Blog - Ce n'était pas mieux avant !

A lire distraitement quelques uns de mes articles, on pourrait avoir l’impression que je ne vis que dans la nostalgie. Même si j’abuse parfois des madeleines de M. Proust (gourmand !!), il m’est impossible de conclure : “c’était mieux avant”.

Culturellement, d’abord… Il faut quand même reconnaître que j’ai écouté de la merde, musicalement, en même temps que d’autres artistes devenus des classiques. Et si aujourd’hui j’ai un peu de mal aussi avec des “stars du moment”, j’arrive heureusement à m’extasier sur des sorties récentes. Mais en vieillissant, nous apprenons, nous façonnons nos goûts donc forcément nous n’avons plus les mêmes attentes. Il en va de même pour le cinéma avec des films des années 80-90 qui sont horribles à revoir maintenant et d’autres qui passent encore très bien, tandis que je suis toujours ému par quelques sorties de l’année, le temps ayant fait son oeuvre de tri pour les films plus anciens. Évidemment, je suis moins surpris, j’attends un peu plus que le cinéphile débutant que j’étais, je connais les ficelles. Mais aujourd’hui, il est possible de réaliser des effets spéciaux incroyables, de créer des mondes imaginaires et de retranscrire des livres qui nous faisaient rêver avant. Même si Hollywood choisit trop la facilité des suites et licences, il faut se souvenir que c’était déjà le cas dès l’origine avec des filons et des stars exploités jusqu’à la corde. Il n’a jamais été aussi facile pour chacun de réaliser de la musique, des films ou même de s’éditer. Et ça, il faut rendre grâce aux ordinateurs, leurs logiciels…

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Le studio mobiles des stones qui servit aussi à d’autres groupes

Forcément, il fallait que je parle de Logiciel libre, car le discours ambiant est morose. Windows domine quand même toujours le monde des ordinateurs et Android celui des mobiles. Apple a réussi plutôt bien à passer entre les gouttes, mais les solutions libres sont toujours dans les 1 à 3% selon les études, en dehors du monde des serveurs. Oui, car à voir le verre à moitié vide, on oublie toutes les victoires dans le monde pro, celui du réseau, du serveur, du sysadmin, du cloud où on a pratiquement un monopole dans certains secteurs d’activité. Qui aurait pensé ça en 1990 quand GNU/Linux, BSD and co étaient soit balbutiants, soit dans le monde universitaire ? Qui aurait pensé qu’il serait possible d’avoir chez soi un serveur de fichier, de faire du streaming audio et vidéo sans avoir un matériel hors de prix, et sans bourse délier pour les logiciels. Même si les connaissances sont hors de portée du premier venu, cela n’a jamais été aussi simple qu’aujourd’hui. Mais je n’irai pas non plus conclure que c’est totalement mieux aujourd’hui. Car ce progrès technique s’est aussi accompagné de dangers qu’il faut maîtriser. Il fut un temps où un système alternatif représentait une sécurité car moins connu des pirates. Aujourd’hui, il vaut mieux oublier cette idée, du moins pour les activités réseaux. La cybercriminalité est une réalité que l’on n’imaginait pas à ce point et qui en vient même à faire vivre certains dans la déconnexion. Géo-politiquement, et géo-stratégiquement, on parle de plus en plus des cyberguerres. (oui, on aime bien mettre digital et cyber à toutes les sauces !)

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Une installation qui a rebuté…mais qui persiste encore

Dans mes articles nostalgiques, j’ai parlé des balbutiements du Linux Desktop ou des solutions bureautiques libres. Quand je pense à ce qu’il fallait faire pour avoir une suite bureautique, au prix que ça coûtait pour rester dans la légalité, je vois le progrès aujourd’hui. Je vis très bien depuis des années avec LibreOffice et une tonne de logiciels libres. J’y fais mes comptes, des statistiques, des tableaux croisés dynamiques sans le moindre problème et j’ai écrit des ouvrages que j’ai pu transformer en PDF, epub ensuite. Et puis surtout, je fonctionne maintenant depuis plusieurs années sur un vieux PC portable dopé à la Debian. Pour avoir traîné sur pas mal de systèmes, ne serait-ce que par curiosité, je suis enfin heureux d’avoir de la stabilité, de la fiabilité, sans être esclave de bugs, d’espionnage etc… Mais pourtant ce n’est pas rose et je ne suis pas forcément satisfait des dernières évolutions dans ce monde. Mais là aussi je n’oublie pas la facilité d’installation qu’il y a aujourd’hui, globalement, sachant qu’avant, un portable, c’était une immanquable galère dès qu’on changeait d’OS, même de version de Windows, avec des circuits propriétaires dont les constructeurs rechignaient à créer de nouveaux pilotes. Il y a encore des galères (circuits graphiques doubles, ou wifi…) mais on trouve assez rapidement des solutions grâce à la masse de personnes qui gravitent dans ce monde. Il faut juste éviter d’aller dans des solutions marginales, comme dirait l’ami Fred, hein? Et puis la finition n’est pas toujours comme nous le souhaiterions. Sauf que quand je vois les derniers Windows, Office 365 et les changement d’orientation, il n’y a pas forcément à être admiratif ou jaloux.

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et des mois à manger des pâtes ?

Un autre domaine où ce n’était pas mieux avant, c’est la vidéo. Alors qu’à une époque, il fallait avoir un camescope à cassette, ou même en DV que l’on devait convertir en fichiers pendant des heures, maintenant nous avons directement des fichiers exploitables jusque sur notre téléphone. La puissance de calcul nous permet de faire du montage, du recodage, etc…Pour les codecs, après des périodes où l’on devait avoir des logiciels de toutes sortes pour lire tous les fichiers, il y a eu un énorme progrès. Je n’installe plus de packs de codecs comme avant, ils sont dans mes logiciels ou mon système d’exploitation. Avec VLC par exemple, cela se passe vraiment bien. Même ma box et ma télévision sont capables de lire des fichiers. Et en plus, nous pouvons diffuser très simplement de la vidéo à toute personne sur cette planète. D’abord avec youtube (ndl : bouhhhhhh) et maintenant avec des solutions libres comme Peertube, même si l’objectif est un peu différent, socialement parlant. On peut se dire qu’il reste du chemin pour proposer des solutions libres, mais aujourd’hui, je pourrais sans problème produire des vidéos avec des solutions libres et les diffuser, comme Alias, par exemple et ses chroniques musicales.

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une petite installation de transfert vidéo des années 2000

Il y a ce Paradoxe de Tocqueville, c’est à dire celui de** l’insatisfaction croissante**. Ce paradoxe est frappant quand on parle de logiciel libre. Ce que nous acceptions plus facilement au début de GNU/Linux, nous devient insupportable maintenant. Tocqueville faisait cette observation sur les mariages et aujourd’hui, cela n’a pas changé. On se marie par amour et pourtant il y a de plus en plus de divorces, parce qu’on se focalise trop sur les problèmes et pas sur les bonheurs. Pour le logiciel libre, plus il est diffusé, plus notre frustration grandit. Je pense aujourd’hui que la quasi totalité de la population a au moins un logiciel libre installé quelque part, souvent sans le savoir. Comme je disais avant, il n’a jamais été aussi simple d’installer un système d’exploitation GNU/Linux et pourtant il y a toujours plus de critiques dans “le milieu” du logiciel libre. A lire des articles sur le sujet, je vois quand même pas mal de galères sur des PC en Windows 10 aujourd’hui, ne serait-ce que pour se débarrasser de l’espionnage de crocrosoft. Il y a toujours des monceaux de questions et faq dans le monde non libre et rien que dans mon boulot où on m’impose un OS avec un environnement spécifique, je redémarre 3 à 4 fois par jour pour des bugs qui me font perdre USB ou Wifi en cours de route.

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c’est lui le monsieur du paradoxe

On connaît le dicton “Qui aime bien châtie bien”... Nous devons sacrément aimer Firefox, en ce moment. Je dois dire que j’ai aussi laissé tomber le panda roux sur bien des machines, car au delà de décisions politiques et techniques, il y a tout simplement des ralentissements proprement énormes dans le chargement des pages depuis quelques versions et qui ne sont pas propres à une machine en particulier. Pourtant au début de ce nouveau moteur, j’étais plutôt satisfait. Je ne sais pas ce qui s’est passé (sinon encore de nouvelles préconisations de Google dans la conception des sites…) pour en arriver là et je n’ai pas envie d’aller à la pêche à la bonne version. Peut-être un problème de profil à creuser ? Non, car même vide de cela, ça rame. Il faut dire que j’en ai connu des versions, des plantages de profil, des bidouillages pour tout rétablir. Et par la même occasion, des périodes transitoires sur d’autres navigateurs…Un panda vous manque et tout est dépeuplé. J’ai toujours une insatisfaction à avoir un moteur proche de Chrome dans un navigateur donc périodiquement, je fais un tour sur la dernière version de l’animal. J’ai par contre un problème avec ces sorties prématurées d’outils non testés. J’ai connu des plantages monumentaux avec des jeux il y a une décennie (souvenez vous de Driver 3) et plus mais là je retrouve de mauvais travers de développeurs un peu trop souvent. Mon expérience me fait temporiser un peu sur les mises à jour, pour avoir un peu de feedback, quelque chose qui devrait apparaître via les versions bêta. Récemment, il a fallu attendre 3 versions de l’application Wordpress android pour que ça fonctionne correctement pour le nouveau format des Stats. Et pour la compatibilité Gutenberg, c’est encore en transition. Pourtant à contrario de beaucoup d’utilisateurs, je n’y vois pas que du négatif.

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Déjà parce que ça prend mieux en compte les terminaux tactiles mais c’est surtout plus souple dans la disposition des images, l’utilisation de lettrine, les recopies de paragraphes et même les styles. Il faut changer des habitudes, c’est sûr mais la seule chose qui me manque, c’est la justification des paragraphes, chose qui avait disparu déjà dans les précédentes versions. On peut toujours aller dans le code HTML pour le faire mais c’est une galère. Il faut croire que le “responsive design” n’aime pas cela. Pour le reste je vois une grande amélioration de la programmation des articles dans le temps avec cet affichage calendrier, par exemple. Il y a juste des bugs récurrents sur des blocs qui ne sont plus reconnus ou des images qui n’apparaissent plus lors de la parution. Mais tout ce scandale me rappelle le mode ruban des produits MSoffice quand ils sont apparus en 2007 (puis intégrés à Windows 8). Là, ça ne m’a jamais convaincu car je ne suis pas un forcené de la roulette de souris et j’ai quelques habitudes de vieux, les raccourcis clavier. C’est surtout que derrière une bonne idée, il peut se cacher une mauvaise réalisation. Et ces dernières années, Microsoft fait très fort (il n’y a qu’à voir l’intégration de ses produits sur son OS mobile, …. aujourd’hui disparu). Rompre les habitudes n’est tout simplement pas naturel. Cela se fait d’autant mieux si l’on voit un gain de productivité.

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Peinture de l’Empire Gupta, (5ème siècle)

Malheureusement, ce gain est souvent à sens unique, c’est à dire côté production, pas utilisation (lisez justement la justification du mode ruban de microsoft…). C’est un peu comme la nouvelle recette du produit qui fait gagner plus au fabricant mais fait perdre le goût ou la qualité du produit. Dans mon domaine automobile, j’ai vu la mise en place des kits anti-crevaison à la place des roues de secours. C’est plus léger, plus petit, moins cher qu’une roue galette et qu’une roue normale, à priori plus simple à manier. Sauf que l’on a oublié de former l’utilisateur, que la roue n’est pas réparable ensuite (enfin si mais c’est long d’enlever le produit, donc pas rentable pour un garage), ou que le kit vieillit. Les utilisateurs ne sont pas satisfaits malgré des tests préalables mais le gain était conséquent côté production. Je vois que certains constructeurs sont revenus en arrière, même jusqu’à la roue normale qui reste paradoxalement moins chère que la roue galette (économie d’échelle). Sur ce même principe, on pense que l’adoption du logiciel libre ne se fait pas car on ne trouve pas de machine livrées avec un OS libre et qu’on n’enseigne pas sur ce type de systèmes. Est-ce seulement par peur de changer que le logiciel libre ne fonctionne pas dans le grand public?

Faux ! D’une part il y a eu des tentatives de machines livrées clé en main et il en existe mais surtout pour les personnes qui ont eu à apprendre sur des machines “libres”, je n’ai pas vu un amour particulier de ce type de solution, voir un rejet. Pour certains, ils sont allés vers de l’Apple, d’autres vers ce qu’ils trouvaient à acheter simplement, sans faire d’installation c’est vrai, et tous avec de bonnes raisons. C’est comme lorsqu’on a imposé le choix du navigateur dans Windows en Europe : Cela n’a pas fait aller vers Firefox car il y a d’autres paramètres à prendre en compte, comme le marketing, le panurgisme, la compatibilité, la disponibilité du suivi, la littérature accessible, etc…Tout n’est pas perdu mais ça me paraît déjà un combat d’arrière garde. Autant un public de spécialiste ira vers ce qui techniquement est le mieux, autant un public béotien ira vers ce que le marketing oriente. Parfois, quelques “influenceurs” pèsent sur le résultat mais ça ne suffit pas. Aujourd’hui, si Apple vend beaucoup d’Iphone, ce n’est franchement pas à cause d’innovations ou d’une qualité de l’OS extraordinairement supérieure (malgré beaucoup de brebis galeuses sur Android). Mais le seul marketing ne peut compenser un mauvais produit…. comme l’était Windows Phone, par exemple. Malgré tout ce que l’on peut dire des générations X, Y, Z, millenials, l’informatique logicielle reste un environnement de spécialistes.

De ce point de vue là, nous ne pouvons pas dire que c’était mieux avant. Bien sûr, nous sommes matraqués de publicités pour influer sur nos décisions d’achat, parce qu’aussi nous avons plus de médias. Mais nous avons aussi de nouveaux choix, que l’on ne retrouve pas forcément dans la “grande distribution”. D’un côté il y a des solutions pour vivre “mieux”, s’informer mieux, travailler mieux et de l’autre nous avons l’impression d’une stagnation dans l’offre “grand public”. Aujourd’hui, pour quelqu’un qui doit se passer de gluten pour raison médicale (et pas de mode ! ), il y a des alternatives qui arrivent dans tous les magasins. Aujourd’hui, on trouve du bio pour tout, même s’il faut faire le tri. Aujourd’hui, nous pouvons travailler dans un environnement de logiciel libre plus facilement qu’avant même si le monde de l’informatique reste complexe dans sa globalité. Ah si, il y a encore un monde qui résiste, c’est le mobile où l’alternative est restée ou est encore balbutiante, ou sinon reste trop complexe pour s’adapter à tous les terminaux. Et puis il y a plein de domaines où malheureusement c’est la régression, ce qui interdit aussi de dire que c’est mieux aujourd’hui Mais avouez qu’il y a de l’espoir… pour que le progrès n’oublie personne sur la route.

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Ecrit le : 16/02/2019
Categorie : geek
Tags : firefox,geek,Geekeries,gutenberg,informatique,jeuvideo,logiciellibre,progrès,Réflexion,wordpress

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