Réflexion - Mon futur… en mobilité

Je regarde les instagram de designers auto, et les prototypes de salon (pour ce qu’il en reste), etc…on propose de l’hypercar plus facilement qu’un futur non individualiste et dans la performance. Pourtant, ce qui se vend aujourd’hui c’est de la VW golf, de la Renault Clio du Ford F-truck, de la Honda nBox ou de la Nissan Sylphy. Alors je me suis interrogé sur ce que je verrai de réaliste dans 30 ans.

La ville s’étend, la campagne meurt, partout dans le monde, surtout en Europe. Le déplacement et la mobilité, ce sont les transports en commun d’un côté, la voiture devenue plus électrique de l’autre, sans oublier les livraisons diverses, de plus en plus fréquentes pour tout même le plus futile. Pour le particulier, on nous propose un avenir dans le petit ou sinon dans le clinquant. L’avenir fantasmé est soit urbain, soit…sportif et rapide, et dans l’immédiat cette aberration qu’est le SUV. En fait, si on regarde en arrière, à l’exception de concept-cars tout terrain, c’était déjà la même chose il y a 30 ans. En terme technique, on nous propose de l’économique, de « l’écologique » et du valorisant, ou sinon de l’autopartage, tendance de plus en plus forte mais pas forcément transformée dans les chiffres. La voiture se loue plus qu’elle ne s’achète dans différentes formules qui poussent au renouvellement mais dans la captivité d’un constructeur devenu banque. On la prédit de plus en plus inaccessible d’ailleurs, cette voiture.

Au milieu de tout cela, il y a des véhicules d’aujourd’hui qui n’ont pas été beaucoup présentés, sinon en faux prototypes histoire de dissuader le client d’aller voir ailleurs lorsque le constructeur est en retard dans son développement. Il y a une majorité de voitures moyennes et compactes sur nos routes. Il y a des véhicules à tout faire, qu’ils soient des ludospaces (en perte de vitesse), des monospaces (remplacés par les SUV), des camionnettes, des fourgons petits ou moyens, selon les pays et l’état des routes dans le monde. Ils sont économiques, rustiques, moins valorisant et faits pour parcourir des kilomètres avec des gens dedans, des charges. Ce besoin n’est pas vraiment dans l’intérêt des designers de tous poils (oui le designer est un hipster!), c’est l’oublié, celui qui ne fait pas rêver finalement. Donc c’est celui qui m’intéresse aujourd’hui.

Il y avait quoi dans les années 90 comme proposition d’avenir…les concepts marquants ? Faux coupé, monospaces, vans aménagés, on imaginait un avenir en grand la plupart du temps. A cette époque le salon de Tokyo était à la mode et on y trouvait des concepts très urbains, décalés, des cubes à roulette modulaires, qui parfois pouvaient devenir plus gros pour sortir de la ville. En Europe, c’était du coupé comme les Citroen Activa, les Renault Laguna, les Peugeot Oxia. J’ai cherché chez Bertone : Rien de représentatif de ce qu’il y a eu pendant 20 ou 30 ans dans la rue. Seule la Blitz montrait un futur en électrique, tandis que GM se révait prématurément en électrique, tout comme les concept-cars japonais…pays qui souffre de son manque de pétrole. Chez Giugiaro/Ital Design, le concept Aztec passait du coupé au monospace. Pas mieux chez Pininfarina. Hasard, les studios sont morts ou rachetés. VW voyait un futur en monospace avec le futura ou le noah. Toyota dans des hybridation de coupé et berline comme l’AXV II, ou des citadines comme l’Ecom. Les deux leaders du marché actuel ont revu leur copie…. Tout ce qui suit a entre 25 et 30 ans :

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Alors place au dessin pour imaginer demain… j’ai fait quelques croquis, pas franchement concrétisés par des dessins plus évolués faute de temps, je l’avoue.

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Bumpy, c’est la petite urbaine comme on connait mais avec la possibilité de faire des connexions entre les véhicules (autonomes) pour optimiser l’énergie, devenir une sorte de train…, de leur rajouter des batteries pour prolonger l’autonomie sinon à travers cette petite « remorque » intégrée, ou un coffre supplémentaire lorsque l’on a besoin de plus. C’est très proche d’une Kei-car japonaise, et pour cause puisque les villes ont des ruelles étroites et peu adaptées aux véhicules ou sinon des voies rapides. Le cube reste effectivement ce qui a le plus d’habitabilité, à défaut d’être esthétique. L’objectif est d’avoir un véhicule peu coûteux que l’on peut « upgrader » pour des besoins ponctuels par des locations de modules. Sinon on pourrait les regrouper et partager l’énergie par rame de 10 voitures sur des sortes d’autoroutes automatiques un peu comme le truc de la Boring company de Musk en plus simple et moins cher. Il faut garder à l’esprit que la densité énergétique des batteries pourra être 10 fois supérieure à ce qu’elle est aujourd’hui (Je me suis aperçu ensuite que le suisse Rinspeed a des choses similaires dans ses cartons).

Et un autre concept plus grand, dont l’arrière est modulable. Là aussi pas d’invention puisqu’un certain nombre de prototypes y pensaient déjà dans les années 80-90. A l’époque, il fallait avoir de la place. Aujourd’hui on pense auto-partage, location et donc on irait échanger ce bloc arrière qui comprendrait aussi des « batteries » pour s’adapter au besoin du moment. On passe alors d’une citadine/compacte à un break ou à une petite benne, par exemple qui la ferait ressembler à un utilitaire, à un ludospace ou un pick-up. Par batterie, il faut aussi concevoir que ce n’est pas forcément que de l’électrique mais une pile à combustible supplémentaire, l’hydrogène s’accompagnant lui aussi de batteries électriques et autres accumulateurs dans la conversion de l’énergie.

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Même Mercedes s’y mettait avec un cabriolet, coupé, break, pick up au look discutable, la Vario.

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Je crois moyennement à ces véhicules à 1 place ou 2 qui oublient le coffre comme on a pu le voir ces derniers temps avec Renault Twizzy, Citroen Ami ou Toyota i-Road. On ne trouve pas forcément un énorme avantage par rapport à des offres de scooters, de trottinettes ou de vélo, sinon d’être à l’abri de la pluie. Les gens qui louaient des Autolib à Paris en avaient besoin pour prendre des grosses courses, transporter quelque chose. Les utilitaires électriques commencent à être dans les offres d’autopartage maintenant puisqu’ils existent depuis peu (Kangoo, e-Partner, e-NV200). Le compromis est à trouver entre la place et le poids des batteries et la capacité de chargement ce qui coupe ces véhicules de certaines professions. J’ai quand même imaginé ce que cela pourrait donner en un peu plus gros que cela avec des batteries situées très basses et refroidies par air, une direction très légère, l’objectif étant de libérer de la place ce chargement.

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Je constate aussi ce manque qu’il y a dans les régions plus rurales pour accéder à tous les services, et notamment pour louer un véhicule dont on a besoin. Il n’y a que quelques supermarchés qui font dans l’utilitaire, le recours à la voiture étant impératif pour rejoindre ce lieu. Si la voiture devient trop chère, on tuera encore plus la ruralité. Avec de petites communes au budget limité, qui se voient forcées de se regrouper, c’est toute une organisation à revoir. Doit-on alors faire livrer chez soi ou aller chercher sans avoir à assumer le coût d’un véhicule toute l’année ? Difficile par exemple pour une mairie ou une association de trouver un véhicule économique, convenant à tout le monde dans tous les cas.

Mais ma vision reste assez utopique car elle vise une population qui ne recherche pas le statut dans le véhicule. L’individualisme ne disparaîtra pas en claquant des doigts, même si l’automobile d’après demain sera un luxe de plus en plus inaccessible. J’ai parlé du problème des ressources énergétiques et minières pour la construction des véhicules qui va peser plus sur le prix. Malgré cet aspect, le véhicule se devra d’être valorisant et c’est en cela que les concept-cars dont je parlais au début, jouent leur rôle de machine à rêver. La personnalisation est actuellement la solution mais montre des limites. Si la Mini reste l’exemple, suivi un peu par la Fiat 500, on mise plus sur des dérivés plus ou moins baroudeurs d’une gamme, sur une bonne vieille gamme de jantes et roues, sur des couleurs tendances … alors que finalement c’est le gris qui prédomine dans les ventes. Après tout, même les smartphones ne tentent pas beaucoup d’originalité, se limitant à afficher un logo derrière la façade noire entourée de métal et de verre, logo souvent masqué par une coque !

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J’aimerai un futur joyeux, coloré, diversifié. Après la crise du COVID, j’ai peur que l’on recourt moins aux transports en commun et un peu plus au transport individuel. Les plans promis pour la relance des transports locaux vont mettre au moins 20 ans à émerger pour être fiables et efficaces vu l’état où l’on a laissé le réseau SNCF par exemple. J’aurai pu imaginer aussi le camping-car du futur, qui lui aussi va devoir trouver son chemin dans le recours à l’électrique. La masse embarquée est bien importante aujourd’hui pour n’imaginer que des batteries. L’hybridation est balbutiante sur ces gros utilitaires et en plus les villes les repoussent. Donc il faut là aussi imaginer de la modularité plus intelligemment que le simple recours à un grand espace pour loger une mini-voiture. Et si justement la Minivoiture n’était que le poste de conduite, le reste n’étant qu’un ajout pour tout l’espace à vivre, la propulsion, les énergies et fluides. Bien inspiré sera le constructeur à revoir totalement cette possibilité. Il faudrait imaginer des connexions en « drive by wire » plutôt qu’en bonne vieille mécanique pour bénéficier de cette synergie.

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Même en ayant une fibre écologiste, il faut arrêter d’imaginer un futur sans transport individuel. Les villes deviennent mégalopoles mais les centres uniques disparaissent au profit de multiples petit pôles, commerces regroupés en centre ou en proximité selon les pays. Je vois d’un côté des villes japonaises avec de petites structures puisque la voiture n’y est pas bienvenue et de l’autre ces banlieues à l’américaine qui s’étendent avec toujours des « mall » plus ou moins grands. Deux philosophies opposées qui ne rencontrent pas la même adhésion dans d’autres contrées du monde. En fonction de la densité démographique en fait, la mobilité n’a rien à voir. Pour avoir été citadin pur et banlieusard, je n’agis pas du tout pareil. Dans un cas la voiture était secondaire, dans l’autre elle est presque indispensable. Je ne vois donc pas un futur uniforme mais bien plus scindé encore qu’il ne l’est, avec c’est vrai une disparition possible de la voiture en ville pour des sortes d’hybrides entre le scooter/trottinette et l’auto-partage pour cette individualité, des taxis autonomes, etc… Il y aurait sans doute une place pour de petits véhicules disposant de coffres, à propulsion humaine et électrique (voire solaire) avec 4 roues, un sentiment de sécurité par sa hauteur et ses protections.

Mais la mobilité reste une affaire de pays riches quand le reste du monde a déjà du mal à avoir des axes praticables, soumis à des intempéries, à des manifestations climatiques ou sismiques. Si aujourd’hui, beaucoup de nos anciennes voitures ont une troisième vie dans des pays dits du Sud, c’est parce qu’elles sont plutôt adaptées. Je vois mal demain nos Renault Zoe ou VW ID3 sur des routes africaines ou du sud-est asiatique avec la mousson, la boue, etc…Là aussi la mobilité est souvent en commun par la force des choses, dépassant souvent la limite de poids autorisée. Des marques gardent des offres ciblées sur ces marchés, un savoir-faire, pensant robustesse et rusticité avant « émissions », même s’il y a eu du progrès. Quelques productions locales captent aussi parfois ces besoins. Ce troisième marché après l’urbain et le rural est à construire pour ne pas voir les pays pauvres comme des poubelles.

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Allez, terminons avec la vision de demain, par l’enfant qui reste toujours en nous :

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Ecrit le : 25/07/2020
Categorie : reflexion
Tags : automobile,environnement,futur,design,écologie

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