BD - Bagdad Inc. de Desberg et Legrain (2015)

Voilà une production au thème peu courant dans la production franco-belge. A la fois thriller et enquête sur un tueur en série, un peu documentaire, parlant de la guerre en Irak, cet album de 70 pages fait mouche.

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Pourtant, il n’est pas exempt de clichés, à commencer par l’héroïne, belle et rebelle. Charlene Van Evera est la fille d’une militaire qui s’est suicidée à son retour du Koweit. Mais elle n’a trouvé que l’armée pour se payer des études de juriste. Elle est envoyée justement en Irak pour enquêter sur une série de meurtres abjects (des cadavres mutilés recouverts de graffitis en anglais insultant le Prophète et l’Islam), alors que les USA ont destitué Saddam Hussein. Le pays est le terrain de jeu des mercenaires de sociétés privées, en proie à des attentats.

L’univers de l’enquête fait penser à un Western car comme dans l’ouest américain, tout est permis. C’est la loi du plus fort, du plus riche aussi, celui qui profite du pétrole et se payer une garde personnelle. Le personnage de Baines, celui qui accompagne l’héroïne, est intriguant. Il est le guide, celui qui explique les règles de cet univers à l’enquêtrice. Mais pour le Thriller, je reste un peu sur ma faim car la déduction amenant au coupable tient un peu du hasard.

Le récit rappelle les conflits précédents qui firent appel à ces mercenaires qui ensuite se sont constitués en société privées. On parle de la Bosnie et de la Somalie, terrain particulièrement prospère dans le domaine encore aujourd’hui. Évidemment, on parle du terrorisme, du 11 septembre 2001 mais sans aucune théorie du complot. D’ailleurs, curieusement, dans cet aspect plus documentaire de cette oeuvre, on ne voit pas la population irakienne, ou très peu. On la voit surtout en victime des exactions de ces milices. Si c’est la loi du plus fort, on voit surtout une sorte d’enfer où est réunie la lie de l’humanité, des brutes sanguinaires qui ne trouvent de distraction que dans le pillage, l’alcool ou le sexe. Les mercenaires sont montrés dans des boites de nuit plus ou moins clandestines où règnent l’alcool, la drogue et la prostitution. On parle de circuit passant par la moldavie avec des “filles” qui viennent d’Ukraine ou autres pays de l’est.

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Le fait que l’héroïne soit une femme dans ce monde d’hommes rajoute aussi à la tension du récit. Le danger est partout, même pour les pires spécimens qu’elle rencontre. On peut parler d’anarchie mais il y a pourtant des structures qui tentent de faire régner un ordre. Il est corrompu, voilà tout. En cela, la trame scénaristique est réussie. Le dessin de Legrain est moderne tout en restant classique et réaliste. La mise en couleur de Benoit Bekaert et Elvire de Cock est faite à la palette graphique avec talent sans tomber dans trop d’estravagance. A lire pour ceux que le sujet ou le genre intéresse.


Ecrit le : 21/03/2019
Categorie : bd
Tags : 2010s,bd,guerre,irak,LittératureetBD,thriller

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