Cinéma - Des hommes de Alice Odiot et Jean-robert Viallet (2019)

Une fois n’est pas coutume, je vais parler d’un film documentaire. Le sujet est particulièrement d’actualité puisqu’il parle d’hommes en prison.

C’est toujours compliqué de présenter le milieu carcéral. Ici c’est la prison des Baumettes à Marseille, peut-être une des plus délabrées du parc pénitentiaire français. Les deux réalisateur.trices ont mis 3 ans à avoir l’autorisation et on se doute qu’ils n’ont pas eu accès à tout ou eu les autorisations de tous les prisonniers et gardiens. Ceci explique peut-être le sentiment que l’on ne voit pas les cas les pires, que l’on ne voit pas directement la violence, mais on l’entend dans les mots employés.

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Ce documentaire est plus une photographie de quelques prisonniers, souvent jeunes, souvent déscolarisés tôt aussi. Hasard ? Difficile à dire mais là n’est pas forcément le but. On y comprend plus ce qu’est la vie dans une cellule minuscule, à 2 ou trois. Il y a bien un frigo, une télévision, de la musique, un lit chacun, des sanitaires mais c’est exigu, vétuste, chaud, bruyant. La privation de liberté prend vraiment un sens dans ce que l’on voit. Pour certains, un appartement surpeuplé pourra ressembler à cette même cellule, d’où ce besoin d’évasion.

Il y a peu de dialogue. Il n’y a pas d’information sur ce qu’ont fait les prisonniers. On le devine dans certains entretiens. Il y a des vérités, des mensonges. Il y a des promesses souvent difficiles à tenir. Il y a des besoins de se raccrocher à quelque chose : espoir, musique, religion… On peut être déçu de ce film qui , en soit, n’apporte pas de jugement, de plaidoyer pour ou contre. On devine une violence que l’on ne voit pas. On parle de couteaux, de morts, de suicides. On parle de peines qui s’ajoutent et une des scènes les plus effarantes est celle du procès à distance. Cela se passe en visioconférence entre le prisonnier seul dans une petite pièce et le tribunal avec les avocats, la procureur, la juge. C’est froid, distant et quelque soit le crime, cela ajoute encore plus à la difficulté ambiante. L’avocat s’emporte, cherche des solutions pour l’après. Y en a-t-il toujours ? On en doute pour certains, on l’espère pour d’autres de … ces hommes.

Le même constat pourrait être fait sur une prison de femmes. C’est instructif pour ceux qui ignorent la réalité. C’est partiel aussi. C’est utile pour relativiser sur le confinement actuel et à venir, sur le besoin de relations sociales. A voir, parmi d’autres documentaires sur le sujet.

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Ecrit le : 27/04/2020
Categorie : cinema
Tags : 2010s,Cinéma,confinement,documentaire,prison

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