Presse du passé - Science et Vie Micro (1983-2010)

Dans la longue liste de la presse informatique disparue, Science & Vie Micro, SVM pour les intimes et les derniers lecteurs, a eu une place de choix. Donc chez moi aussi.

Je ne dirai pas que j’ai lu les premiers numéros en 1983 mais en fait, à y réfléchir, il est très possible qu’un exemplaire ai transité dans mes mains. Après tout, les années 80, c’est l’explosion de la micro-informatique domestique et ma mère ramenait souvent des magazines par la médiathèque de son travail. Il y avait Science & Vie Micro, puisque les publications Excelsior étaient très présentes à cette époque. Vous l’aurez compris par le titre, c’est d’abord une extension du prestigieux “Science & Vie” dont je parlerai une autre fois. Il y avait depuis quelques années des tests et articles sur du matériel informatique, des calculatrices etc, le magazine devenant un peu trop fourre-tout et ne pouvant traiter la riche actualité. En plus, il y a eu un “hors série” baptisé Ordinapoche, à vocation pédagogique, qui rencontre un certain succès. Donc le premier numéro sort officiellement en 1983… Les tirages de l’époque font rêver : 220 000 exemplaires pour le premier puis une moyenne de 120 000 !

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Le N°1 et sa couverture aguichante et très grand public

Ce n’est pourtant pas le pionnier de cette presse, puisque l’Ordinateur individuel (j’en reparlerai aussi) sort en 1978. L’ordinateur est encore assez mystérieux pour le grand public et une affaire de “spécialiste” ou de “bricoleur”. Avec SVM, on sent déjà que cela s’adresse plus à la famille, au grand public qu’au bidouilleur. On reste aussi très lié à l’aspect vulgarisation de Science & Vie, donc on a de gros articles autour de l’informatique. Mais il y a surtout de réguliers bancs d’essais, comparatifs entre toutes les machines qui sortent dans des sociétés qui disparaissent aussi très vite. Il n’y a qu’à voir en 1984 des noms comme BFM, Altos, Wang, People, Televideo, Advance 86 etc… Il ne doit même pas en rester un exemplaire en France aujourd’hui, voir même ailleurs puisqu’on importe beaucoup. Et chez Excelsior, il y avait aussi beaucoup de pubs.

Ce que j’appréciais en tant que béotien, c’était justement ce panorama assez large, l’aspect didactique et vulgarisation mais c’était moins destiné aux adolescents qu’aux adultes capables de se payer ces machines. Je rêvais comme je pouvais, surtout sur des machines que je ne voyais jamais dans les rayons des magasins qui hésitaient encore entre les petits ordinateurs genre Oric, les consoles, et les premières machines à base de Z80 et autres Motorola concurrents. Forcément, je me suis un peu éloigné de la publication lorsque l’aspect ludique s’est développé ailleurs. J’y suis revenu quand j’ai connu la fin de mon Amstrad CPC avant de passer au monde du PC. SVM n’avait déjà plus rien à voir, comme ses rares concurrents sur ce secteur entre grand public et professionnel. L’Ordinateur Individuel avait aussi fait sa mutation et j’empruntai l’un comme l’autre dans ma bibliothèques, voire j’achetai un numéro. Dans les années 90, on a le MS-DOS 5.0, des processeurs Intel 386, puis 486 dans de gros PC blancs avec les premiers logiciels de bureautique…Là aussi, c’est austère. Mais ça me permettait de garder un oeil sur ce qui se faisait, de connaître le vocabulaire, les technologies en vogue dont certaines furent éphémères (souvenez vous du VESA Local Bus…).

Vous l’aurez compris, je n’étais pas un lecteur fidèle de ce magazine mais il était là parfois, comme une veille technologique. Quel choc quand Excelsior s’en est débarrassé et que ça a fusionné avec L’O.I. C’était le début de la fin alors. D’autres magazines misaient sur le coté pratique grand-public ou alors on avait de vrais magazines pro plus pointus. A force de revoir le positionnement de la publication, et face à un public devenu plus connaisseur, SVM disparaissait…jusqu’à mourir en 2010, déjà. Je n’en étais plus lecteur depuis au moins 7 ou 8 ans. Est-ce que je le regrette ? Oui, un peu, pour ces souvenirs de tests de machines qui me paraissent préhistoriques ou étranges aujourd’hui. Mais à relire quelques extraits, ça a beaucoup vieilli dans l’approche. Il faut se remettre dans le contexte. Un dinosaure donc qui montre aussi le pourquoi de ce qui arrive à la presse papier mais aussi Web aujourd’hui qui ne sait plus évoluer avec son lectorat. Nous avons quelques survivants, souvent issus de blogs mais ils sont bien peu à pouvoir en (sur)vivre. Je ne vais plus dans les kiosques dans ce rayon d’ailleurs. Un signe des temps. Restent donc les souvenirs…

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Ecrit le : 23/01/2023
Categorie : geek
Tags : geekeries,presse,nostalgie,informatique1980s,1990s

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