BD - Great Teacher Onizuka 1-5 de Toru Fujisawa (1997)

J’ai lu ce manga à sa sortie il y a presque 20 ans et je n’avais jamais pris le temps de le chroniquer. Cela m’a donc donné l’occasion de le relire pour voir si ça avait vieilli.

Petite précision, en France, l’éditeur Pika a sorti toutes les séries parallèles à GTO après le succès de la série. En réalité, Shōnan jun’ai gumi (Young GTO) est antérieure à celle ci . L’auteur, Toru Fujisawa, a eu un succès tardif, et d’ailleurs a du revenir à son héros, Onizuka, et à ses amis pour continuer d’avoir du succès, après des essais infructueux. Le manga est classé en Shonen car il traite de problèmes adolescents et s’adresse par son style caricatural à ce public. Mais il y a une part de Seinen (manga adulte) par la qualité de son propos et la gravité des thèmes abordés.

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La couv de la première édition française, évidemment…

L’histoire, c’est celle d’un voyou, motard, karatéka, obsédé sexuel de 22 ans, Eikichi Onizuka, qui travaille sur des chantiers. Il est diplomé d’une sombre université Eurasia U, mais décide un jour de devenir prof pour … draguer les lycéennes. Confronté a la détresse de cette génération, il trouve sa vocation, avec ses méthodes très particulières. Et bien vite, il oublie ses motivations premières pour devenir le Génial Professeur Onizuka (Great teacher Onizuka)

Dans le premier tome, on se demande ce qui peut être attachant chez ce looser qui regarde les petites culottes des filles comme un gamin attardé. On s’attache plus à son copain Ryuji, une sorte de confident qui semble plus mature, même s’il l’oriente parfois vers la facilité. Et puis il y a le déclic, cet essai dans une école pour un programme de recrutement de nouveaux profs. Il a la vocation et on se dit alors qu’il y a quelque chose à faire, que suivre le personnage dans son évolution vaudra mieux que des blagues pipi-caca ou des bastons de gangs. Le personnage devient attachant quand justement il va contre ses pulsions et dévoile ses qualités humaines, son attachement à des valeurs. A ce moment là, le discours est celui d’un Seinen, avec une satire sociale du Japon et de son système éducatif. Cela intervient au moment où Onizuka postule dans son premier lycée privé : Le Kissho Collège. On sent que l’opposition entre Onizuka et le directeur Uchiyamada va être fructueuse. Il faut y rajouter la directrice, d’apparence anodine et fragile mais avec une grande intelligence : La preuve, elle donne sa chance à Onizuka.

L’histoire fonctionne avec sa galerie de personnages, comme Fuyutsuki, la collègue d’Onizuka, sorte d’opposée en apparence, une girl next door typique des séries japs. L’histoire est ponctuée d’histoires personnelles d’élèves, de drames mais aussi de manigances de Uchiyamada et autres profs et directeurs machiavéliques. On n’échappe pas au running gag (la voiture d’Uchiyamada…) ou aux petites caricatures d’Onizuka dans les scènes comiques (le petit vieux, par exemple). Mais il faut aussi avouer que les personnages masculins sont quasi tous de gros obsédés sexuels. Ryô Saeba, sort de ce corps… La découpe des tomes est plutôt habile avec un cliffhanger en fin de tome.

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Admirez le détail, les trames… et la coiffure avant la métamorphose.

La série nous fait entrer dans le système éducatif japonais tout autant que dans la vie citadine avec pas mal de petites habitudes : Les petits restos, les snacks, les karaoke, le shopping, le pique-nique à la floraison des sakura…Mais elle donne aussi une indication sur la crise de vocation des profs japonais. Il y a un concours pour le public, très dur mais ils sont mal payés par rapport aux horaires. Curieusement, Onizuka va dans un lycée privé…Pour développer ces différentes facettes de l’histoire, Fujisawa met trop de temps sur ces premiers tomes. On sent qu’il veut ou doit faire durer. Ce n’est rien à cotế de la deuxième moitié de la série qui s’étale sur 25 tomes. Je ne sais pas encore jusqu’où je poursuivrai cette chronique. Mais rien que pour ces 5 premiers opus, elle vaut le détour et a gagné ses lettres (3 !! ) de noblesses de classique du Manga.


Ecrit le : 02/01/2020
Categorie : bd
Tags : 1990s,éducation,enseignement,japon,manga,seinen,shonen

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