Blog - Covid19 et moi, la pas vraiment suite 1/?

Qui croyait vraiment en avoir terminé de cette saison 1 du virus ? Pas moi, mais ce n’est même pas la saison 2 encore…Alors comme toute bonne série, hum, partons pour ce produit dérivé de notre folie ambiante.

Avant-Veille de confinement. Nous décidons de faire nos courses, normalement, alors que Manu 1er n’a pas encore parlé. Tiens, le parking du supermarché d’à coté est plein ou commence à sérieusement se remplir. Effectivement à l’intérieur, il y a du monde mais pas assez de caisses car il est encore tôt dans l’après midi. Déjà plus de papier toilette, encore assez de farine, les pâtes disparaissent. Comme un air de déjà-vu. Le caissier que nous connaissons un peu s’en alarme. A coté de lui deux palettes de packs de lait arrivées ce matin et déjà bien entamées. Il n’avait pas vu ça depuis un moment. Pourtant pas trop de personnes avec des caddies remplies de tout. Juste une dame qui doit avoir une famille nombreuse et faisait ses courses du mois. En partant, une file de voiture encombre l’entrée du supermarché. La rumeur est confirmée le soir-même : On re-confine mais différemment.

C’est là que c’est un spin-off, pardon un sous-produit(*). Car si le président dit plutôt la vérité sur la situation (même si bercé d’illusions sur les approvisionnements en médicaments, en protection une fois encore si ça s’aggrave), on ne comprend plus rien dans ce qui est ouvert, fermé, dérogé, les raisons d’ouvrir ça ou de fermer ça. 100% télétravail ? Oui, alors que l’on commençait à dire le contraire et modérer les enthousiasmes pour faire plaisir au MEDEF quelques semaines avant. Les syndicats de toutes sortes ne se mettent pas d’accord. Les salariés dépriment ou pestent de ne pas avoir les moyens de télétravailler … je vais y revenir. Oui, ça reste la valse des dérogations, cette vieille tradition française. Plus de culture, plus de distraction mais du travail en usine. Usine de quoi, on ne sait pas ? Il n’en a jamais vu en dehors de la visite d’état bien policée où tout a été rangé, trié avant. Dans mon boulot, ce n’est pas une usine mais de la recherche et développement mais ça n’a pas fermé depuis le début de l’année. Voilà la réalité.

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Juste quelques jours avant, j’étais sur site et j’ai revu des collègues. Dans mon service, presque 1/3 a eu le virus. C’est beaucoup plus que la moyenne nationale, ça. Dans la famille, 0, Ouf ! Mais en creusant, je sais comment. C’est la visite d’un membre de la famille que l’on croit sûr et que l’on dispense de masque, la petite incartade fatale. C’est le déjeuner du dimanche quand il faisait beau. Et la chaîne de contamination continue. Pourtant les mêmes personnes sont exemplaires au travail avec les protections, les masques, etc….Après 8 à 10h passées avec un masque, on peut comprendre aussi le relâchement chez soi. Pour la plupart cela n’a pas été grave. Pour un, ça a frôlé la catastrophe alors qu’il a moins de 30 ans et est sportif. Je l’ai croisé, il fait une mine de déterré. Il vit mal cette période. J’ai vu un autre collègue dans l’open-space qui n’est plus si open avec des barrières partout, le masque tombé sur le côté pour mieux parler en audio. Lui vit très mal ces contraintes quotidiennes, rêvant de vivre au grand air comme il le veut mais confiné dans un petit appartement avec un mauvais réseau. J’ai fui ce lieu pour me réfugier dans une belle pièce aérée et seul. Peu de contact, quelques discussions à distance respectable, ça allait.

La priorité c’est donc à nouveau le Télétravail. Pour moi, pas de changement, j’ai tous les outils pour et j’ai même su me dépanner des coupures réseaux. Pour les autres, rien n’a vraiment changé car l’argent magique ne permet toujours pas d’acheter le bon outil dans des petites boites qui n’ont plus de rentrée d’argent, de mettre en place les serveurs, les VPN, de former les personnels en l’espace de quelques mois quand la priorité a été de rattraper le temps perdu dans la production. Je me plais dans cette nouvelle organisation de mon temps, dans l’optimisation des déplacements sur site pour concentrer tout en une journée et avoir la concentration chez moi pour le reste. Mais je ne suis pas seul chez moi et c’est aussi mon tempérament qui est propre à cela. J’en ai vu être farouchement contre et j’ai compris ce qu’il se passait en discutant avec eux. Eux me regardent bizarrement, comme un extra-terrestre ou un privilégié, je ne saurais dire. Il y a de la solitude pour certains, le manque d’interaction sociale avec des voisins, de la famille. Le manque de maîtrise des outils parfois aussi. Pour d’autres, c’est la famille qui pèse, les tensions qui se révèlent quand l’éloignement dans la journée permettait de les apaiser. Pas de chance pour eux, leur métier leur impose cela plus encore qu’à moi. Et quand on parle de promiscuité, il y en a…bien moins qu’en Chine (cf ci-dessous) mais il y en a.

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confinement en chine

Et puis nous parlions récemment sur le forum de Cyrille du décrochement scolaire, suite à un excellent article. Le décrochement, les enseignants le ressentent directement, mais le COVID n’en a été que le facteur aggravant. Il y a longtemps que ça travaille moins, moins bien et les facteurs en sont pluriels. Pourtant, la précarité, le fait de ne pas pouvoir être présent pour faire travailler l’enfant (physiquement mais aussi intellectuellement ou culturellement) continue de miner l’enseignement, notamment en public mais plus seulement. J’en parlais à un collègue de ma ville mais il n’en avait pas conscience, privilégié qu’il est sans le savoir : Un PC à la maison sur de la fibre, des enfants qui savent à peu près l’utiliser, un père et une mère derrière et même la ville qui peut prêter du matériel le cas échéant. Par contre, cela n’a pas empêché que des cours ont disparus pendant le dernier confinement pour son « plus jeune » qui est encore au lycée. Là, c’est du côté de la formation des profs et des outils mis à disposition qu’il faudrait voir. Il y en a qui ont fait des pieds et des mains pour assurer l’enseignement, d’autres l’inverse mais ça vaut pour beaucoup de chose. Sauf qu’il n’y a eu aucune reconnaissance, ne serait-ce que pour ces « bons élèves ». Pas de chance, ce confinement tombe cette fois pendant le si important premier trimestre. Et vous croyez que ça a changé en 4 mois ? On en a fait des caisses sur l’assassinat d’un prof, sur le rôle des profs dans le civisme mais sur le fond, s’est-on donné les moyens d’assurer l’enseignement de base, les essentiels ?

Et justement, dans la valse des dérogations en tout genre accordées, il y a le fait que les supermarchés (contrairement à la Catalogne) mais aussi les enseignes qui vendent de l’électronique, continuent de vendre des livres, de la musique, des chaussures, des vêtements, et même du maquillage…Par contre, les disquaires sont fermés, les libraires sont fermés, même s’il reste des possibilités en ligne. Comme j’achète parfois à LaLibrairie.com (il y a d’autres enseignes comme place des libraires), j’ai reçu un message qui disait que ça reste ouvert…mais qu’il faut regarder si son libraire est ouvert, lui ! Tout cela fait beaucoup plus le jeu des grosses enseignes étrangères, ou des grands groupes plutôt que les petites boutiques. Finalement, pour plus d’équité (lol), le gouvernement a fait tout fermé. On peut continuer à acheter tabac, alcool, vis de 6, mais pas de quoi s’habiller, s’instruire ou se distraire sauf en ligne. Pour une fois, je serai presque d’accord avec le fils Bedos. On favorise le en-ligne au final, pénalisant aussi une partie de la population (la plus âgée) qui n’utilise pas ce moyen de consommation. Si Mamie ne peut plus se chausser, elle ira en charentaise ? Et puis elle reliera ce qu’elle a déjà en bibliothèque pour la peine. Pour ma part, comme d’habitude, je me dirige vers mes petites épiceries de proximité plutôt que de m’agglutiner dans les hyper et supermarchés. Mais plus de cinéma et je suis sérieusement inquiet pour mon cinéma habituel, membre d’une chaîne de multiplexe et qui ramait depuis un moment pour rester rentable. Je suis presque moins inquiet pour les cinémas liés à des mairies mais ça devient quand même rare. C’est souvent un argument pour rallier le vote des personnes âgées, quand on en voit la fréquentation et la programmation.

Personnes âgées justement avec la belle mère qui est à l’hôpital à 50km…Sauf que les règles changent pour les accès. Hier 2 personnes par jour. Aujourd’hui 1 personne par jour. Demain ? Aucun site internet n’est à jour…Enfin si, en cherchant un peu sur le site général de l’APHP et pas celui des hôpitaux de l’APHP, vous suivez? Le standard est devenu une plateforme multipolaire dont je ne sais même pas si elle est en France. Les services sont injoignables car déjà débordés par tout ce que l’on demande. Et pour les recherches d’EHPAD, tout est bloqué, mais j’en reparlerai. Ce qui est inquiétant c’est qu’on n’accepte plus les personnes des EHPAD en hôpital, comme si on les condamnait dans la plus grande indifférence. Des tests simplifiés (mais fiables à 60% au lieu de 80-90) disponibles ? Oui mais après… On mure les établissements pour que le virus y reste et on y voit ainsi la prolifération des cas. C’est révoltant, indigne et on communique seulement des chiffres, froids, implacables. Je ne regarde même plus les Véran, Salomon et autres pseudo-médecins politiciens qui ont perdu toute humanité durant cette crise.

Alors finalement la vie semble reprendre son cours comme dans sa version mars-avril-mai. J’étais dans ma pharmacie et j’entendais la pharmacienne parler de ce qu’on lui demande de toute part. Des vaccins anti-grippe ? Elle a été pillée en 3 jours puisque aucune priorisation définie au départ. Maintenant c’est au compte goutte qu’elle est ravitaillée et elle priorise les personnes âgées. Elle doit aussi traiter les professionnels de santé, ceux là même qui viennent chercher des masques. Elle est alimentée par le « stock d’état » jusqu’à épuisement. Je vous laisse deviner ce qui arrivera quand il y aura épuisement, si la logistique ne suit pas la gestion des stocks. Et maintenant il va y avoir possibilité d’être testé COVID en pharmacie. Donc il y a des commandes à passer. Sauf que les professionnels de santé viennent aussi y puiser des stocks, n’en ayant pas par un autre moyen. Là, ça ne suit pas. Elle parlait d’une infirmière en souhaitant 50 par jour quand elle même n’en a prévu que 250 pour le mois. Et la formation des pharmaciens n’a pas été faite, alors que c’est la principale source d’erreur du procédé. A coté de moi, une dame attendait un médicament depuis 15 jours… Misère de notre pays et de la libéralisation du marché mondial du médicament.

Me revoilà donc avec beaucoup moins d’inconnues que la dernière fois. Je maîtrise mon approvisionnement alimentaire. J’avais gardé un petit fond de roulement pour ne pas être pris au dépourvu si mes congénères paniquaient ou se mettaient soudain à piller les magasins. J’avais l’impression de ne pas en être très loin le soir du confinement quand je suis allé voir la belle mère avant fermeture hypothétique de l’hôpital. C’était une sorte d’hystérie dans le trafic routier comme dans les magasins. Déjà à Paris c’est compliqué mais là…Plus de clignotant, de respect des feux, des priorités, des lignes blanches. Il faut passer, passer, passer. Et lutter à chaque carrefour, embranchement. Usant et j’imagine le calvaire des professionnels de la route. J’ai mis presque le triple de temps mais ça valait le coût pour qu’elle se sente moins seule, moins isolée, ait de quoi se changer, se faire quelques petits plaisirs gustatifs pendant cette période. Jusqu’à tard dans la soirée, les magasins continuaient d’être pris d’assaut. L’A13 était pleine comme le jour d’un départ en vacances. Je n’ai pas pu faire la dernière séance de cinéma comme l’autre fois. Comme toujours, ce qui aurait pu être géré avec plus de calme en anticipant, a été fait du jour au lendemain.

Depuis ça s’est calmé, notamment le week-end. Je vais encore observer la valse des camions de livraison en face de chez moi, dans tout le quartier. Je vais moins profiter de la nature qui resplendissait alors. Cette fois elle s’endort. Les feuilles tombent et je vais devoir m’atteler à leur récolte et leur compostage. Les oiseaux ne chantent plus autant, déjà. Il y a quelques migrations, quelques vols de canards, d’oies, sinon de corneilles. L’ambiance est grise cette fois, froide et pluvieuse, ce qui n’aide pas au moral c’est sûr. Alors on se retranche chez soi, sous la couette ou le plaid. On repense son intérieur, parfois. J’entendais que des magasins de bricolage étaient littéralement vidés…Alors que cette fois ils restent ouvert. Personne ne comprend plus rien dans ces dérogations pour certains, pas pour d’autres, je l’ai dit.

Pour ma part, à mon humble avis, il fallait confiner strictement bien en amont pour s’en débarrasser, ce qui ressemble au scénario de la troisième vague par le conseil scientifique… qui sera renvoyé à ses chères études par les politiques. Quand je dis strictement c’est sans dérogation pour le jogging et toutes ces conneries permettant de frauder. On a même vu des gens louer ou vendre des glacières Deliveroo… Le virus lui ne fraude pas mais reste implacable au moindre écart. Il fallait fermer les frontières et faire des quarantaines strictes et surveillées comme on l’a vu dans les rares pays exemplaires. Combien de témoignages de retour par aéroport de l’étranger sans le moindre contrôle. Oui cela n’a rien de drôle, j’en sais quelque chose, j’ai des tendances claustrophobes. Mais c’est beaucoup plus acceptable quand on voit du résultat positif que quand, comme ici, on ne voit pas d’amélioration, pas de fin. La déprime et la consomamtion d’anxyolotiques qui progresse est imputable à cette atmosphère anxiogène entretenue dans les médias, à ces atermoiements bien plus qu’au simple confinement. Avec nos demi-mesures recopiées dans l’Europe entière (plus cohérente pour une fois), nous en prenons encore pour minimum 6 mois. Et justement, c’est l’occasion de faire un véritable travail sur nous même, nos besoins, nos envies et pas de se dire « après, je ferai comme ça.. » Nous avons encore pris cela à la légère. Oh c’est un peu par nature, je crois puisque le beau frère en Chine a encore ce mauvais côté malgré un confinement bien plus sévère que ce que nous avons vécu. Mais la vie redémarre, il a retrouvé un boulot, peut vivre à nouveau normalement. Notre égoïsme nous tuera-t-il ?

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Géopolitiquement, l’Europe n’en sort clairement pas grandie, contrairement à beaucoup des pays asiatiques. Car dans cette Europe, ces mesures ne passent plus car la confiance est perdue, sans vision claire des progrès. Il suffit de voir qu’en Chine, les indicateurs ont baissé régulièrement pour comprendre. Paradoxe pour ce virus « chinois » comme l’appelle ce visionnaire de Donald. J’ai affiché au dessus les chiffres de pays comparables, dont certains ont fait du confinement strict. On y voit jusqu’à 4 vagues. L’Australie ne brille pas par son système de santé normalement. C’est un pays sans doute plus jeune que nous. Mais le confinement fut stricte. Le Japon à la population très âgée et la densité très élevée s’en sort aussi mieux mais on voit cette deuxième vague 2 ou trois mois avant nous. Question de culture ? Si l’hygiène est effectivement une seconde nature, c’est moins le cas en Chine dans sa globalité, mais là c’est la discipline de groupe qui est imposée par la force. Entre toutes ces « solutions », il y a de quoi choisir, progresser individuellement et collectivement. En attendant, les pays touchés s’isolent. Pour ceux qui ont de quoi subvenir à leurs besoins dans l’environnement proche ou par leur production, ça fonctionne mieux. La stratégie de développement chinoise avec les routes de la soie (et son inféodation par la dette) prend ici tout son sens. La France n’est pas la moins bien lotie, quand même, du fait de son agriculture. Mais tout cela rebat encore les cartes, accentue les tensions, les ressentiments (cf Iran toujours exsangue par le blocus des USA).

Là, c’est la peur qui prédomine, par un matraquage médiatique et politique. Autant la peur du virus que la peur du lendemain, et la peur est mauvaise conseillère. Le problème est que cela rajoute à une hystérie collective très présente dans toute l’Europe autant qu’aux USA. Gilets jaunes, retraités, terrorisme, blacklivesmatters, metoo, islamophobie et autres formes de racismes, etc… Notre société est hystérique et aux mains d’hystériques. Cf Darmanin, Blanquer, Ciotti, qui sont très loin de la tenue d’Angela Merkel ou Yacinda Arden dans des circonstances similaires. Macron tente de rattraper ses errements sur Al Jazeera; il est trop tard, il nous a remis au rang de peuple arrogant, à l’image de son ami Donald. On montre du doigt l’autre pour mieux se dédouaner de ses propres responsabilités. Mon maire, lui aussi, quand il ne parade pas après un attentat, y rajoute aussi localement. Je ne m’en étonne plus…Nous aurons notre dystopie, peut-être pire que les rêves de M. Xi…

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l’imagination de mon maire

Allez, on va y croire pour le prochain nouvel an asiatique par exemple en essayant de se dé-confiner avec retenue cette fois. Sinon je poursuivrais la série pour une deuxième saison. Et pour cet épisode hors-série , je ne sais pas si ça sera un solo ou une mini série. Honnêtement, je crois que j’ai encore quelques billets à faire pour témoigner de cette période, apprendre sur les autres comme sur nous même. Mais surtout, c’est l’occasion de réagir avec positivité sans suivre servilement le fil de l’angoisse et de la peur, en s’évadant par son imaginaire, ou tous les moyens que l’on peut trouver. Une pensée pour l’Inde, autre pays très impacté, dont on retient aussi cette joie communicative.

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Ecrit le : 08/11/2020
Categorie : reflexion
Tags : blog,confinement,covid-19,société

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