Musique - Joni Mitchell - Hits (1996)

Cette grande dame de la folk aura bientôt 80 ans. Je l’ai découverte sur le tard lui préférant d’autres icones du style. Et pour faire découvrir son oeuvre, rien de mieux qu’une compilation qui est d’ailleurs parmi ses meilleures ventes depuis des années.

Sa carrière est tout de même très concentrée sur les années 70 avec des premiers albums en 1968 et un dernier album studio en 2007. Il est finalement dommage de ne rester que sur 15 titres mais disons que c’est le jeu. Dans le rayon folk classique, je lui préfère Joan Baez vocalement. Pourtant sa voix est tout aussi intéressante. C’est une affaire de goût, mais aussi de sujets, la dimension politique étant moindre chez Joni Mitchell. Elle parle de sa génération, de la vie, de rencontres, du monde qui l’entoure. Et si elle traverse ainsi les générations, c’est parce que ces sujets sont souvent intemporels.

Cette compilation commence très bien avec le somptueux “Urge for going”. La douceur de sa voix, la mélodie, les paroles, tout est là pour un hit. Il y a cet accent mélancolique, “ And the summertime is falling down, And winter’s closing in”, et l’envie de partir comme les oies pour une destination inconnue. Dans un registre rythmique très différent j’apprécie aussi “Free Man in Paris”, étrangement plus country malgré le sujet. C’est aussi le poids qui pèse sur la chanteuse / le chanteur de ne plus être libre, sinon dans cette ville inconnue qu’est Paris. Et passer à “Woodstock” marque quand même l’époque de cette chanteuse. Le concert est devenu un mythe, parfois plus pour la rencontre d’une génération que pour la musique. Sa chanson en est un témoignage. “We are stardust, We are golden, And we’ve got to get ourselves, Back to the garden” et quelques accents Gospel dans les chœurs.

Joni Mitchell a sans doute un coté trop Country pour avoir vraiment marqué le public hexagonal. C’est le cas avec “You turn me on, I’m a Radio”. Elle y mêle un peu de blues et de folk sur des paroles qui là encore, touchent par l’universalité du doute. Je la préfère aussi sur “Chelsea Morning”, un moment de vie du coté de Chelsea. Cela peut paraître banal mais ce sont ces petits moments de poésie qui font la vie, et le tout sur une jolie mélodie joyeuse. Il y a beaucoup plus de nostalgie sur “River” qui se passe autour de Noël, une rupture, une jeune maman…Car il faut bien l’avouer, Joni Mitchell a aussi des thèmes très féminins qui ont parlé et parlent encore à des générations de femme. Il serait dommage de ne pas l’entendre aussi en tant qu’homme, en tant qu’Humain.

Autre hit, “Big Yellow Taxi”, plus entraînant avec ses chœurs qu’on aime reprendre. Et déjà on parle du bétonnage des villes, en 1970. “That you don’t know what you’ve got till it’s gone”… Le sait-on, ce que l’on a perdu ? Mais qui était ce “Carey”, sujet d’une très belle chanson? Quelqu’un avec qui discuter autour d’une bonne bouteille, de parler de tout, de rien, de voyages, de souvenirs. Des projets sinon, comme dans “Both Sides Now”. “So many things I would have done, But clouds got in my way”. Une vision désenchantée, un coup de blues mais qu’il est bon aussi de pleurer sur une si belle chanson. On pourrait crier “Help Me”, mais elle le fait si bien à notre place avec douceur plutôt que rage. Seuls les arrangements datent un peu pour une chanson devenue un classique. Autre classique, “California”, qui commence à Paris…Un chanson nostalgique encore, mais qui parle à tous ceux qui ont le mal du pays. “Oh California I’m coming home”. Et si j’ai parlé de tous ces titres dans le désordre, c’est parce que j’aime le hasard pour plonger dans cet album. Il en manque, j’en ai aussi laissé de coté.

Outre le sens mélodique de Joni Mitchell, il faut prendre le temps de l’écouter, de se laisser emmener dans son univers. Et si elle ne tourne plus guère, elle peint et vit sa vie paisiblement. La boucle est bouclée…

Circle Gamevideo


Ecrit le : 17/08/2022
Categorie : musique
Tags : musique,pop,folk,1990s,1970s

Commentaires : par Mastodon ou E-Mail.