Littérature - Une Terre Promise de Barrack Obama (2020)

Je ne suis pas fanatique de ce président américain pour avoir lu ce (premier) pavé de près de 900 pages. Mais entre curiosité et envie de lire ses justifications sur la politique étrangère durant ses deux mandats, j’étais intéressé par cet ouvrage.

Je dois dire que c’est une sorte d’énorme livre de remerciements sur tous ceux qui ont contribué à son accession au poste suprème. Ils sont tous cités nommément et la liste est très, très longue. Si c’est pour en savoir plus sur l’enfance du président, c’est raté. Par contre, vous n’ignorerez rien sur ce parcours chanceux et opportuniste vers la présidence. “The Right Man at the Right Place, at the Right Moment”, pourrait-on dire et il en est conscient. Mais la chance, ça va se chercher aussi et il a eu le cran à quelques moments de la tenter.

Comptez donc un bon tiers pour l’accession au pouvoir et si vous vous souvenez, c’est le moment de la crise boursière de 2008. J’étais aussi dans un endroit particulièrement chahuté par cela… Mais j’étais curieux de voir comment il aborderait le fait qu’il y a autour de lui toute une clique de banquiers eux-même responsables de la situation. Pas un mot sur le fait que son conseiller Rahm Emmanuel était quelques temps auparavant chez Freddie Mac et j’en passe sur cette amnésie sélective. Ce sont quand même ces organismes qui ont été en première ligne dans cette crise. Alors forcément, pas trop de critique sur les moyens et les décisions utilisé(e)s dans l’urgence en 2009-2010, mais quand même sur le manque d’auto-critique de ce milieu. Premier consensus. Obama prend quand même le temps de justifier cela en disant parfois que le remède est pire que le mal et que dans l’urgence, il aurait fait le moins pire.

Car évidemment, tout le livre est lisse, propre sur lui comme a appris à le faire Barrack Obama durant sa campagne avec ses multiples conseillers. C’est plutôt intéressant finalement de voir que c’est bien une jolie tête de gondole pour le produit “Parti Démocrate”, et comment il est façonné. Bien sûr, il faut du talent pour s’adapter à cela, pour rattraper ses bourdes, pour savoir trahir ses amis encombrants parfois, ou se faire ami de personnes influentes. On sent que la relation avec Hilary Clinton n’est pas des plus paisible et ça n’a pas du s’arranger après la défaite de celle-ci face à Trump. Défaite dont effectivement on voyait les prémices dans la montée de l’extrême droite durant la campagne républicaine (Tea Party, Sarah Palin…). Mc Cain le modéré ne pouvait pas manger son chapeau très longtemps. On sent une rancune tenace chez Obama vis à vis de toute l’aile droite des républicains qui a, notamment, plombé puis détruit son “Obamacare”.

Pour l’aspect géopolitique, je ne m’attendais pas à des révélations sur les dessous des tractations, qui restent forcément dans le secret. Il y a bien sûr des anecdotes amusantes, je m’en doutais. Il y a quelques portraits de dirigeants, comme Sarkozy, plutôt bien vu face à Merkel, la presse française ayant filtré un peu cela d’ailleurs dans ses citations. Mais globalement, la vision d’Obama des situations des pays tient de la caricature sans nuance, certainement à coup de mémos de ses services comme on avait pu le voir dans des fuites de wikileaks. Étonnant de le voir critiquer les autocrates dans leurs palais/tours d’ivoire et de ne pas réaliser que lui aussi y était quand par exemple il se contentait de voir des situations à travers synthèses de gens de l’autre bord politique et d’un hélicoptère. Car ce qui frappe, c’est que le diplomatique et le militaire sont encore très orientés par le parti républicain (sa partie encore relativement modérée) et donc on a cette fameuse politique des “faucons” qui se poursuivra avec Hillary Clinton. Obama décrit cela sans comprendre que c’est ce qui va plomber sa politique extérieure.

Évidemment, on ne peut casser une administration d’un seul coup en mettant des gens ouverts à une autre politique d’un claquement de doigt, surtout dans des services aussi pointus que la défense nationale, les services secrets ou les ambassades. Les éléments de ce livre permettent de bien comprendre tout le poids d’un tel appareil et aujourd’hui de regarder comment un Trump est parvenu à dynamiter cela en seulement 4 ans à coup de menaces, démissions forcées, etc..Imaginez pour reconstruire de la cohérence maintenant avec une version démocrate plutôt au centre droit de l’échiquier politique…Et toujours les mêmes faucons.

Le livre est long, très long, trop long mais il tenait à remercier tout le monde… Il n’est pas inintéressant mais beaucoup plus orienté politique intérieure finalement dans les rouages pour faire bouger les choses. On sent de gros regrets et surtout que la présidence Trump et la dérive irréversible de la politique américaine vers deux camps irréconciliable l’inquiète fortement. Il y aura un deuxième tome, oui… Sans doute différent sous l’ère Biden mais il doit déjà être bien entamé.


Ecrit le : 16/03/2021
Categorie : litterature , geopolitique
Tags : 2020s,autobiographie,géopolitique,USA,histoire

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