Réflexion - Ma vie de cycliste

J’avais (un peu trop) laissé tomber mon deux roues non motorisé mais je m’y suis remis. Et j’ai voulu faire plein de choses avec mais là, ça coince alors que pourtant j’aurai pensé le contraire.

Le vélo, je pratique depuis mon enfance mais sans plus. Quand j’étais encore chez mes parents, je le prenais parfois pour rendre visite à des amis situés un peu trop loin à pied, même quand j’avais une voiture. Mais à y repenser, ce n’était pas toujours très prudent car il y avait des routes souvent trop étroites pour cohabiter avec les voitures. Je prenais des détours pour être plus en sécurité et passer par des rues moins fréquentées que le chemin le plus direct. J’avais aussi pratiqué le vélo en Allemagne durant mes différents séjours. C’était le jour et la nuit avec la France. Et puis je me suis installé à Paris, j’ai oublié le vélo. J’ai essayé le roller mais ce n’était pas mon truc. J’ai vu l’arrivée du Velib, utilisé un temps sans me faire tuer par les différents transports. J’ai déménagé en grande banlieue dans une ville un peu plus rurale et j’ai repris un peu le vélo avant de moins l’utiliser pour diverses raisons. J’ai même vu une “voie cyclable” dessinée dans ma rue, mais vite abandonnée, comme le bitume. Je ne fais pas du “Velotaf” régulièrement.

L’Allemagne

J’aurais pu parler de Hollande, si j’avais fait autant de séjour dans ce pays. Ma référence pour l’utilisation du vélo en ville, c’est l’Allemagne. Il faut se souvenir d’un gros détail : Les centres-ville ont été beaucoup détruits par la guerre et lors de la reconstruction, alors qu’il n’y avait pas encore beaucoup de voiture, on a pensé au vélo. On a aussi conservé les tramways… Mais cela donne, dans les quelques villes que j’ai connue (Munich, Augsbourg, Fribourg, Cologne, Darmstadt, Heidelberg…), des installations bien séparées de la circulation automobile qui facilitent le lien entre centre et périphérie, des parkings à vélo gigantesques, des feux tricolores adaptés et spécifiques, des bandes colorées sur le sol pour délimiter les passages. Et puis, il faut aussi des usagers de la route qui respectent les usages, que cela soit des automobilistes comme des cyclistes et des piétons. A chaque fois que j’ai eu à aller dans des zones piétonnes, il y a avant un moyen de laisser le vélo pour ne pas risque d’accident. Ce qui fait que l’on peut parfaitement vivre sa vie de citadin sans la moindre voiture, si en plus on considère les habitudes d’achat des citadins allemands, pas encore convertis totalement aux grands hypermarchés ou mall à l’américaine, malgré l’influence considérable des USA dans le mode de vie allemand après guerre.

Paris

Paris s’est peu à peu transformé pour accueillir à nouveau les vélos. Mais pour moi qui ait connu l’Allemagne, cela a été fait souvent en dépit du bon sens. Il y a le problème de l’historique des rues, ruelles, et grands axes. Mais enfin, quand on voit la manière de tracer des voies de bus qui passent subitement de droite à gauche de la voie “voiture” sans logique ni signalement efficace, on s’étonne de ne pas avoir plus d’accidents. Pour les vélos, c’est pareil avec de simples bordures de trottoir ou des lignes pour délimiter, évidemment vites franchies par les voitures. Les carrefours n’ont pas de feux spécifiques, pas de tracés visibles pour montrer que l’on traverse une voie de vélo et qu’il faut faire attention. Plus grave, on empile un trottoir puis une piste cyclable, puis une zone de stationnement qui masque l’arrivée des vélos pour les automobilistes voulant tourner car c’est pile dans l’angle mort du rétro. Comme en plus le cycliste français ne respecte pas plus le code que l’automobiliste, il se croit tout seul, renverse des piétons en se pensant prioritaire. Je connais plusieurs personnes sévèrement handicapées suite à cela. J’ai failli me faire renverser sur un trottoir loin de toute piste cyclable. Et ne parlons évidemment pas des vélos en “libre service” laissés n’importe où, n’importe comment.

Je fus abonné Velib au tout début pour les périodes où je préférais éviter les métros bondés et surchauffés, par exemple. A l’époque, peu de pistes cyclables, par exemple pour faire la liaison entre la Place de l’étoile et le 18ème arrondissement, ou Saint-Lazare. L’état des vélos était aussi vite déplorable à peine quelques mois après le lancement. Je ne sais pas si ça s’améliore, ça m’étonnerait. Mais c’était la cohabitation avec les automobilistes et les bus qui était le plus dur. S’arrêter à un feu dans un grand carrefour parisien relevait de l’inconscience. Certains préféraient passer par des passages piétons, mettant les piétons en danger. Rien n’était prévu avant de lancer le projet (tiens, ça me rappelle la voiture électrique) et comme dit avant, ça ne s’est pas beaucoup amélioré. J’ai participé récemment à l’enquête d’une association “Parlons Vélo” qui donne un baromètre tous les deux ans. Paris est classé D en 2019, avec une évolution positive mais un gros point faible sur la sécurité. C’est quand même pour moi la priorité avec le confort…

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Ma ville

Sur la même enquête, ma ville actuelle est à ….F. Oui c’est presque la plus mauvaise note. Et pourtant, on a peu de grands axes, on a de la forêt. Mais on a aussi un recours à la voiture pour trop de choses, quelques ruelles étroites, pas de zone piétonne, et des habitudes typiques d’une vieille banlieue. Pour ma ville de naissance, c’est pire : G, la plus basse note. C’est bien simple, je n’ai jamais vu de piste cyclable et ça empire avec les travaux délirants du maire LR. Mais pour ma ville actuelle, c’est une stagnation. Pas de moyen de parquer son vélo dans le centre ville. Il y a pourtant des écoles, collèges, lycées qui gagneraient à offrir à minima cela. Là aussi pour avoir connu des gymnasium allemands, ça n’a rien à voir. Il n’y a que des portions cyclables sur des grands axes. La partie forêt est assez facilement desservie mais c’est tout. Une piste a été rajoutée sur la voie rapide qui passe au dessus de la seine pour faciliter l’accès à la grande piste cyclable qui va vers la grande ville. Sauf que pour rejoindre cette voie, on ne sait pas où passer de manière sécurisée. Les entrées sur cette voie ne signalent pas le danger de voir des vélos déboucher ! Je préfère prendre un autre pont dans ce cas. La fameuse grande piste cyclable est non bitumée, jonchée de nids de poules, de flaques. Idem pour celle qui va vers la base de loisir, sans parler des arbres non taillés qui bloquent certains passages. Le pire c’est quand même d’avoir dessiné des voies cyclables dans des rues à peine capables d’accueillir une seule voiture (sens unique). On ne peut tout simplement pas se croiser.

Et puis il y a aussi des éléments incroyables comme ces feux tricolores qui se déclenchent au poids d’un véhicule. Mais ils ne peuvent se déclencher avec un vélo donc on peut attendre très longtemps… ou faire signe à une voiture de prendre notre place ? Autant dire qu’avec l’entretien déplorable de certaines rues (dont la mienne), il vaut mieux prévoir un vélo tout terrain bien suspendu qu’un vélo de route aux fins boyaux. Je suis angoissé lorsque je dois sortir de chez moi justement à cause du manque de voies correctes. Même si les automobilistes font plus attention que ceux de Paris, c’est quand même dangereux de cohabiter. Je ne peux pas faire mes courses en vélo car je ne sais pas où le mettre. Alors je vais à pied et c’est finalement à peine plus long.

L’évolution du matériel.

J’ai toujours un vélo de route de mon adolescence. Il a encore des changements de vitesse sur le cadre et pas au guidon, mais tout de même des vitesses indexées et un ensemble de 3 plateaux à l’avant et 6 à l’arrière pour avoir de la polyvalence. Pourtant, dans ces conditions de roulage, je ne le sors plus, même s’il reste le plus léger. Je me suis converti à plus costaud, plus massif, avec tout ce qu’il faut pour passer dans toutes les circonstances, même en forêt, dans la boue. La qualité du cadre n’est pourtant pas celle que j’ai sur l’autre, même si je les protège. J’ai aussi testé le vélo à assistance électrique et c’est vrai que c’est bluffant de simplicité. C’est confortable mais ça ne convient pas dans l’optique de faire de l’exercice. Si c’était pour un trajet vélo-taf ou faire des courses dans de bonnes conditions, je serais déjà converti. Car arriver en transpirant avec son vélo au travail, ça ne le fait pas. Avec le Vélo électrique, pas de souci, pas de sueur. J’ai même regardé les kits de conversion mais c’est soit compliqué, soit trop cher pour adapter sur ma monture. Après je m’interroge quand j’ai vu les prix pratiqués sur le marché asiatique et ce que l’on voit chez nous. Et puis je vois aussi l’arrivée de tandems, vélo-cargo, électriques ou pas. Voilà qui me plairait bien si le reste suivait.

Conclusion

Je suis aujourd’hui un cycliste frustré et malheureux. Je ne peux pas vraiment pratiquer comme je le voudrais en toutes saisons et à toute heure. Parallèlement, je vois d’autres pays mettre tout en œuvre pour que ça soit vraiment bien à faire en famille, sans danger, en tout confort. Ils sont plutôt plus au nord. Il y a bien des mentalités à changer, certains considérant encore que revenir au vélo est aller à rebours du progrès. Justement, le vélo a aussi fait des progrès et se double maintenant de variantes du deux-roues. J’en connais qui ont pris des sortent de segway, ces roues motorisées sur lesquelles on reste debout. C’est effectivement possible de ranger cela dans un casier quand on n’a pas d’espace pour son vélo. Et puis le vélo, ce n’est pas qu’un outil des nouveaux forçats.

Bande son : Katie Melua video


Ecrit le : 07/05/2022
Categorie : reflexion
Tags : blog,environnement

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