Tourisme - Visite au Zoo-Refuge La Tanière

Cela fait près de 5 ans que je suis cette réelle aventure qu’est la création du Zoo-Refuge La Tanière. Curieuse idée que de vouloir recueillir des animaux sauvages dans un refuge, surtout après une carrière professionnelle bien remplie. Mais vous allez voir que ses fondateurs ont justement pointé un manque.

 L’histoire

Ce parc devait ouvrir en 2020 mais la pandémie en a décidé autrement. C’est donc réellement en juin 2021 que le parc ouvre au public, après une mise en place hors du public que l’on a pu suivre à la télévision (TF1, C8…) et sur leur chaîne Youtube. A l’origine de tout cela, il y a le couple Violas, Patrick et Francine, qui ont fait fortune dans la téléphonie avec le groupe Cinq sur Cinq. En fin de carrière, ils ont investi dans une ferme et commencé à recueillir des animaux. Mais bien vite on a commencé à leur parler d’animaux sauvages. Et le sort des animaux de cirque ou de “foire” les a affecté, en plus d’autres causes. De là est partie l’idée de proposer un lieu pour aider à la retraite de ces animaux ou au moins à la transition vers des lieux plus appropriés. Et tout a commencé il y a 10 ans.

La situation

Ayant fait carrière dans l’Eure et loir, c’est vers Chartres que les Violas ont installé ce parc. Cela donne une situation plutôt intéressante tant pour la province que pour les parisiens puisque nous sommes à moins d’1h30 de Paris, sur le bord de ville entouré de champs. Un giratoire en permet l’accès et un parking est là pour accueillir déjà beaucoup de voitures, quelques cars et camping-cars. Il ne manquerait qu’un accès bus à partir de la gare de Chartres pour que ce soit parfait. J’avoue que vue l’affluence lorsque nous y sommes allés, le parc risque d’être vite à l’étroit. Mais il est vrai que la petite joute avec le préfet local au sujet du pass-sanitaire pour un lieu entièrement en plein air a fait aussi un petit buzz bienvenue pour compenser les bâtons mis dans les roues de tous les parcs animaliers.

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Mais c’est quoi alors ?

Vous savez qu’en temps que militant de la cause animale, je n’apprécie pas beaucoup les zoos. J’en ai vu certains évoluer peu à peu dans le bon sens de la préservation d’espèces mais il reste beaucoup à faire, notamment dans le comportement des visiteurs. Ici, nous sommes dans une sorte de maillon manquant entre les refuges genre S.P.A. et les zoos. Avec l’interdiction des animaux sauvages dans les cirques, il va aussi falloir accueillir ces animaux dans des structures adaptés. Il y a également toutes les saisies de douanes, les maltraitances, les faillites, les sauvetages. Sans compter les animaux de laboratoires… Tout cela s’est fait il y a 10 ans mais le nombre de demandes dépassant hélas les attentes, il a fallu vite agrandir ce qui fait que le parc est aussi un chantier permanent. Ce n’est pas un parc animalier avec de vastes espaces, des infrastructures luxueuses pour l’instant mais c’est plus grand qu’un refuge SPA pour ce qui est des espaces alloués aux animaux. Dans cet entre-deux, on peut être choqué au premier abord par l’étroitesse de certaines cages ou certains espaces. Un animal ne passe pas d’un seul coup d’une petite cage à un grand espace. Il lui faut des transitions. Sur place, on voit des chantiers partout, des améliorations continues et pourtant c’est parfaitement visitable sans mettre en jeu sa sécurité ou celle des animaux.

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Comme c’est un zoo-refuge, tous ces animaux n’ont pas vocation à rester éternellement là. C’est souvent une étape avant de leur trouver un espace plus large dans un vrai zoo ou ailleurs. Leur imprégnation de l’homme fait qu’ils ne peuvent plus être réintroduits dans la nature. Le sort de deux lions est symbolique de cela avec une castration prématurée qui les a empéché d’avoir leur crinière et un dé-griffage qui les empêche d’attraper la nourriture correctement et même de se mouvoir normalement. Les voilà à rester paisiblement près des vitres et grilles où passent des humains. Mais ils ont au moins de l’espace alors qu’ils étaient enfermés dans des petites cages et exhibés dans des boites de nuit. Sachant en plus que la partie visitable n’est que la partie visible d’un iceberg qui comprend d’autres bâtiments, enclos, et même des champs.

L’urgence c’est les animaux

Mais la première urgence était de trouver un équilibre financier (pas de gain prévu, c’est réinvesti dans de nouveaux besoins) avec plus d’animaux que prévu et une ouverture aux visites qui a été décalée. Les quelques généreux donateurs ne suffisent pas. Il manque donc forcément des structures en dur pour les visiteurs par rapport à un zoo traditionnel, il manque des espaces verts qui sont en train de pousser. La priorité est donnée à l’accueil et aux soins des animaux, et on voit des plus grandes volières, des grands espaces pour les animaux comme une panthère à venir. Pourtant on a des toilettes partout dans le parc, une buvette, un espace restauration (avec une offre végétarienne à défaut d’être végane), quelques vidéos sur des écrans, des panneaux explicatifs en français et anglais et l’accessibilité aux personnes à mobilité réduite, avec même des prêts de fauteuils et de poussettes. On sent bien à écouter le fondateur du parc que tout doit aller vite mais que ça prend évidemment du temps…Et de l’argent. Un chantier ça fait du bruit aussi pour les animaux, donc source de stress. Il y a des pelleteuses sur place, des bâtiments en chantier d’abord pour élargir l’accueil des animaux. Les visiteurs attendront un peu pour plus de confort. Je n’ai pourtant pas ressenti de manques lors de la visite avec madame. En plus quelques bénévoles viennent aider sur l’encadrement des visiteurs.

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encore beaucoup de travaux à faire

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les zones d’attente et de soin ne se visitent pas

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Un futur espace pour les singes ?

Rencontre avec les Violas

Au détour d’une volière, nous avons vu débarquer Patrick et Francine Violas en tournage avec un perroquet Ara pour expliquer les derniers avancements. On sent bien tout l’investissement personnel du couple dans cette aventure titanesque, pas seulement financier mais total. Patrick est un meneur et ça se ressent avec une Francine qui veille aussi à la bonne communication. Un véritable plaisir à discuter quelques minutes avec eux au sortir de ce petit tournage. Ils étaient aussi avec leur petit fils, dont on espère qu’il prendra la relève. L’éducation de la nouvelle génération leur tient particulièrement à cœur, justement pour ne plus voir d’animaux sauvages exploités et maltraités. Le Ara est un symbole, par exemple, des trafics meurtriers qui s’opèrent, même si l’espèce n’est pas la plus en danger.

Et dans le détail

Pour l’instant, le parcours se fait en 2h30 environ. Il y a de nombreux panneaux explicatifs sur les espèces mais aussi sur les histoires de tous les pensionnaires. La visite commence par quelques animaux de ferme. Cela peut paraître anodin mais il y a hélas de la maltraitance, ne serait-ce que par les faillites des paysans, ceux qui croient que tout le monde peut avoir un animal dès qu’on a un champ ou un grand jardin. Il y avait aussi un petit porc vietnamien qui fut retrouvé en pleine rue. Un peu plus loin, ce sont des sangliers orphelins ou des truies sauvées de mauvais traitement. La France ne s’illustre pas dans le respect des normes d’élevage pour les truies gestantes, de toute façon !

Et puis on passe aux éléphants (ici d’Asie), au nombre de deux au moment où nous y étions. Ils ont deux espaces de chaque coté de leur abri qui sert à leur administrer les soins. La seule animation les concernant, c’est de montrer les moments où on leur fait du “medical training”. Évidemment, c’est petit pour de tels animaux mais c’est tellement mieux que les traitements qu’ils recevaient avant dans des cirques.

On trouve des Highland cattles, ces grandes vaches écossaises et on passe aux grands félins avec des espaces en construction (pour la panthère Oliver…) en plus des 4 enclos actuels. Tigres et lions s’y prélassent enfin loin des brouhahas du passé. Ils peuvent se mettre à l’abri, certains nous snobant. On ne peut pas leur en vouloir et aucune animation ne viendra les mettre en scène… Évidemment ces lions ou tigres ne peuvent parfois pas cohabiter entre même espèce.

Il y a également des ours, dans un bel enclos encore très neuf pour la végétation mais avec de l’eau, des tanières et aménagements…Ils avaient l’air plutôt détendus (voir roman photo à la fin). Un enclos qu’aurait aimé Mischa, malheureusement décédé au début de la tanière après un sauvetage qui l’avait laissé plus que malade. Une blessure encore vive dans le cœur du fondateur…qui d’ailleurs parlait d’un décès récent chez un animal qu’il regrette d’avoir pris dans cet état. Mais en même temps, que faire ?

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Nous avons donc rencontré les Violas dans la petite volière d’immersion (il y en a d’autres plus grandes) où l’on peut côtoyer des perruches calopsittes, têtes de prune, des perroquets gris du Gabon ou des Cacatoès. Des animaux que l’on rencontre hélas encore trop dans les animaleries (ne serait-ce que celles du quai de la Mégisserie au coeur de Paris!!) et qui vivent jusqu’à 50 ans et même 80 ans pour les plus chanceux. Juste à la sortie, il y a l’animal le plus dangereux sur terre dans une petite baraque. Je m’attendais bien à le rencontrer, il m’est assez familier.

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Et puis il y a les primates issus de laboratoires (grace à l’association GRAAL). Certains y ont passé 20 ans enfermés pour des expériences parfois utiles, trop souvent inutiles ou répétées inutilement faute de partage des résultats. Il y a aussi des vaches utilisées pour des produits de contraception. Les singes, ce sont pour la maladie d’Alzheimer, des vaccins, pour ce qui est avouable j’imagine. Un sujet compliqué où quelques laboratoires jouent modestement le jeu. Les choses bougent lentement.

On passe aussi aux otaries avec des bassins mais évidemment pas de spectacles dégradants pour ces magnifiques animaux, ni même de vitres pour les observer sous l’eau. Elles ont le choix d’aller où elles le souhaitent dans leur enclos. Vous imaginez là aussi le besoin pour les Marineland et autres lieux de perditions de la faune aquatique qui vont devoir cesser ces activités. Ces animaux ne peuvent pas être réintroduits dans la nature, ou sinon après une longue période.

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Il y a quelques visons qui préfèrent se planquer le jour, un Caracal qui dormait paisiblement comme un gros chat, et des petits singes capucins qui ont plus d’espace que ceux que j’avais vu dans des zoos, malgré leur petite taille. Quelques wallabies aussi dans de grands enclos, ainsi que des chameaux et dromadaires. La plaine africaine reste toujours à l’état d’ébauche, pour l’instant.

On termine évidemment par la boutique avec goodies et merchandising qui permet indirectement de donner au refuge. L’entrée est achetable en ligne sur le site du zoo-refuge au prix de 16,90 pour les adultes et 11,90 pour les enfants. C’est valable 5 ans donc c’est plutôt pratique avec les aléas du virus et de la météo. Évidemment c’est moitié moins que Beauval et autres zoo-spectacle devenus des barnum du zoo : Rien à voir. C’est sans doute moins “amusant” que d’autres zoo mais tant mieux. Je voyais aussi plus de respect chez les visiteurs, moins de bruit, malgré un car d’enfants des Yvelines. Ce parc, c’est aussi pour financer des actions bien utiles pour tous ces animaux oubliés. Il reste beaucoup à faire pour améliorer et je suis certain que ça aura beaucoup changé l’année prochaine, déjà. Mais comme le dit lui même le fondateur, son rêve, ça serait qu’il n’y ait plus besoin de ce zoo-refuge. Si déjà je pouvais le voir de mon vivant…

Comme il y avait trop de photos, j’en ai fait un roman….photo (4Mb).

Quand nous sommes partis, un jour au temps incertain mais pas trop chaud, le parking était à 75% rempli ce qui est plutôt bon signe pour atteindre l’équilibre financier souhaité.

La Vidéo à laquelle nous avons assisté video …saurez vous y reconnaître madame ?


Ecrit le : 21/08/2021
Categorie : tourisme
Tags : tourisme,protectionanimale,zoo,refuge,blog

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