Série du passé - Les Cinq Dernières Minutes (1958-1973)
Cette fois, je remonte très loin dans le passé pour cette rubrique pour aller bien avant ma naissance. Mais cette série policière a été rediffusée longtemps après sa création avant que le noir et blanc et le jeu des acteurs ne l’emporte dans les oubliettes. Elle détient encore le record de diffusion.
Je vais surtout parler de la première version, puisqu’il y en a eu trois. C’est celle qui a vu comme enquêteur principal le commissaire Bourrel, incarné par Raymond Souplex. Souplex était un chansonnier de l’entre-deux guerres, qui continua sa carrière à la radio française durant l’occupation, ce qui ne lui valu….qu’un blâme. Et avec sa gueule et son phrasé, il fait une carrière au cinéma au coté des plus grands dès 1948. Ce n’est pourtant qu’en 1951 qu’il incarne un flic à l’écran…Est-ce que cela a donné des idées au créateur de la série, Claude Loursais ? Mystère…Ce pionnier de l’ORTF va créer un concept avec cette émission où il essaie d’inclure le spectateur dans l’enquête de façon didactique. C’est de là que vient le célèbre “Bon dieu mais c’est …bien sûr” prononcé par Souplex, souvent imité, jamais égalé.
est-ce que ce ne serait pas Cahuzac le coupable de détournement de fond ?
Je n’ai pas connu les quelques épisodes faits en direct avec une partie jeu entre téléspectateurs (celui plus bas en est un). Mais ce qui m’a marqué, ce sont justement les épisodes où Bourrel/Souplex prenait à témoin le téléspectateur pour expliquer quand et où étaient les indices qui l’avaient amené à résoudre l’énigme. Novateur et moderne, au fil du temps, cela devint stéréotypé. Au point de disparaître mais c’était finalement cela qui faisait le charme et le twist de la série. Je n’ai pas accroché à la version suivante (1975-1992) avec Jacques Debary, alias le commissaire Thomas ou Cabrol(?!), à peine plus pour la troisième période, entre 1992 et 1996 avec Pierre Santini. Le noir et blanc et l’ambiance si particulière des années 50-60 étaient véritablement ce qui fonctionnait pour moi dans cette série. Je n’ai évidemment pas en mémoire tous les “artistes invités” qui cotoyèrent Souplex à l’écran. Que du beau monde !
Et comme souvent, la musique a marqué les spectateurs. Je vous laisse regarder l’épisode en bas de l’article pour retrouver cette image usée, ce générique, le jeu et la voix de Souplex qui a un coté force tranquille. Oui ça a vieilli mais ça a marqué l’histoire de la télévision française et montre aussi une certaine vision de la France de l’époque, sous le général De Gaulle, quand l’ORTF était la seule chaîne et que la censure régnaient encore. Il y a évidemment peu d’action dans ces épisodes, parce que déjà les caméras étaient lourdes et les moyens limités. Mais on était aussi avec quelqu’un de féru de théatre à la direction, avec des acteurs de théâtre et c’est donc souvent très proche du théâtre filmé. Ce qui donne justement l’impression que chacun joue son rôle dans une enquête et qu’il va falloir démasquer ce qu’il y a derrière ces rôles. Le fait de titiller l’attention du spectateur n’est pas quelque chose de courant aujourd’hui. Dans un autre registre, Columbo usait d’artifices psychologiques avec pourtant à peine plus d’action. Des polars pas trop noirs mais des personnalités fortes comme enquêteurs. Si ce n’était l’image, je trouve que ça se laisse encore regarder…Nostalgique ?
[Un épisode complet (https://www.youtube.com/watch?v=1n6f7s6D8bg){:target=”_blank”}