Cinéma - Ralph 2.0 de Rich Moore et Phil Johnston (2019)

Voilà encore un film du studio Disney qui surfe sur l’esprit Geek, tout en continuant d’exploiter la licence du premier film, Les mondes de Ralph.

Ca ne paraît pas mais voilà quand même 6 ans que le premier film est sorti. Nos héros, Vanellope et Ralph la casse sont toujours des personnages de salle d’arcade. Je n’avais pas chroniqué le film à l’époque, parce qu’il y avait déjà beaucoup de collègues blogueurs sur le coup et que ça n’était pas non plus le chef d’oeuvre de l’année. Il en est de même pour celui-ci, un bon divertissement, mais je vais creuser un peu le sujet, sans en dévoiler trop.

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Le propriétaire de la salle d’arcade décide de mettre en place le Wi-Fi, qui ouvre une nouvelle voie de train dans la gare centrale de la multiprise. Sonic explique à Ralph que le Wi-Fi n’est pas un jeu vidéo, mais une plateforme permettant l’accès à l’Internet. Vanellope explique à Ralph qu’elle adore beaucoup son jeu, Sugar Rush, mais trouve qu’il devient « de plus en plus facile » pour ses courses de voiture. Ralph, sans lui avouer, l’aidera à le trouver difficile en créant un nouveau circuit en détruisant des terres de chocolat. Des jeunes filles commencent à jouer au jeu en choisissant Vanellope. Mais cette dernière réussit à emprunter le circuit qu’avait crée Ralph et lutte avec la joueuse pour rester sur la piste. La jeune fille la casse sans le vouloir et explique à M. Litwak qu’elle a causé des dégâts sur la manette. Le propriétaire de la salle d’arcade ne trouve pas rentable d’en racheter une et se résout à vendre le jeu. Ralph, Vanellope et les personnages de Sugar Rush, qui ont écouté la conversation, prennent la fuite en se rendant dans la gare centrale de la multiprise. Ralph et Vanellope sont bien décidés à acheter une nouvelle manette sur … Internet.

Il s’agit donc d’un film de quête, presque initiatique, d’exploration du terrible monde d’Internet… Enfin une vision très occidentale d’internet et c’est là que ça devient franchement intéressant. La vision est d’abord très commerciale, comme une mégalopole couverte de publicités. Les “habitants”, les internautes, sont harcelés de publicités, représentées par d’autres internautes, les spammeurs, ou des employés de sociétés qui haranguent, portent des pancartes, appellent au clic, au like. On lance des coeurs à tout va sur des vidéos, des contenus. On fait des enchères sur tout et n’importe quoi. Le placement produit est là avec tous les grands sites américains mais ils restent dans le décor pour laisser place à des alternatives… Youtube devient Buzztube, par exemple. Le méchant virus est un monstre à l’affut de toutes les vulnérabilités pour contaminer tous les ordinateurs. On fait de la course en ligne et on parle de la violence des jeux vidéos dans une approche très puritaine et Disney.

Comme tout bon Disney, il y a plusieurs niveaux de lecture. Le duo de personnage fonctionne toujours bien et on a droit à de bonnes scènes d’action qui raviront les plus petits sans les effrayer trop. De nombreuses références Geek se cachent dans le film, qu’elles soient des apparitions de personnages connus (j’ai parlé de Sonic de Sega plus haut mais il y a bien d’autres jeux et films) ou simplement de toutes les licences Disney, ou bien de symboliques. Il y a une lecture plus adulte sur la dérive du réseau, la futilité de beaucoup de nos utilisations du réseau. On y parle du fait de saturer de contenu pour faire du buzz, aussi, de la monétisation qui ne représente plus grand chose par rapport à la masse de likes. Les personnages principaux sont comme des enfants attirés par la nouveauté mais découvrent aussi l’envers (l’enfer?) du décor. Il y a des scènes un peu ridicules, c’est vrai comme l’entrée dans le “Darknet” pas très effrayant. Pour une fois que le hacker n’a pas de capuche et ne travaille pas sur un OS au fond noir et vert…

Pas sûr, pourtant, que le public perçoive ces interrogations. On y parle brièvement des “haters”, à travers une scène où un des héros découvre les commentaires sur les réseaux sociaux. Le conseil donné est de “ne pas lire les commentaires”. Curieux non ? Comme une manière de dire qu’il faut arrêter de communiquer et partager pour se préserver, ou bien peut-être filtrer par un accès restreint…C’est plus un appel à sortir du réseau qu’un repli sur soi. Tout ça n’empêchera pas la happy end finale, dont on se doute, évidemment, quoique (et hop, j’installe le doute dans ta tête, lecteur). Ca reste un Disney, même orienté geek à coup de marketing. Ce duo de films (je sens qu’on va encore en avoir …) se laisse gentiment regarder, en famille ou entre adultes et recèle son lot de scènes cultes (celle des Princesses, présente en partie dans la bande annonce, par exemple) pour lui donner quelques années de vie.

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Ecrit le : 25/02/2019
Categorie : cinema
Tags : 2010s,animation,Cinéma,dessinanimé,geek,internet

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