Automobile - Bilan 2022

Il y avait longtemps que je n’avais pas fait un bilan sur ce secteur qui m’est cher. Mais bon, pas un bilan sur les ventes ou les tendances, en cette période de Mondial de L’automobile à Paris. Ce qui m’intéresse, c’est à la fois le design en terme d’esthétique, parce que je trouve que c’est endormi, mais aussi l’aspect technique et technologique, parce que le secteur n’est pas encore au rendez-vous des enjeux environnementaux…mais aussi à cause des clients.

Design - Les sorties marquantes

Comme je le disais, il n’y a pas de sortie qui m’a fait bondir de mon siège en me disant, Waouh, ce que c’est beau. Je suis peu client du retro-design qui consiste à réinterpréter un véhicule mythique à la sauce moderne (cf Renault avec 4L et R5 en ce moment), même si c’est un jeu que j’aime pratiquer. Pourtant, il y a deux véhicules que j’ai remarqué très vite, surtout lorsque je les ai vus en vrai : La Hyundai Ioniq5 et la Kia EV6. Toutes les deux sur la même base techniques, ces deux voitures électriques ont osé : L’une reprend pourtant la ligne historique de la Pony mais une Pony qui aurait mangé ses filles, car elle a grossi. Chaque détail est épuré, travaillé pour un rendu de carosserie magnifique et l’intérieur donne l’impression d’un concept car. Sauf que c’est bien un véhicule série. Aucune grande invention mais un travail en finesse. La Kia EV6 par contre surprend par son gabarit, osant une forme hybride avec cette ligne qui part du bas jusqu’aux feux arrières. C’est classique mais il suffit de ce détail pour la faire sortir du lot. Et l’intérieur est similaire mais à l’opposé en traitement de matière par rapport à la sœur Hyundai. C’est presque dommage de ne pas avoir osé un peu plus, surtout que techniquement, ça suit.

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Les dessins à l’origine de la Hyundai Ioniq5 et de la Kia EV6

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L’autre nouveauté que j’ai mis du temps à repérer, c’est la DS 4. Là encore, rien de révolutionnaire au premier abord. C’est toujours une sorte de berline compact un peu surélevée. Mais il y a un peu de ce que fait Lexus dans le traitement des angles, très incisifs, avec plus d’élégance ici, des lignes qui ont le bon goût de ne pas aller dans la complexité, de se croiser au bon endroit. Tout ce qui a été raté sur la dernière DS3 est ici réussi. On est sorti aussi de la molesse de son ainée DS7. Pour l’intérieur, c’est encore imparfait mais on se rapproche d’une marque de fabrique qui pourrait installer la marque durablement. Et puis bon, même si ça fait son effet, pas la peine d’épiloguer sur la dernière Ferrari Daytona SP3. On ne joue pas dans la même cour. Ou le premier SUV de la marque, la Purosangue, pas mal mais, … anachronique ! Sinon, Renault tient peut-être enfin le bon bout avec sa nouvelle Mégane, sans que ça soit un choc.

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La DS4 en présentation artistique

Au rang des flops, j’hésite entre le pataud Renault Arkana, la tarabiscotée Citroen C4 et la C5-X qui réussit l’exploit à reprendre des échecs du passé (DS5, Opel Signum) sans sortir du lot. Ou bien l’horrible calandre des dernières BMW, qui essaie ainsi de sortir d’en endormissement stylistique à la Audi.

Technologie - Les sorties les plus intéressantes

Le passage à l’électrique de toutes les marques est en marche mais sans vraiment de prise de risque technologique. Si les choix se font encore sur le format de batterie et les variantes de chimie, il n’y a pas eu de saut technologique marquant chez un constructeur, ni même de révolution dans la structure des véhicules, pourtant nécessaire. Cela devrait venir … lorsque le thermique sera mort et qu’on arrêtera de créer des plateformes hybrides pour convenir à tout. Par exemple, la version “plaid” de la Model S de Tesla n’est qu’un restylage interne et pas une révision du concept de batterie du constructeur. Les charges rapides se heurtent à la disponibilité de stations de charge adéquates, en dehors du réseau du constructeur. Et dans la jungle de SUV convertis pour mettre des batteries, pas grand chose à se mettre sous la dent. Les véhicules se trouvent plus lourds, plus massifs, mais produisent soit autant de carbone soit moitié moins qu’une berline thermique, selon comment on alimente le réseau électrique. Les nombreuses “start-ups” chinoises du véhicule électrique marquent aussi le pas. Le tri se fera bien vite parmi tous ces constructeurs. Il y a de grands groupes avec des marques que l’on ne connaît pas encore… Alors s’il fallait n’en retenir qu’une : L’Ora Funky Cat

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La Great Wall Motors / Ora en réel

Oui, personne ne connaît encore cette voiture qui arrive bientôt en Europe. Elle est de la nouvelle marque créée par Great Wall avec une allure entre New Beetle, Fiat 500X et Nissan Leaf. Elle est électrique évidemment et tout ça a un prix d’accès plutôt intéressant, un passage à 5 étoiles au crash-test Euro NCap. Absolument aucune rupture technologique mais juste une preuve que la Chine a rattrapé déjà tout le retard sur touts les domaines, si une preuve était nécessaire. Elle peut juste en montrer à des marques européennes centenaires en terme de finition.

Avec la toujours chinoise Lynk&Co et son système de contrat de location par abonnement, c’est avec de nouvelles manières de vendre aussi, car la propriété du véhicule n’est plus une fin en soi. Après le crédit, la LOA, le Leasing, on voit arriver les abonnements pour les options. Peu réjouissant aussi dans les excès de ces formules et le coté “jetable” qui va avec. Quant à la voiture autonome, la technologie ne progresse plus, échaudée par les accidents des Tesla et leurs Autopilot. Cela viendra par d’autres moyens, sans doute. Tesla a même supprimé le “park Assist” sur sa version 2023.

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Le 1er modèle de Lynk&Co vu artistiquement

Les Annonces et concepts

Des concepts électriques à foison, il y en a eu. Je vois que les marques à l’image sportive ne savent plus quoi faire. Dodge essaie de faire des muscle cars électrique. Jaguar abandonne les berlines qui ont fait sa réputation pour aller taquiner Bentley mais si la fiabilité reste au même niveau, ça promet un fiasco. Maserati ne sait pas encore se positionner par rapport à Ferrari, pas plus qu’Alfa Romeo dans la galaxie Stellantis. Mercedes a pourtant sorti une EQXX avec une autonomie de 1000km. En y regardant de plus près, c’est 10KWh/100km, c’est à dire la consommation d’une Citroen AMI dans la taille d’une Mercedes Classe S. Cela fait 2,5 fois moins que le modèle actuel de série. Mais à quel prix…

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Aussi impressionnante en dessin qu’en vrai, la EQXX

On notera aussi la Cadillac Innerspace, dans un style pas si éloigné, misant cette fois sur l’autonomie et l’espace à vivre. Elle paraît énorme alors qu’elle est surtout très basse. Toujours des batteries avec à l’intérieur un écran circulaire à la place des vitres pour plonger dans un monde virtuel. Mais pourquoi seulement 2 places ! Les américains ne changeront jamais vraiment…

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Une vision très individualiste du futur, par Cadillac

Les partenariats au sujet de l’hydrogène se redessinent avec maintenant BMW qui se rapproche de Toyota (l’un des plus avancé). Porsche espère un moteur à combustion à Hydrogène, encore à l’état de prototype numérique. Il reste que cette énergie est un leurre puisque son rendement est impacté fortement par la production, aujourd’hui. En terme de rendement, nous sommes très loin du gain annoncé, sinon pour émettre de l’eau en sortie ce qui posera d’autres problèmes en milieu urbain. L’automobile n’apparaît pas comme le secteur le plus porteur pour cette technologie.

On voit heureusement que le marché automobile ne se résume pas à sortir des SUV/Crossover électriques qui au final sont tous assez proches en terme de performances et d’autonomie, voire même de formes générales. Le marché automobile étant encore fragile, notamment avec inflation ou baisse de croissance chinoise, il y a peu de prises de risque. Plus inquiétant, il y en a aussi moins du coté des concepts, à moins d’aller voir sur des concepts qui visent à tester matières, matériaux ou formes sur des possibilités de mobilité, plus vraiment des voitures. De ce coté là, il y a aussi à en dire mais c’est plus dans la tête du “client”/utilisateur qu’il faut se mettre et changer complètement. La révolution n’est donc pas pour demain mais c’est une lente évolution. Faire plus léger, repenser la structure, mais surtout repenser le besoin et l’utilisation, c’est complexe car ça sous-entend diminuer les volumes de vente, à terme pour une industrie qui emploie des millions de personnes. Un exemple français de ce qu’il ne faut pas faire : 2 tonnes pour 4 places avec de l’hydrogène et à plus de 120 000€….Allez, c’est toujours moins que la Rolls électrique coupé de 3 tonnes pour 500km d’autonomie !


Ecrit le : 22/10/2022
Categorie : automobile
Tags : design,automobile,technique,énergie

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