Blog - Lifehacking et vieillissement

Il y a peu, je lisais un livre sur les “Hackers” (chronique plus tard…), un terme mis à toutes les sauces et dont la définition est fluctuante. Il en découle le terme “Lifehacking” dont curieusement il n’y a même pas de version française dans Wikipedia. De quoi me faire m’interroger sur ce que ça serait dans la vie de tous les jours et comment cela évolue.

Le terme Lifehacking pourrait être décrit ainsi :

Il se réfère à toute astuce, raccourci, compétence ou méthode novatrice qui augmente la productivité et l’efficacité, dans tous les domaines de la vie. Le terme a été principalement utilisé par les informaticiens qui souffrent d’une surcharge d’informations ou ceux qui ont une curiosité ludique quant à la manière dont ils peuvent accélérer leur flux de travail autrement que par la programmation.

L’humain tend-il naturellement vers cela ? Est-ce que cela est applicable à toutes les professions ? La définition ci-dessus me paraît réductrice. Il y a toute une philosophie derrière qui va de la compréhension du fonctionnement des outils dont on dispose jusqu’au regroupement de compétences variées pour un objectif. Ainsi, les garages communautaires sont pour moi un forme de Lifehacking  dans le sens où l’on essaie de comprendre comment fonctionne son véhicule, à l’aide d’autres compétences. Il y a alors optimisation des moyens mis en commun avec l’objectif de faire fonctionner le parc de véhicule des adhérents, voir à les améliorer. Le Lifehacking c’est aussi détourner un objet ou outil de son usage originel parfois. C’est ce que j’ai fait avec un installeur de logiciel pour les besoins d’un groupe de travail, par exemple. Mais ça peut être tous les bricolages que nous propose Anatolem sur son blog. Quand je regarde autour de moi, je vois bien que le système D est répandu pour répondre à des problématiques de tous les jours et que l’humain a une faculté d’adaptation et à trouver des solutions par lui même. Ce n’est pas toujours très réussi mais il y a de cela.

Le plus curieux dans tout cela c’est qu’une personne qui aime bricoler et transformer pourra être effrayée par l’outil informatique alors qu’il/elle sera capable de désosser et remonter une mécanique complexe. Mais j’ai vu des forums orientés informatique faire des sujets à rallonge sur la fabrication du pain, chercher à comprendre le processus, l’optimiser de manière approfondie. Comme quoi il n’y a de limites que celles que l’on se fixe soi-même… ou de sa maladresse. J’ai tendance à essayer de me former moi-même à trouver les tutoriels lorsqu’il y en a mais je n’irai pas acheter/louer un matériel lourd que je mettrai du temps à maîtriser par contre. Je préfère alors faire appel à un professionnel. C’était la problématique de mes soucis d’évacuation d’eau (oui, je suis confrère de machine à caca d’une autre personne ;-) ) où il fallait vraiment trop de matériel pour aller chercher les racines qui bloquaient le long de la maison. Cela n’empêche pas qu’aujourd’hui, j’ai compris où passent les eaux usées, comment anticiper et remédier à ces problèmes, les causes potentielles. Je ne suis pas un très grand bricoleur mais je sais me dépanner suffisamment à mon goût pour l’instant. Et quand je vois que certains chauffagistes sont un peu dépassés par les soucis de connectiques des panneaux de contrôle des chaudières, je me dis qu’il y a des marges de progrès chez tout le monde.

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Oeuvre du plasticien Victor Vasarely

Cet esprit Lifehacking, je pense l’avoir dans beaucoup de choses au boulot. Je commence par comprendre une problème, faire un outil simple pour le résoudre puis penser plus général pour pouvoir confier cela à d’autres personnes. C’est ainsi que j’ai procédé récemment pour des calculs d’incertitudes de mesure, en explorant à la fois les normes, les outils disponibles et en regardant à qui pourrait être destiné l’outil. J’ai commencé par de petits calculs simples puis j’ai synthétisé tous ces cas dans une feuille de calcul plus complète en vérifiant pas à pas que cela fonctionnait. Là encore, le Kaizen fait améliorer l’outil au fur et à mesure avec en ligne de mire la satisfaction du demandeur. Mais c’est aussi s’inspirer de ce qui existe, ne pas réinventer quelque chose qui existe déjà. Ainsi j’avais créé une checklist pour répondre à une autre problématique quand j’ai trouvé dans un autre service ce que je voulais. Pas la peine de faire une copie quand on peut pointer sur l’original et l’expliquer aux collègues. Mais dans les grandes entreprises, il y a des chapelles et ce partage des bonnes pratiques et outils manque. Yammer, le réseau social d’entreprise de Microsoft, ne fonctionne clairement pas…Et j’entendais des collègues protéger leurs modes opératoires pour ne pas être pillés par des … collègues, pas des prestataires extérieurs (car il est important de penser confidentialité aussi dans l’entreprise).

Le partage des compétences est la clé et Wikipedia est un outil de Lifehacking. Mais si je parle de la vie en entreprise, on apprend des autres, de leurs compétences passées qui ne sont pas forcément utilisées aujourd’hui. Ainsi je vais voir des collègues qui ont une expérience du monde de la production, d’autres qui sont de purs métrologues, du niveau des laboratoires primaires et je discute aussi avec les gens qui exploitent cela sur le terrain. Tous ont à apporter quelque chose et ne doivent pas être sous-estimés. Le plus dur est de faire le compromis et la synthèse. C’est ainsi que ce travail d’équipe a débouché sur un moyen d’étalonnage qui a coûté une somme modique et va rendre bien des services : Mise en partage des moyens et des compétences ! Sur le marché du neuf, ça n’existait pas, de toute façon! J’ai parfois l’impression que l’enseignement oublie cela en privilégiant le travail personnel en solo ou les chemins balisés plutôt que le regroupement et la curiosité, la recherche. Heureusement, j’ai rencontré les deux dans mon cursus tortueux.

(Aparté : Je m’interroge sur l’écriture d’article très techniques sur le traitement de données d’acquisition, par un tableur sans aucune macro, les calculs d’incertitude de mesure, des astuces pour optimiser ses vérifications métrologiques … ça sortirait du lectorat habituel mais je n’ai pas encore trouvé où mettre cela )

Et puis il y a un domaine où cet esprit de lifehacking est (a été plutôt…) présent pour moi, c’est le sport. Evidemment, on ne pense jamais à cela car hacking fait penser au type qui est devant son pc et ne sort pas s’entretenir. Pourtant c’est bien comprendre le fonctionnement de son corps, les apports de l’entraînement, etc… Pour ma part, lorsque je pratiquais l’athlétisme, c’était comprendre comment compenser mes lacunes, mes limites physiques. C’était savoir s’économiser aussi. Je limitais toujours mes sauts dans les concours de hauteur pour être au top sur les barres sélectives, sans jamais avoir fait un Zéro à un concours (coucou les décathloniens français…). J’en ai même remporté grâce à ça. Ca n’empêche pas que le corps en a pris un coup quand même, à un moment. Je vois cela chez certains grands champions comme Roger Federer en tennis par exemple qui choisit ses tournois, son calendrier, sa prise de risque, même si l’âge commence à se faire sentir. Et puis j’ai toujours gardé à l’esprit la dimension plaisir plutôt que la souffrance à l’extrême pour une performance finalement assez vaine. La sensation de l’envol en Fosbury est comme une drogue et un “petit shoot” à 1m30 est déjà intéressant.

Et je parlais de l’âge…justement en vieillissant, on apprend plus ses limites et on recherche plus à optimiser les choses, à se faciliter la tâche, à aller à l’essentiel et au durable (donc plus de XFCE, hein Cascador, Damien…). Comme je disais récemment, on va chercher à ne plus être sur un système d’exploitation instable, gourmand pour quelque chose qui remplira juste la ou les fonctions souhaitée(s). On se dispersera moins dans la veille technologique à tout tester pour juste maîtriser ce que l’on a. On va sans doute moins s’amuser au volant d’une puissante berline tous les jours pour quelque chose de plus économique et aller sur circuit pour vraiment se faire plaisir, … ou trouver ce plaisir ailleurs. On va éviter la violence de la course à pied pour le confort de la marche. On va aussi se dire qu’un NAS du commerce bien fait vaut mieux qu’un ancien serveur avec FreeNAS, tant qu’on peut l’optimiser avec un système ouvert. On va limiter ses flux RSS, avoir un outil qui ne nécessite pas de maintenance et fait juste ce qu’on lui demande pour les suivre. On va éviter de se disperser sur divers sites pour faire son blog, avec le minimum d’intervention tout en restant libre de ses données. On va se dire qu’un téléphone basique ou un smartphone peut suffire à notre bonheur plutôt que ces trucs qui valent un salaire mensuel. On va gérer son temps plus finement, anticiper, aller à l’essentiel tout en profitant mieux du présent. Et en ce sens, on pourrait se dire que le Lifehacking est l’avenir de l’Humain, car comme monsieur Jourdain dans le Bourgeois Gentilhomme, nous en faisons tous.

En video : video

PS : Rendez-vous Vendredi prochain pour le dernier grand test de l’été, hé hé !


Ecrit le : 25/08/2018
Categorie : geek, reflexion
Tags : blog,geek,Geekeries,lifehacking,lifestyle,Réflexion

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