Blog - Wikipedia et le libre, du problème de l'objectivité

On parle souvent de Wikipedia et de ses failles. Des profs vont jusqu’à déconseiller son utilisation. J’ai moi même corrigé certaines fautes dans des articles techniques, mais si faille il y a, il tient à chacun, selon ses capacités, à proposer des corrections. A moins qu’il s’agisse d’un problème d’objectivité.

Les acquis scientifiques peuvent être remis en cause et des résultats orientés à dessein. C’est parfois pire dans ce qui est des sciences humaines ou ce qui est considéré à tort comme science. Difficile toutefois de généraliser. Les articles de toute source d’information et donc de Wikipedia posent un problème d’objectivité. Ainsi, sur un article concernant l’histoire contemporaine du Chili, on note de grosses différences entre les versions dans les différentes langues. Que l’on soit anglophone, francophone ou hispanophone, la période de la dictature et précédent la dictature n’est pas vue de la même manière et on sombre parfois dans l’illisible, tant chaque camp semble avoir modifié les articles dans tous les sens. Je conseille souvent aux stagiaires et apprentis de regarder plusieurs sources et plusieurs langues dans leurs recherches. Mais ici, cela ne suffit pas et il faut avoir effectivement d’autres sources pour consolider sa vision des choses. A force de passer du noir au blanc, on ne voit même plus le gris. Si au moins les chiffres étaient tous là pour qu’on puisse faire le tri, mais il y a une manière de les présenter, ou de les choisirs qui fait dériver alors le sujet vers un choix politique.

Pourtant, ce n’est pas le seul domaine où l’objectivité est un problème. Dans le logiciel libre, et plus particulièrement les distributions GNU/Linux, il y a des choix qui sont faits. Dans un premier temps, il y a le choix d’une “interface” ou d’un Destktop qui sont des choix de forme. C’est finalement pour donner de la personnalité à une distribution. Mais tout le monde n’adhérera pas à cela. On peut faire beau mais pas pratique, moche et pratique, faire un truc très “material design”, singer un autre OS, etc…Dans les interfaces on peut privilégier des boutons, du texte, des menus, etc… Et au final, le jugement du testeur/utilisateur sera fortement impacté, ou pas, selon ses propres priorités. Mais on peut aussi s’amuser ensuite à faire des combinaisons contre nature, comme celle là, par exemple. Pourtant, le coeur du système restera le même, avec des applications similaires.

Justement, le choix des packages a plus d’importance qu’on le pense dans les distributions. Dans un OS, dit classique, on peut avoir quelques applications pré-installées mais pour l’essentiel de son activité, il faut prévoir une suite bureautique, un logiciel de retouche/classement photo, du montage vidéo ou que sais-je encore…. Dans le monde du libre, on a souvent un ensemble complet qui devrait convenir à l’utilisateur. Et pourtant, il est aussi possible de rajouter ce que l’on veut, ou de partir de zéro pour faire ça à la carte. Alors parfois on peut se demander pourquoi on se retrouve avec 2 navigateurs, une suite bureautique bancale, en version beta, ancienne, des outils de développement incomplets. Bref, chacun ayant un objectif dans sa tête, il cherchera des outils dont il a l’habitude ou le besoin. Parfois je préfère quelque chose de très basique que j’aurai le plaisir d’agrémenter moi même des seuls outils dont j’ai réellement besoin. J’ai déjà exprimé ce regret de ne pouvoir sélectionner ce que je veux installer dans les installeurs graphiques. Mais c’est la tendance puisque même Microsoft a abandonné cela depuis bien longtemps sur ses windows. Mon jugement sera donc impacté par cela, mais il faut aussi que je pense à autrui, à M. et Mme Michu, à Tartempion et consors. Pas évident de montrer de l’empathie aussi.

Juger une distribution devient alors forcément complexe, que cela soit pour soi, ou pour un article. On doit voir l’aspect finition, fiabilité mais on ne peut faire abstraction de sentiments personnels comme le goût dans le jugement que l’on fait. Sur que ma debian préférée et très épurée ne plaira pas à tout le monde, dans son manque de launcher, de conky ou son fond d’écran, voir aussi ce que j’ai laissé comme packages au final. Si j’avais fait ma propre distrib, elle serait pour moi. Mais quand on fait une distrib pour les autres, on devrait alors essayer de penser à cela, à l’appropriation qu’auront nos congénères humains. Il va de soi que bon nombre des distributions devraient être rangées aux oubliettes, tant elles sont là pour des satisfactions personnelles du créateur. Mais quand il s’agit de juger le reste, je me contenterai bien finalement d’arguments très factuels, comme l’utilisation mémoire, la stabilité en charge, la fluidité, le temps de boot, l’accès aux dépots en standard, la reconnaissance de matériel…. ou alors, l’accès plus ou moins aisé à des fonctions essentielles. Argh, quelles sont elles justement ?

Et bien je me retrouve aussi dans ce même écueil dans des articles Wikipedia. Les sujets sont plus ou moins vagues, et plus ils sont vagues, plus ils nécessitent des subdivisions. Parfois une chapitre se transforme en un article complet, tant il prend de place. Mais selon la langue, cela peut varier, par manque de volontaires, ou manque d’atraît. Pourquoi aussi parler de certains aspects très personnels dans des biographies, au point que cela pèse plus qu’une synthèse sur la carrière artistique/professionnelle ? C’est purement une question de choix, et comme je l’avais dit dans le premier paragraphe, c’est aussi un choix dans les données statistiques que l’on fait apparaître. Mais à la différence d’une distribution qui peut être réalisée par une équipe de personne ou une seule personne, Wikipedia se base sur des strates d’utilisateurs dont l’orientation peut varier dans le temps, tout autant que le talent. De ce fait, on peut ou pas conseiller un article plutôt qu’un autre, mais comment avoir une vision critique lorsque l’on vient justement pour apprendre? Ce sont typiquement des questions que l’on ne se posait pas à l’époque du dictionnaire encyclopédique ou de l’encyclopédie Universalis, pour ne citer qu’elle.

Plus grave, on s’attaque de manière stupide à l’encyclopédie en ligne en prouvant par l’absurde que l’on peut mettre n’importe quoi en ligne. Cela n’a aucun intérêt de jeter le bébé avec l’eau du bain. Il ne viendrait pas non plus à l’esprit de critiquer les distributions GNU/Linux sur la foi d’un test d’une seule distribution foireuse, ou bien de critiquer les profs ou les journalistes sur le seul exemple d’une brebis galeuse. C’est pourtant bien ce qui se passe, et ça ne vaut pas que pour ces quelques exemples. L’amalgame est bien à la mode. Ce qui devrait plutôt être mis en lumière par des articles, c’est le manque de temps pris par chacun pour enrichir ou corriger des articles. Car ceux qui ont testé ces conneries auraient dû prendre du temps pour s’investir et partager. Je sais que je ne le fais pas assez moi-même. Les priorités de chacun et sa sensation d’avoir les compétences nécessaires font le reste. Mais dans la rédaction, plutôt que de traduire (souvent mal et sans homogénéité) un article d’une autre langue ou d’enrichir par des fioritures, il devrait toujours y avoir un souci d’objectivité, en faisant fi de ses croyances politiques, religieuses….


Ecrit le : 18/02/2017
Categorie : reflexion, geek
Tags : apprentissage,éducation,blog,distribution,Geekeries,jugement,linux,logiciellibre,Réflexion,regardcritique,wikipedia

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