Blog - Halte aux like, j'aime, coeur, étoile ! Vive les mots !

Cela fait quelque temps déjà que j’ai banni les étoiles/like sur ce blog et je vois que ça motive certain(e)s à faire des phrases. Mais autant s’appliquer cette “hygiène” aussi ailleurs.

Je m’astreins déjà à cette discipline depuis quelque temps sur Twitter : Pas de petit coeur pour dire que je suis d’accord ! Je réponds avec des mots et même mieux je retweete en rajoutant des mots. Sur Facebook, je commente (très très peu) et je ne like pas. Sur Instagram et Flickr, même s’il ne s’agit que de photos, je fais(ais) l’effort de dire pourquoi j’aime l’image.

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Je me suis aperçu que d’autres que moi pratiquent ce refus. Oui, Ploum l’explique à se manière en parlant de lâcheté et de paresse. Mais il développe fort bien aussi derrière. J’en ai déjà marre des “likes” systématiques en retour de like, comme si c’était une fleur que l’on fait. On s’interdit de penser avec ce clic et on est dans l’automatisme, dans la consommation forcenée. A un moment, ça devient impulsif, comme s’il fallait fournir du clic. Mais on ne prend pas le temps de réfléchir véritablement à ce qui nous a plu. Alors évidemment, ça prend du temps et c’est là que l’on s’aperçoit de la vacuité des réseaux sociaux aussi, en prenant le temps d’analyser ce like que l’on allait produire.

Prenons un exemple tout simple : La dernière photo du bambin d’une amie sur Facebook. Je pourrais me contenter de faire un petit like, par politesse, pour dire que je l’ai vu, car souvent le like signifie “Ok, je l’ai vu ton truc, merci…” Mais ce n’est pas la vérité, hein ? Je peux aussi ne rien mettre, car finalement mettre un like c’est l’encourager à en mettre tous les jours, tout le temps alors que c’est sa vie privée et ça devrait le rester un peu plus… privé!  Sinon, si j’apprécie vraiment, si ça m’amuse, je peux mettre un très gentil commentaire qui, je trouve, fera bien plus plaisir. Et puis ça permet bien plus de lien que ce like auquel on ne peut pas répondre. Ca pousse aussi à avoir de gentils commentaires, des échanges en retour sur ses propres liens, ou rien si finalement ça n’intéresse personne. Le like n’est pas franc du collier, croyez-moi !

Car le véritable problème du like et de ses cousins, c’est qu’ils ne permettent aucune discussion. Ils cassent le lien social et poussent à une consommation de contenu. Ils ont donc introduit la mort du réseau social, dans sa définition primaire tout en poussant l’aspect mercantile. Car derrière ces likes, on retrouve des analyses très simples sur les comportements. Je ne vais pas vous parler de Cambridge Analytica mais chaque clic, aujourd’hui, ajoute des éléments à notre “profil”. Il permet d’affiner le marketing des marques, puisque nos profils sont revendus. On va chercher à produire du contenu à “like” voire à dislike et pas du contenu qui fait réfléchir. On cherche l’impact immédiat et ce n’est pas un hasard si les contenus qui fonctionnent le mieux sont ceux avec des images qui parlent tout de suite.

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Une séparation qui ne me déchirera pas comme Edvard Munch en 1896

J’ai mis quelques photos sur Instagram (que j’arrête tout en laissant le profil actif) depuis quelques mois et c’est un résultat très différent de celui de Flickr. Les utilisateurs sont moins spécialistes, aujourd’hui, sur ce réseau et cherchent de l’immédiat, une image qui n’a même pas besoin d’être affichée en entier pour être likée. Si l’image n’est pas faite pour être vue dans le fameux carré d’Instagram, si ça passe mal sur un mobile, c’est cuit. Il faut que l’utilisateur comprenne en une seconde de quoi il s’agit. Flickr ou 500Px qui s’adressent à de vrais photographes n’ont pas trop ce problème-là mais fonctionne quand même bien plus au like que par le passé. Officiellement, le like tombe dans les favoris de l’utilisateur sur Flickr mais je soupçonne que ça alimente leur fameux système d’“Explore”, cette sélection étrange des meilleures photos qui sont de moins en moins les meilleures, et de plus en plus stéréotypées. Je ne vous parle pas des vidéos de Youtube, je pratique peu mais à voir la hotlist, je me dis aussi que ça devient très stéréotypé avec une recherche du clic et du like facile. J’en ai même vu qui font des montages de photos volées avec un commentaire lu par une machine en repompant un article indéfini ou une dépèche. Les robots ne détectent pas la supercherie mais il y a, heureusement, assez peu de like par rapport au nombre de visionnage.

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Alors je sais que le like, ça évite aussi le troll puisqu’il n’y a plus de commentaires. Le troll, pour ceux qui ne suivent pas, c’est le type qui vient te pourrir une discussion en t’insultant ou en insultant tout le monde, en faisant de la provocation. La règle c’est “Don’t feed the troll” (ne pas nourrir le troll, … ne pas lui répondre). Mais ça prend du temps, et maintenant, je bannis direct. Ca ne m’arrive plus depuis que j’évite les grosses polémiques, c’est vrai. J’en connais qui les attirent presque volontairement pour l’audience, l’égo aussi et là, il y a effectivement du commentaire quand ça gagnerait plus à avoir des “Dislike”, vu le non débat. Et pourtant, à part bloquer les commentaires sur ma vieille annexe politique, je préfère garder ce truc en voie de disparition qui maintient de la communication. J’ai pu échanger, par le passé, avec des personnes de pays plus ou moins lointains, par ces commentaires et ce n’est pas avec des “J’aime” que cela aurait été possible. Un troll, ça se gère finalement bien avec les fonctions un peu plus évoluées que l’on a pour la modération. Je sais, ce n’est pas le cas sur tous les moteurs de blogs, hélas et il faut y consacrer un petit peu de temps au départ.

A travers ce boycott de ces récompenses virtuelles que je propose, c’est bien de rétablir la communication qui manque dans ce monde numérique. Heureusement que, dans la vraie vie, on ne se lance pas des likes à la tronche. Le gamin fait la vaisselle : Hop, je like. T’as sorti les poubelles, cool, je t’ai liké. Et puis quel horrible franglais en plus. Un “J’aime” c’est presque pire, à dévaloriser l’amour comme on a déjà dévalorisé l’amitié, la vraie, pas celle de façade. Si j’ai ici plus de 50% de commentaires en plus par rapport à l’année dernière, j’aimerais bien revoir fleurir de jolis commentaires, structurés, argumentés, même si on en met 10, 100, 1000 fois moins que des likes, des étoiles, des coeurs, des claps, … Lâchez-vous, ça ne fait pas mal ! Et ça fait se demander pourquoi ?

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Ecrit le : 28/04/2018
Categorie : geek
Tags : internet,Réflexion,réseauxsociaux,société,sociologie

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