Cinéma - Bienvenue à Marwen de Robert Zemeckis (2019)

Robert Zemeckis est un réalisateur qui a une place à part pour moi, avec des films qui m’ont marqués. Mais il faut bien avouer que ces derniers temps, on l’avait un peu perdu… La critique ne l’a pas épargné encore sur ce nouveau film mais qu’importe.

L’histoire me semblait intéressante, déjà, bien à l’image de ce réalisateur plein d’humanité : Après s’être fait tabasser dans un bar, Mark Hogancamp est resté plusieurs jours dans le coma. À son réveil, il est frappé d’amnésie. Il va alors se créer un monde imaginaire, Marwen, un village belge fictif durant la Seconde Guerre mondiale. La création de ce village en miniature devient une obsession. Comme une auto-thérapie, Mark invente des lieux imaginaires qu’il peuple avec des poupées représentant principalement des femmes de son entourage et de son passé.

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Ce qui frappe d’entrée, c’est le mélange entre réalité et imaginaire avec ces “miniatures” créés avec la même technologie que Pole Express. Mais vient aussi un manque de rythme qui ressort d’autant plus que nous sommes aujourd’hui habitués à des films aux grosses scènes d’action spectaculaire. Zemeckis prend le temps d’installer patiemment son personnage, ses failles, son relationnel, tout son univers constitué d’innombrables personnages. Il le fait avec tendresse, même s’il montre les côtés moins reluisants de son héros.

L’histoire est sombre, traitant de l’homophobie, du racisme, du droit à la différence mais aussi de la solitude. Je me suis souvenu alors que ces thèmes sont sous-jacents dans bon nombre d’autres films du réalisateur. Une chose est sûre, on ne peut le prendre en défaut sur la technique, toujours impressionnante. C’est tellement bien fait qu’on finit par l’oublier, comme s’il était normal de voir des poupées bouger, parler, … L’histoire est aussi de notre temps, avec tous les problèmes que rencontre l’Amérique de Trump, le retour de l’extrème droite, du KKK ou de néo-nazis. Le fait d’avoir un héros farouchement anti-nazi n’est pas un hasard, même si tout cela vient d’une histoire vraie.

Malgré de nombreux défauts, c’est un film pour cinéphile. Plus j’y réfléchis, plus je vois des liens avec des films de Zemeckis. Il y a du “Retour vers le futur”, du “Seul au monde”, du “Forrest Gump”, du “Contact” et je suis sûr qu’en creusant un peu plus, on y trouve bien d’autres petits détails. Zemeckis est farceur et ne manque pas de nous maintenir en haleine par moment, sans but mais juste pour montrer qu’il sait faire. Il y a une sorte de synthèse de son oeuvre là dedans et je pense qu’il faudra quelques années avant de vraiment bien comprendre ce qu’il a voulu en faire.

Un film qui peut donc décevoir par rapport à la masse de ce qui sort mais qu’il faut prendre le temps d’apprécier, en revenant à un regard d’enfant que Zemeckis, lui, n’a pas oublié. Il est un peu comme quelques uns de ses héros, en marge, poursuivant une vision utopique, imaginaire, rêveuse et j’aime ça. J’en ai oublié de citer la jolie bande son(*), et le beau travail des acteurs et actrices, happé que j’étais par ces 2h…

En video : video

*: les anglophones apprécieront quelques traits d’humour dans celle-ci


Ecrit le : 08/01/2019
Categorie : cinema
Tags : 2010s,Cinéma,différence,Film,racisme,traumatisme

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