Littérature - Que ta volonté soit faite de Maxime Chattam (2015)

J’avoue, je suis parfois assez client de ce qu’on appelle les “Page turner”, le genre de livre qu’on ne peut pas laisser tomber avant de savoir le dénouement, le coupable du crime, la solution de l’énigme. En France, dans ce genre plus souvent anglo-saxon, nous avons Maxime Chattam et j’ai été intrigué par cet enième roman.

Dans une petite bourgade du midwest, le petit Jon Petersen naît d’une union entre un méthodiste et une luthérienne, ce qui déclenchera une guerre familiale qui s’achève en massacre sordide. Mais bien vite, le garçon montre des prédispositions pour la solitude et la torture des insectes. Elevé par un grand père alcoolique et brutal, et deux tantes, il va devenir peu à peu la figure du mal et le paria de ce village, sans que le sherif Jarvis Jefferson ne puisse rien trouver à lui reprocher. Jusqu’au jour où…

Ce n’est pas le premier Chattam que je lis et je pouvais lui reprocher un mimétisme dans les structures narratives de ses ouvrages. Cette fois, il tente de changer ses habitudes en s’adressant directement au lecteur à travers un étrange narrateur. Ce narrateur devient vite omniscient, ce qui est assez étonnant quand on connaît la conclusion. Ce procédé adopté par Chattam n’est pas sans maladresse.Mais pourtant, après cette introduction incongrue, le récit parvient à démarrer et à saisir le lecteur. L’animaliste que je suis aurait pourtant dû laisser tomber ce bouquin à la première scène, véritablement cauchemardesque.

J’ai poursuivi pourtant dans cette petite galerie des horreurs qui nous fait croire à un parcours de tueur en série. Chattam n’évite pas les clichés du genre mais après tout, ses études de criminologie lui font aussi reprendre des schémas très classiques. Je ne vous révèlerai pas les ficelles mais je me suis laissé avoir naïvement, donc bravo à l’auteur. Le contrat de “page turner” est donc rempli mais ce n’est pas ce qui m’a poussé à écrire cette chronique. Car à travers cette chronique d’une petite ville américaine, républicaine et chrétienne, Chattam introduit certains thèmes plutôt intéressants.

Ce n’est pas dévoiler trop de choses de l’intrigue que de parler de viol. L’auteur ne s’arrête pas sur une quelconque description de l’acte mais prend plus de temps à en décrire les conséquences. Il le fera pour les victimes évidemment mais aussi pour leur entourage, dans les réactions des familles ou amis. Chattam est plutôt à l’aise dans ce volet de son récit et je le trouve très bienvenu. Il parle véritablement d’une destruction ou d’une reconstruction de personnalité et en donne même plusieurs aspects.

L’autre volet intéressant mais que je trouve sous exploité, malgré le titre, c’est le volet religieux. Il n’utilise en effet pas trop les spécificités entre lutheriens et méthodistes, si ce n’est dans un passage. Mais il aborde aussi un des problèmes de la religion chrétienne qu’est la confession. Il n’aborde pas la notion de pardon, ni même l’absolution. Il aurait pu dans la mort du grand-père Petersen, l’exploiter mais cela aurait ralonger un récit qui n’est pas fait pour cela, finalement. Sans doute se pose-t-il aussi des questions sur ce sujet et j’ai l’impression que le shérif Jarvis est assez proche de ses propres pensées.

Vous en savez suffisamment maintenant  pour tenter l’aventure dans ce récit… ou pas.


Ecrit le : 21/02/2017
Categorie : litterature
Tags : 2010s,horreur,littérature,LittératureetBD,religion,roman,tueurensérie,viol

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