour cela explosera à nouveau.

La gratuité du libre, mais pas à tout prix

Et puis on parle du logiciel libre, souvent considéré comme gratuit ce qui excuserait tout. Cyrille a soulevé le problème de la garantie du logiciel libre. Comme je le préssentais, la nouvelle Debian Stretch déconne un peu dans ses premières versions et comme tout O.S., il faut se hâter d’attendre pour une machine “de production”. Malheureusement, le fait de pouvoir faire des mises à jour périodiques pousse de plus en plus à bacler des tests. On a connu ça sur les jeux vidéos, il n’y a pas de raison que ça n’arrive pas dans le libre, même chez les plus vertueux. Sauf que la garantie de se faire rembourser quelque chose de gratuit n’existe pas. La garantie du libre, c’est sa communauté d’utilisateurs et à force de la tirailler entre trop de projets, elle s’étire et disparaît. Si certains préfèrent gueuler contre les mécontents, libre à eux mais ils se trompent tellement de combat qu’ils resteront tous seuls avec leur jouet en pleurant sur le gâchis. Nous sommes pourtant nombreux à dire que l’on ne peut pas courir tous les chevaux à la fois et que si GNU/Linux a décollé un temps, c’est que l’arbre avait peu de branches à ce moment. Je serai Distrowatch, j’écrirais une charte pour savoir si une distrib  a un intérêt autre que la branlette… J’irai même jusqu’à interdire le repompage de code et d’outils chez 75% des distributions, jusqu’à virer la moitié des environnements pour qu’enfin on fignole les meilleurs…. Peut-être qu’on aurait une vraie distribution fiable pour malvoyants, si vous voyez ce que je veux dire, et pas des morceaux d’outils dans tous les sens. Mais bon, je ne suis qu’un modeste utilisateur qui ne connaît rien au code et à l’administration système, hein.

Alors comme on dit, dormez braves gens…

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Ecrit le : 01/07/2017
Categorie : reflexion
Tags : éducation,debian,finance,geek,Geekeries,grandesécoles,industrie,linux,logiciellibre,Musique,presse,Réflexion,retrogaming

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