Réflexion - Autodestruction

Des événements récents m’ont amené à penser que nous sommes très doués pour nous autodétruire, quelque soit le domaine…

Cela fait quelques années que je fréquente le milieu associatif, surtout de la protection animale, du végétarisme ou du caritatif. A fréquenter, virtuellement, celui du logiciel libre ne m’a appris qu’une chose : C’est pareil et ça n’est pas très reluisant. Je ne voudrais pas dissuader ceux qui veulent s’engager, pourtant…

Mais tout a commencé en voyant ce qu’a pu subir mon confrère Frédéric (ici et ) ces dernières semaines. Le personnage est cash, avec ses excès mais au moins c’est quelqu’un qui est franc et dira les choses qu’il pense. Frédéric est critique sur le monde du logiciel libre mais y participe très largement entre guides et participation à une distribution, ce qu’on néglige trop souvent. Comme Denis, autre poil à gratter du milieu, il se retrouve en première ligne des pugilats lorsque l’on parle des dérives du logiciel libre, que cela soit les distributions absurdes, les choix délirants de la fondation Mozilla, le manque chronique de finition, j’en passe (tiens, au passage, on en parle de l’impossibilité depuis 8 versions d’Android de lire correctement et encore plus d’écrire des documents OpenOffice/LibreOffice? ). Ca finit parfois par une colère stérile mais dans un monde qui se lisse, j’ai tendance à préférer cela, et je zappe ce qui ne m’intéresse pas. Qui aime bien chatie bien et on a le droit de ne pas aimer les critiques de tous les internautes mais à un moment, si on rend quelque chose public, il faut s’y faire (c’est aussi pour ça que je laisse des commentaires ouverts). Une oeuvre, une distribution, un logiciel libre, même combat. Mais quand on en vient à insulter directement des personnes, les harceler au téléphone ou ailleurs, les diffamer, ça va véritablement trop loin, plus loin que le trollisme, jusque dans le domaine légal, d’ailleurs. Un bon petit exemple façon JV.Com ne suffirait pas, comme on a pu voir il y a 2 mois avec cette lie de l’humanité qui envahissait Mastodon. L’humain est nuisible par essence, surtout quand il oublie le fond et ne s’attache qu’à la forme…

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Le massacre de la Saint Barthelmy par François Dubois (1584)

S’est rajouté là dessus un événement dans l’association de protection animale que j’aide parfois. Quand la numéro 2 quitte le navire après une dispute (dont j’ignore la source), ça se dit des noms d’oiseaux, ça devient la cour de récré et ça oublie simplement le but de tout cela : Aider les animaux. Après l’été, la détresse est maximale, les caisses sont comme toutes les petites associations, au plus bas et on manque toujours de bras et de bonnes volontés. Résultat, les suiveurs qui sont trop souvent là pour se montrer plutôt que pour agir, partent avec les dissidents. Les fidèles qui pensent d’abord à la mission de l’association, se font rares. C’est un immense gâchis et après 21 ans d’existence, on a l’impression de redémarrer à zéro. J’ai connu d’autres associations avec cette problématique. Il faut des caractères forts pour être efficace dans ce milieu, arracher des aides, négocier, placer des animaux, les soigner tout en essayant de concilier une vie professionnelle pour vivre. Cohabiter avec ces caractères n’est pas toujours de tout repos mais le but commun aide, en général. Ce sont à chaque fois des luttes entre associations pour des jalousies, car personne n’est foutu de s’entendre pour mutualiser des moyens, partager les dates dans les magasins pour les collectes. Il fut un temps où j’avais imaginé une solution technique pour régler le problème de la stérilisation des chats. Ma vision est utopique dans cette situation de conflit permanent où l’on passe plus de temps à apaiser les conflits de personnes que s’occuper des animaux.

Pour l’humain, ce n’est guère mieux. En Afrique, on a des abus de toutes sortes, au delà de la corruption locale. Une collègue qui a vécu quelques années au Mali m’en a raconté des vertes et des pas mûres qui rappellent des cas médiatiques. J’ai black listé quelques ONG de mes dons… Faire confiance aux locaux n’est jamais facile non plus et on ne peut pas toujours se rendre sur place pour voir ce qui est fait. Et pourtant, il y a tellement à faire à deux pas de chez soi comme plus loin. On en parle sur le forum de Cyrille, qui a lui aussi essuyé des problèmes dans l’associatif. J’en viens à me demander si l’humain n’est pas le parasite le plus doué pour détruire ce que font ses congénères, sauf qu’en plus il met ça sur le dos des autres… espèces. “Homo homini lupus est” ont dit de nombreux philosophes depuis la Grèce antique jusqu’à Schopenhauer avec différentes interprétations. L’humain est ainsi et il oublie la source de son engagement en pensant à lui. Ca fonctionne aussi en politique où la conservation du pouvoir vient à primer sur la défense de ses idées. Rares sont ceux qui résistent à cela. Même le petit chef de service ne voit que son petit pré-carré par rapport aux besoins de l’entreprise.

Pourtant, malgré ces comportements extrèmes, il faut continuer à **se mobiliser pour la bonne cause **(et pas pour aller mettre à sac une association qui aide les plus fragiles…), à participer selon ses moyens aux projets de ce type, que ça soit dans le libre ou dans le caritatif. Pour l’association citée plus haut, s’il y a ici des lecteurs dans l’Yonne ou la région parisienne, ça nous intéresse grandement. Chaque samedi, sur Paris, des Chats sont présentés à l’adoption. On recherche toujours des bonnes volontés pour cela, pour communiquer mais aussi pour accueillir, soigner, protéger. Pour le logiciel libre, même si on n’est pas militant, faire des retours de bugs et suggérer des améliorations aux développeurs est important. Encore faut-il avoir en face des moyens de le faire, un élément trop souvent oublié et le téléphone n’est clairement pas la meilleure idée !

L’autodestruction est bien présente à tous niveaux et en pro de l’autodestruction de blog, je me dis que c’est inscrit quelque part dans l’humain. Je parlais récemment de l’automobile et de notre comportement constituant à prendre toujours plus gros, plus lourd tout en demandant de la protection de l’environnement, un air plus sain… pour nous. Derrière cette autodestruction, il y a l’égoïsme, ce besoin de paraître, de ne penser qu’à son bien-être bien personnel. Même quand on se fait attaquer sur ce que l’on vient de mettre à disposition pour les autres, on ne ressent que l’attaque contre soi, sans penser à la justification de cette attaque, à un manque dans ce que l’on vient de faire. Dans le service, c’est oublier simplement que ce n’est pas au client de s’adapter mais au fournisseur du service de s’adapter, même s’il faut former, accompagner. C’est quelque chose que je vois tous les jours avec les nouveaux arrivants des sociétés de sous-traitance que je rencontre. C’est aussi s’adapter aux nouveaux moyens facilitateurs qu’apporte la dématérialisation numérique, par exemple. Dans une période où l’on nous parle de simplification administrative, où le service public de proximité disparaît, nous montrons surtout que nous sommes doués dans l’autodestruction de nos acquis, en ignorant une part de nos congénères, les plus agés qui ne peuvent plus se déplacer facilement et ne comprennent rien à l’informatique et internet. Faire payer du service à domicile n’est pas une réponse suffisante et encore moins les enfermer dans des mouroirs payés rubis sur l’ongle. Mais plus récemment, je voyais que les interface homme machine des voitures sont des délires complets qui font fuir les clients. Quand tu cherches 5 minutes à régler la température de climatisation, il y a un problème.

L’autodestruction c’est un peu être son propre dieu dans son petit monde. Je parlais du dictateur éclairé dans un précédent billet, mais certains vont plus loin et préfèrent risquer la destruction si ça ne va pas dans leur sens. Évidemment, l’importance n’est pas si grande pour un simple logiciel, un site web où il n’y a pas mort d’homme/d’animaux. Mais parfois on ne se rend pas forcément compte de l’impact de ce que l’on fait/produit. C’est aussi là qu’il faut penser que l’on n’est pas immortel, car “on va tous mourir”. Une forme d’autodestruction programmée ?

En video : video

PS : certains souhaitent faire des “meetings” de communauté dans la vie réelle…Je les refuse tous depuis des années car c’est en général la goutte d’eau qui fait déborder le vase et tout forum ou toute communauté est vouée à une destruction de l’intérieure par le clanisme selon une théorie du chaos bien humaine. A bon entendeur, l’ours retourne dans sa grotte.


Ecrit le : 13/10/2018
Categorie : reflexion
Tags : association,blog,caritatif,humanitaire,logiciellibre,Réflexion,société

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