Tour du monde imaginaire - Afrique du Sud

Une nouvelle série qui va permettre de voyager sans décoller ni en avion, ni de son siège, comme certains écrivains qui écrivent sur des villes ou pays de manière fantasmée. Le défi est donc d’arriver à dépeindre un pays sans y aller, mais à travers l’imaginaire qu’il renvoie. Je procède par ordre alphabétique pour ce début et le premier pays est donc l’Afrique du Sud. Et j’imagine que nous arrivons, madame et moi, de France…

Nous voilà arrivés à l’aéroport international de Pretoria (une des 4 capitales, l’administrative), l’aéroport Oliver Reginald Tambo. Comme toujours, je me demande l’origine du nom et c’est un compagnon de Mandela, décédé en 1993, et ex-dirigeant de l’ANC. C’est toujours mieux que l’ancien nom, celui d’un premier-ministre du temps de l’apartheid. Voilà le premier mot qui me vient à l’esprit en arrivant dans le pays avec Nelson Mandela. Et donc une société qui était divisée, qui a cru à la réconciliation mais qui vit des heures politiques et économiques fragiles. Un pays riche aussi avec ses minerais, ses diamants mais je le connais aussi sous un jour plus industriel avec des usines de voitures (et ses règles un peu particulières sur l’importation de pièces), même si c’est de l’assemblage. Nous sommes dans le deuxième pays le plus riche d’Afrique et à la pointe sud de ce continent. Un pays immense en plus, impossible à découvrir correctement en 7 jours.

Jour 1 - Pretoria

Nous sommes en Août et il fait bien moins chaud qu’en France puisque c’est l’hiver. Un petit 24, 25°c au mieux en journée et juste ce qu’il faut de fraîcheur le matin. A Pretoria, Nous voulons voir rapidement le centre administratif, ses buildings, etc…Nous sommes au nord-est du Pays. A peine le temps de déposer les bagages à l’hôtel après une course dans un de ses nombreux taxi blancs. Un hôtel assez surprenant pour un truc de routard avec ses maisonnettes pseudo-traditionnelles, sa piscine. Mais bon, nous ne faisons que passer. Le van a la côte pour les taxis et ça tombe bien pour voyager en routard…Même si nous n’avons pas prévu d’en prendre beaucoup. Mais nous sommes déjà focalisés sur les destinations de cette semaine : Le Cap pour 2 jours, Johannesburg et un passage rapide du coté de Boksburg, une ville minière, et un Safari. Alors pour situer, Johannesburg et Pretoria sont à 1h30 de route l’un de l’autre, environ en comptant les embouteillages. Boksburg est à coté de Johannesburg. Par contre, Le Cap est à l’opposé, tout au sud ouest, ce qui ne nous donne qu’une solution pour y aller : l’Avion. Le Train, c’est compliqué dans ce pays pour les voyageurs. Et c’est comme si on allait de Brest à Berlin sinon. Pour le Safari (photo évidemment), nous irons du coté du Park Kruger, ce qui nous fait perdre une journée quasiment. Nous avons perdu aussi de l’argent en prenant un retour sur une autre ville que l’arrivée mais c’était le seul moyen de faire un tour du pays en si peu de temps.

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Nous prenons donc possession d’un véhicule pour la journée de demain, déjà. Pas de goût de luxe avec une Toyota Corolla. Pretoria est une ville moderne avec des bâtiments très anglo-saxons. Une impression parfois qu’on pourrait être au Canada, en Australie…Nous n’avons pas forcément le temps de nous fondre dans la population, de discuter ou d’aller dans des quartiers moins centraux. Pas forcément le temps non plus de goûter la gastronomie local, surtout qu’en étant vegan, ça limite. Alors une pizza par ci et un burger végétarien suffiront et la traditionnelle bière locale. C’est sur qu’en circulant en ville, on ne voit plus vraiment de trace de l’apartheid. Nous avons bien longé des quartiers un peu plus marqués “blancs” mais ce n’est pas ce qui nous intéresse aujourd’hui. L’avantage de ne pas avoir plus de 2h de décalage horaire, c’est qu’on se remet assez vite du voyage (11h tout de même). Comme nous avons prévu de partir tôt le lendemain, pas de folie pour ce soir. Le GPS est bien configuré en anglais dans la voiture et nous devrions nous en sortir pour trouver la route. Nous n’avons même pas eu le temps de faire le musée du Transvaal, la région de Pretoria, dont nous avons aperçu les Dinosaures à l’extérieur.

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Jour 2 - Pretoria - Boksburg - Johannesburg

C’est le petit matin quand nous prenons la voiture direction Boksburg. Le GPS indique 1h de route à peine en prenant la plus grande route. Pas le temps de prendre les chemins de traverse. On contourne Pretoria pour sortir et on se retrouve sur une sorte d’Highway très américaine sur un terrain plat. Comme on a la conduite à droite et qu’on roule à gauche, j’ai eu quelques moments d’égarement au début mais ça va, on s’y fait. De grandes plaines puis à nouveau la ville avec des malls de banlieue, des entrepôts. On a vu mieux pour le dépaysement. Je vois même l’indication pour un magasin Leroy Merlin. Il manquerait plus qu’on aille faire des courses à Carrefour ! Mais en arrivant à Boksburg, la physionomie change. C’est une ville minière. Il faut aller à l’est de la ville pour trouver les mines, les East-Rand-mine historiques. Mais elles ont fermé pour d’autres sites. La particularité est qu’elles sont à ciel ouvert avec son flot de camions et ses monticules de terre. Au passage, on retrouve des petites maisons minières un peu comme dans le nord. Certains des trous creusés sont devenus maintenant des parcs avec des lacs. Bref, nous sommes un peu déçu pour l’authenticité mais de toute façon, on ne visite pas cela comme ça, pour celles en activité. Nous n’avions pas le temps de faire ça complètement. C’était juste que ça se situait sur la route de Johannesburg.

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C’est surtout aujourd’hui que nous devons visiter la ville car demain, il y a de la route. Je dépose la voiture et nous ferons le reste à pied et en transports en commun. Nous commençons par la maison-musée Nelson Mandela à Soweto. Soweto aujourd’hui n’est plus le Soweto de l’époque évidemment et il faut aller plus loin pour retrouver les allures de bidonville. Et la maison est forcément petite donc rapide à visiter, surtout par rapport aux bâtiments touristiques autour. Donc pour comprendre le pays, ces inégalités, ça ne sera pas aujourd’hui car nous n’avons pas beaucoup de temps et je n’aime pas faire du tourisme de la pauvreté. Cette fois, nous prenons le bus et c’est bien desservi pour rejoindre le centre. Un peu la même impression que sur Pretoria avec de la modernité, une société qui n’a plus trace de la ségrégation, en apparence. Mais tout de même un musée de l’Apartheid. On a du mal à croire que c’était encore comme ça du temps de notre enfance. Que d’évolution en si peu de temps mais pourtant, on voit bien que les richesses sont encore tenues par des blancs et que les inégalités sont très profondes. Voilà qui occupe assez bien la journée, sachant que l’hôtel nous attend sur un des contreforts de la ville. La voiture est récupérée pour le lendemain ce qui nous permet aussi de visiter un peu plus en soirée. Le quartier est résidentiel, juste en dessous d’une réserve naturelle. Les rues sont bordées d’arbres de toutes sortes. C’est agréable mais on sent tout de même qu’il ne faut pas rester n’importe où le soir.

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Jour 3 - Johannesburg - Kruger Park

C’est à l’aube que nous partons pour le grand voyage, celui qui nous emmène tout au nord, au fameux “Park Kruger”. Le choix de la voiture, un Toyota RAV4, est volontaire car on pense qu’il y aura plus de piste que de route. Les paysages vont changer mais à l’heure du départ, on ne voit pas grand chose. Direction d’abord Witbank. Cette fois, c’est plutôt une route nationale, que l’on prend avec des paysages d’abord très plats. Et puis en sortie de Witbank, au fur et à mesure que le jour se lève, la route se fait plus vallonnée avec des paysages bien plus africains. On double de nombreux camions qui font la route avec d’immenses remorques. Une végétation plutôt proche de la savane avec quelques arbres mais pour les animaux sauvages, il faudra attendre. Et puis ce sont d’immenses propriétés dont on ne voit que quelques maisons avec des bosquets d’arbres et des clôtures sans fin, masquant parfois ce qui s’y passe. Il faut s’arrêter sur les aires routières pour une pause bienvenue. Les routes sont désespérément droites et avec le cruise control, on pourrait s’endormir. Ce n’est pas encore de la haute gastronomie même si l’hôtel a eu la gentillesse de nous faire un panier repas. Ce n’est pas le Wimpy qui nous dépaysera d’une aire d’autoroute française.

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Et plus la population se fait rare, plus la végétation devient importante. Après un arrêt près d’un “Belfast”, nous arrivons enfin à Nelspruit autour de midi. Il reste encore une bonne heure avant d’arriver à notre point de chute dans une “guest house” près de la porte de Phabeni. Ce n’est certes pas la plus luxueuse mais nous serons plutôt dans le parc ensuite. Nous aurions pu faire le parc seul en payant juste l’entrée mais en si peu de temps, on risque de ne pas voir grand chose. Il faudrait un jour de plus alors autant faire appel à quelqu’un qui connaît. Et puis parfois un petit groupe c’est sympa aussi. Nous avons bien gagné un peu de repos après ce long voyage. La petite piscine est la bienvenue et tout est prêt pour le lendemain matin où l’on vient nous chercher directement à l’hôtel. La moustiquaire est aussi la bienvenue pour la nuit. Et puis finalement, le SUV fut de peu d’aide avec des routes toutes goudronnées. C’est demain que nous verrons les pistes mais dans un autre véhicule.

Jour 4 - Kruger Park

Au petit matin, après un bon petit déjeuner de fruits et de céréales, nous voilà dans notre tenue d’aventuriers. Nous avions pris exprès des chaussures de randonnée, même si l’essentiel se fera dans un véhicule. C’est un vénérable Toyota Land-Cruiser aménagé avec une plateforme et des banquettes qui nous emmène. Nous sommes le deuxième couple. Le premier vient de République Tchèque et a dans la cinquantaine. Nous passons ensuite à un autre hôtel pour prendre un couple d’indiens d’une trentaine d’années avant de nous acquitter du billet d’entrée du parc à la porte Phabeni. Quelques huttes modernes ont été construites pour les touristes et les besoins naturels. Mais c’est déjà une végétation assez basse avec des arbres et arbustes à n’en plus finir. Exactement comme nous l’imaginions mais cela ne facilite pas la vision des animaux. A peine a-t-on commencé à rentrer dans le parc que l’on croise quelques zèbres qui traversent la route (toujours goudronnée). Et puis plus rien pendant un moment, sinon des rochers que l’on prend parfois pour des animaux endormis. L’appareil photo s’ennuie, la main se fait nerveuse et je vérifie que j’ai bien toutes les batteries, une énième fois. Soudain, voilà un troupeau de buffles au loin. Un peu angoissant mais ils sont en train de brouter tranquillement. Puis ce sont quelques hyènes qui dorment ou se disputent. Évidemment, les autres demandent s’il y aura des éléphants et des lions. Le guide, Funani, essaye d’être rassurant mais il n’a aucune garantie. Il nous arrête, nous fait voir quelques traces au sol, nous fait marcher un peu pour découvrir une termitière impressionnante et puis on repart.

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A force d’embranchements, nous voilà enfin sur une piste. Le parc semble sans limites mais toujours pas de silhouettes de pachydermes. Le guide fait un signe au chauffeur et semble avoir le sourire. La voiture ralentit et il nous fait signe. Il y a un petit groupe derrière quelques arbres un peu plus haut, autour d’une rivière. C’est une émotion comparable à celle avec les baleines dans l’océan. Une majesté des les voir dans leur environnement naturel plutôt que dans un enclos…Même si l’enclos ici est très très grand. Nous restons à distance et le zoom n’est pas de trop pour des photos donnant l’illusion d’être tout proche. Après ce moment d’émotion, nous partons pour un point de restauration. Cela donne aussi l’occasion de faire plus ample connaissance avec les autres, le guide, qui est né dans la région et fait ce travail depuis 10 ans. L’anglais est évidemment de mise, avec des accents variés mais bon, on s’en sort. Nous sommes encore les seuls végans mais au moins on ne nous interroge pas trop sur le pourquoi. Nos compagnons tchèques ont déjà fait un autre parc plus au sud où ils ont vu des lions et des guépards. On espère avoir la même chance dans l’après midi.

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Nous repartons plus profondément dans le parc. Quelques lycaons, encore des buffles et on en oublie les humains. Le soleil tape, malgré la saison et heureusement que l’on a une protection dans la voiture. Tous seuls nous n’aurions certainement pas pris le bon chemin ou alors nous nous serions embourbés. Au loin, il nous semble avoir aperçu une silhouette de girafe et puis plus rien derrière les arbres. Un troupeau d’antilopes maintenant et on se dit que peut-être y-aura-t-il quelques félins dans le coin, même si nous ne voulons pas voir l’attaque du fauve. Vue l’heure, le guide nous dit que c’est peu probable. Effectivement, après quelques temps, nous voyons enfin un groupe de lions et lionnes qui dorment gentiment à l’ombre d’un arbre. Le guide dit que nous avons eu de la chance d’avoir la totale aujourd’hui. Ces gros chats dorment sans se soucier de ce curieux animal bruyant qui passe. Ils doivent aussi avoir l’habitude. C’est déjà le retour mais aussi une envie de sieste malgré l’adrénaline. Le dernier point d’intérêt est un point d’eau alors que le jour commence à peine à tomber. Il y a quelques oiseaux et buffles mais pas de félins. Tant pis pour les guépards que nous voulions voir. Un phacochère sera notre dernier visiteur. De retour à l’hôtel, après un rapide dîner, nous sommes bien content de retrouver un lit bien frais et moelleux après les cahots du 4x4. Et nous nous endormons avec des images plein les yeux.

Jour 5 - Kruger Park - Le Cap

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C’est donc avec un goût de reviens-y que nous nous réveillons. Direction la sortie du parc et l’aéroport le plus proche. On se dit qu’avec quelques jours de plus, l’aventure serait plus belle, même si nous y étions allés seuls avec la voiture. Mais bon, il y a encore tant à voir pour les deux derniers jours. Retour donc à Nelspruit pour l’aéroport. Et c’est la première fois qu’on prend un avion de fabrication brésilienne, un Embraer 190. Autour de 100 places, c’est suffisant pour ce type de ligne. Typiquement le genre de vol où l’on passe plus de temps dans les aéroports que dans l’avion : 1h. On discute un peu avec Jerry, un sud-africain qui part retrouver sa famille après une saison à travailler dans un Resort. Il s’étonne que l’on fasse tout ça très vite, par nous même. Il parle quelques mots de français mais bien plus que nous l’afrikaner. Et c’est donc au début de l’après midi que nous arrivons à l’hôtel pour déposer les bagages et se refaire une santé avant de vraiment découvrir la ville. Nous sommes au centre mais là, il y aura à faire quelques excursions en dehors de la ville. Donc encore une location de voiture en plus. Aujourd’hui, nous prenons un peu nos marques et nous contentons du fort de Bonne-Espérance avec une vue sur la ville. Cette fois, pour le dîner, c’est un vrai restaurant vegan mais des plats d’inspiration éthiopienne. Décoration chargée mais bonne ambiance. On s’essaye même à manger avec les mains. Cape Town by night pour le retour mais les quartiers que l’on traverse sont plutôt calmes ou endormis…comme nous.

Jour 6 - Le Cap

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Première destination, le sud avec le fameux cap de Bonne-Espérance qui a vu tant de bateaux disparaître. Pour y aller, nous longeons des quartiers bien plus identifiés : Blancs et riches avec de grands et hauts murs, noirs avec de petites maisons ou carrément un bidonville. Les inégalités du pays sont criantes. Mais là n’est pas notre but d’aujourd’hui. Sur le cap, il y a un phare et il se mérite par le petit chemin escarpé. Une impression de Bretagne, malgré le climat avec ses falaises déchirées par le vent. Nous avons bien fait d’y aller le matin avec le soleil qui magnifie les reliefs. Nous remontons ensuite un peu plus sur le bord est de la presqu’île pour Boulder’s beach. C’est le lieu rêvé où voir les fameux Manchots du cap. Nous ne sommes pas en période de vacances et c’est tant mieux car il y a moins de monde pour voir ces curieux animaux qui sont tellement plus à l’aise dans l’eau. Nous les laissons à bonne distance tout de même et sommes étonné de voir la facilité de l’accès et le fait qu’ils ne soient pas plus farouches. Il y en a même un qui vient nous approcher, comme s’il s’étonnait de notre curieux uniforme pas très bicolore.

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Nous continuons ensuite de longer la côte. Ce sont des stations balnéaires et des spots de surf. Cette fois, nous avons l’impression d’être au pays basque avec des surf-shop et des vans et pick-ups garés partout avec les planches sur le toit. La route traverse les dunes de sable. Nous allons jusqu’à une réserve naturelle côtière avant de revenir vers Cape Town. L’après-midi, direction la tristement célèbre Robben Island, cette île prison qui vit y séjourner Mandela et tant d’autres militants, dont beaucoup n’en sortirent pas vivants. On y croise un groupe scolaire avec leur professeur. Le pays est jeune et Mandela pourrait être un jour oublié comme le reste. Cela fait froid dans le dos de parcourir les couloirs surtout avec cet état de conservation presque trop parfait. Il ne nous reste qu’à revenir pour un peu de shopping et préparer les bagages pour le retour, le lendemain. Déjà nous nous remémorons les bons moments de ces quelques jours.

Jour 7 - Le Cap et retour

La voiture est rendue et nous allons un peu au hasard à pied dans le centre-ville. Déjà 7 jours et l’impression qu’il en faudrait beaucoup plus, forcément. Le vieux centre de la ville est riche de boutiques avec une alternance de bâtiments modernes et anciens. Les rues sont restées étroites et on se laisse un peu perdre dans ce quadrillage, comme si nous allions découvrir une dernière perle. C’est pourtant l’heure de rendre la chambre, de prendre le taxi direction l’aéroport pour dire au revoir au pays. Un bien beau voyage et l’envie d’en voir plus….peut-être avec Namibie, Lesotho ou Mozambique sinon?

Alors, on repart quand ? Vous connaissiez ce pays ? Vous y avez cru ? Une dernière ambiance pour s’y plonger. Une divavideo

Evidemment, ça restera le seul épisode de cette catégorie…Et si ça en inspire certains ?


Ecrit le : 13/07/2023
Categorie : tourisme
Tags : voyage

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