BD - Cat Street de Yoko Kamio (2004)

Une fois n’est pas coutume, je m’intéresse à une série de 8 tomes de type shōjo manga, c’est à dire destinée aux jeunes adolescentEs. Oui mais si ça pourrait ne pas m’être destiné, ça n’empêche pas la qualité de l’histoire.

« Durant son enfance, Keito, poussée par sa mère, devient une jeune actrice populaire. Mais, à la suite d’un incident sur scène, elle se referme sur elle-même et vit en marge de la société. Un jour, alors âgée de 17 ans, elle fait la connaissance d’un professeur qui la convainc d’intégrer une école libre, El Liston, qui rassemble des jeunes gens rejetés par la société. Elle y rencontre de nouveaux amis, en qui elle peut avoir confiance, et qui l’aident à donner un sens à sa vie. »

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Le thème est donc à priori celui du passage de l’adolescence, qui est ici traité à travers le personnage de Keito mais aussi de ses amis. Sauf que Aoyama Keito est aussi ce que l’on appelle une « Hikikomori« , une personne qui préfère vivre à l’écart du monde enfermée chez elle. Nous la découvrons dans le premier tome alors qu’elle fait une de ses rares sorties et elle va peu à peu nous faire comprendre son histoire. Il en est de même pour ses amis, notamment Kouichi Mine, le hacker génial mais qui n’exprime pas ses sentiments, Momiji Noda, la gothic Lolita et Rei Saeki l’ancien prodige du football qui ne pensait qu’à son égo. Ajoutons à cela le recours à l’éternel triangle amoureux et cela nous donne suffisamment pour tenir 8 tomes. Notre héroïne redeviendra-t-elle actrice ou fera-t-elle autre chose ? Voilà un peu le fil rouge de cette histoire.

Il y a des personnages secondaires qui accompagnent nos héros au cours de cette aventure mais il s’effacent pour que l’histoire se concentre véritablement sur l’amitié, la difficulté d’une amitié entre fille et garçon, les rivalités, les liens…C’est classique mais plutôt bien fait. Pour l’aspect Hikikomori, on en voit finalement assez peu même si on voit l’impact que cela peut avoir sur la famille de Keito. Il faut juste rappeler que ça ne touche pas que les adolescents mais aussi des adultes suite souvent à de fortes pressions sociales ou hiérarchiques. J’ai été touché par l’histoire de Momiji dans un des premiers tomes et celle de Kouichi en milieu de récit. Je m’attendais à plus de développement sur la relation entre Keito et ses parents, mais j’oubliais que nous sommes dans un Shojo donc il faut pousser le lecteur à s’identifier à ces personnages.

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Evidemment, à travers ce récit, on y voit tout le problème de la société japonaise et cette pression de la réussite sociale, scolaire, cette pression. On y retrouve aussi ce regard paradoxal qu’il peut y avoir sur ceux qui veulent être différents. L’un des personnages est homo-sexuel mais ce n’est pas trop développé dans le récit. Mais être différent, c’est aussi bien visuellement que dans le caractère comme on peut le voir dans ces personnages. Le paradoxe est que cette différence peut attirer lorsqu’elle est marketée mais repoussante pour le « groupe » qui prend cela comme de l’egocentrisme.

Le dessin de Yoko Kamio est réaliste, précis, fin même si l’environnement reste plutôt froid et urbain. Malheureusement, je trouve que cela tire en longueur, surtout après le 3ème tome. C’est justement là où l’auteure oublie quelques personnages et nous sort de vieilles ficelles du genre (l’amourette, la rivalité…). J’ai tout de même passé un bon moment avec cette série et elle peut intéresser d’autres personnes que « les adolescentes » de par ses thèmes.


Ecrit le : 20/10/2020
Categorie : bd
Tags : 2000s,adolescence,hikikomori,japon,manga,shojo

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