Présidentielle 2022 - J'ai salué un homme en Hologramme

Dans 12 villes de France, ce mardi, se tenaient en simultanée des meeting politiques pour un des candidats. Il était bien présent sur scène et cela grâce à un hologramme. Et, cela pouvait être aussi son dernier grand meeting.

Alors l’hologramme, c’est un peu la projection qu’on a de la Princesse Leia dans le tout premier Star Wars. C’est aussi quelque chose qui me ramène à mes cours et mes TP d’optique. Je me souviens que j’avais créé un hologramme d’un petit objet à travers un morceau de verre, après bien des déboires dans la salle de TP plongée dans l’obscurité. Pour moi qui suit très sensible à la lumière, cette matière n’était pas ma tasse de thé. Ah oui, l’hologramme aime la nuit, lui donnant une allure un peu spectrale car c’est un procédé optique qui projette sur une surface une représentation donnant l’illusion de la troisième dimension. Bon, pour ma part, j’avais utilisé une plaque photosensible avec un laser. Ce n’était pas le même principe pour le candidat insoumis il y a 5 ans, qui pour le coup devait se soumettre à un processus technique assez stricte. Il y a en effet intérêt à avoir revêtu un costume plus clair pour que ça fonctionne bien. Et s’il y a 5 ans, c’était dans quelques 5 ou 6 lieux, cette fois, il a doublé le score.

C’était à Trappes que je me trouvais, la ville connue pour ses footballeurs et ses comiques, et hélas d’autres faits divers. Garé sans encombre sur un large parking, nous nous sommes rendus dans le théâtre de la ville, une salle de spectacle de taille moyenne. Fouille des sacs, comptage, vente de goodies (des livres, des périodiques, etc…). Presque la routine pour un concert maintenant. Sauf que là, je l’avoue, c’était mon premier meeting politique. Je suis familier des manifestations, surtout dans la protection animale, moins sur ce genre d’exercice. Et l’aspect performance technique finissait de m’intéresser. A l’heure prévue, on rentre dans la salle, en configuration concert de rock puisque sans places assises. La presse est largement présente avec France Culture, RMC, mais aussi des journaux étrangers et d’autres moins identifiés à mes yeux. Le public est encore épars dans cette ville où l’abstention est souvent forte.

Au cours de la soirée, la salle se remplira à ce que j’estime pas loin de 400 personnes, hors presse et organisation. Il y avait vraiment de tout, bien loin du cliché du militant de parti traditionnel, plutôt agé, du petit facho zemmourien de service, ou du catho LR du 16ème avec sa vieille mamie dans la salle pour l’héritage. Il y avait du retraité, bien sûr, du prolo, du bobo, de l’alter, du coco, du socialo, du prof. Il y avait des jeunes, des très jeunes même avec leurs parents. Il y avait de la couleur, sur les visages, les vêtements, les drapeaux. Du tricolore parce que ce drapeau national n’appartient à personne en particulier mais à tous. Il y avait de la convivialité, le tutoiement étant de mise entre “camarades” et militants. Il n’y avait pas de haine, de tension mais de l’espoir mêlé à un peu d’anxiété à quelques jours du premier tour.

La musique d’introduction de cette tournée…euh de cette campagne 2022 commence. Et c’est Ali Rabeh, maire de Trappes, qui nous accueille avec Clémentine Autain, la député insoumise de Seine Saint-denis. Toujours difficile de faire patienter une salle qui vient pour quelqu’un d’autre. Et cette première partie a eu quelques blancs ou temps morts mais restait sympathique. En invité spécial, il y a eu un certain Bruno Gaccio, qui depuis le théâtre de Bouvard a su faire carrière aux guignols de l’info et dans le militantisme de gauche. Sa diatribe contre les élus qui font l’inverse de leurs promesses ne sera pas passée inaperçue. Presque trop radical pour la France insoumise. Et enfin ce fut l’heure du chef, après une longue intro musicale qui monte en pression puis…un moment de silence avant l’apparition presque magique et non loin de l’inspiration de George Lucas. Alors j’ai bien vu le grand portique avec les lumières, le matériel caché derrière, les différents flux vidéos à gérer mais je suis incapable d’expliquer en détail comment ça fonctionne.

Juste que l’effet est bluffant et si ce n’était les transparences parfois avec le logo derrière, on pourrait croire que le tribun était bien dans 12 lieux différents. En France, on a pas de pétrole, mais on a des idées et du savoir faire, quand on veut bien y mettre les moyens. Alors je ne sais pas combien ça coûte mais ça fait réellement plus d’effet qu’un simple écran, comme il y en avait à gauche et à droite de la scène. L’ambiance était bon enfant avec des drapeaux qui parsemaient la salle sans en déranger la vision. Petit rigolade quand une militante de Lille nous fit rire par un geste quand elle était filmée en gros plan. Pour le discours, après une attaque en règle de la dame aux chats, le président en poste en pris pour son grade pour son inaction climatique. Mais au contraire de verts qui sont plutôt dans une vision catastrophiste, il y a dans ce discours un optimisme contagieux. Il y a 5 ans il parlait de jours heureux, formule reprise depuis par un communiste d’opérette. Cette fois, on ressent l’urgence tout en étant convaincu que l’on peut en sortir par le haut.

Le défaut de tout ça, c’est que dans une débauche de mesures apparaissant parfois trop généreuses, on peut donner l’impression que c’est impossible, de la promesse en l’air comme il y en a chez tous, de la surenchère. C’est basé sur des hypothèses parfois trop optimistes mais il y a un chiffrage, au moins avec des spécialistes et comme tout programme, ça s’ajusterait à la situation. Mais il faudrait expliquer…Le risque, c’est de faire du Fabius après du Mauroy, si vous voyez ce que je veux dire. Je ne suis pas d’accord, à titre personnel, avec tout mais comme disait Gaccio, il y a l’essentiel. Je parlerai d’un point Samedi pour mon dernier billet consacré à la politique, je pense….quoique. Il y a eu beaucoup de mesures pour toutes les citer. Pour ma part, il me paraît naturel de parler enfin de l’urgence climatique, de proposer des solutions dans ce domaine tout en allant dans le progrès social, contrairement à ce que le camp qui s’autoproclame progressiste, veut faire. On peut ne pas être d’accord. Mais pour quelqu’un comme moi qui pense Kaizen (amélioration continue), difficile d’aller dans un autre sens, aussi bien pour les humains que pour le vivant. J’ai donc trouvé mon compte dans cette soirée holographique. Pour l’adieu, il y a toujours la Marseillaise, ce chant guerrier qui galvanise le militant.

Pour le discours complet, il y a tout cela sur Youtube et compagnie. Je m’en serais quand même voulu de rater ce meeting qui pourrait donc être le dernier du leader de gauche, si d’aventure le premier tour le mettait en troisième position. Il a quand même un sacré talent pour faire croire à ce qu’il dit, à parsemer son discours de références culturelles sans cette logorrhée de citations qu’ont d’autres. Ici, ce fut par exemple Marie de Gournay, une des premières féministes, qui fut injustement éclipsée par Montaigne. On ne se sent pas infantilisé mais ça peut passer au dessus de beaucoup. Le personnage peut horripiler et je n’ai pas une passion débordante pour lui. Il aura marqué près de deux décennies, en tout cas, apporté une fraîcheur paradoxale pour un vieux routier comme lui, mis dans la lumière une nouvelle génération. C’était aussi une manière de saluer l’homme, quelque soit l’issue. Il y avait de l’émotion dans cette soirée.


Ecrit le : 30/04/2022
Categorie : reflexion
Tags : réflexion,politique,france,présidentielle

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